Portrait : « Dans la tête de Xi Jinping »

« Dans la tête de Xi Jinping »

Journaliste chevronné (Le Monde, AFP…), François Bougon réalise le portrait de Xi Jinping (éd. Actes Sud, oct. 2017), l’un des hommes politiques les plus puissants, et en tout cas l’un des plus secrets. Pour F. Bougon, Xi Jinping s’est donné pour mission de sauver le Parti, en lui redonnant une légitimité idéologique.

Xi est marqué par la chute de l’URSS en 1991, suite à la « mollesse » de Gorbatchev. Résolu à éviter cette faute, il voit le salut du Parti dans la lutte pied à pied contre la démocratie, et la réactivation d’un marxisme aux couleurs de la Chine.

En ce réarmement moral, une figure inattendue fait son retour : Confucius. Une réhabilitation paradoxale, car il avait été taxé d’« obscurantisme » par Mao. Désormais il est l’un des 3 piliers du régime, aux côtés de l’aile mao-nostalgique et de la droite réformatrice, tous invités à contribuer au « Rêve de Chine » – à commencer par l’éradication de la pauvreté d’ici 2021, au 100ème anniversaire du Parti.

Bougon cite le document « n°9 » de 2013, secret au départ, fui entretemps : Xi Jinping y pourfend les « valeurs universelles », la « démocratie constitutionnelle», les ONG, les « forces hostiles » de l’étranger, et le « nihilisme historique » – le fait de tourner en dérision les héros révolutionnaires et leurs actes.

Une période-phare de la vie du jeune Xi est la Révolution culturelle. Son père Xi Zhongxun, général révolutionnaire, fut accusé d’être « anti-Parti » et mis en disgrâce. Loin de vouloir défendre son père, Xi prétend « effacer sa faute », en partant « se rééduquer » au Shaanxi, à la campagne. Après coup, le reste de sa vie, Xi portera le culte de son père – comme pour se pardonner ce lâchage. C’est peut-être une clé de lecture du personnage.

Bougon se pose les questions de l’existence d’un Xi’isme, d’une pensée politique propre – et des chances de survie d’un régime ayant tourné le dos à toute concession et toute réforme politique. L’auteur suggère que le pouvoir, entré dans la dernière phase de son existence, joue ses dernières cartes et ne pourrait survivre plus d’une à deux décennies. Sous l’angle économique, Xi veut rendre ses concitoyens réactifs et créatifs, pour obtenir des entreprises et des universités mondialement compétitives. Mais sous l’angle politique, Xi veut en même temps maintenir cette société muselée. Un tel grand écart devrait devenir rapidement intenable : « aucun Parti ne peut régner ad vitam aeternam », conclut F. Bougon, citant le politologue américain David Shambaugh.

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1 Commentaire
  1. severy

    Xi Xinping. Président chinois (début XXIè s.).

    Extrait du Larousse des noms propres, Paris, 2100.

    Houlà! La honte puis l’oubli. Comment l’éviter?

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