Politique : Compte à rebours jusqu’au XXème Congrès

Compte à rebours jusqu’au XXème Congrès

À vos calendriers ! Après plusieurs mois de suspense, la date du XXème Congrès du PCC est enfin tombée : il s’ouvrira à Pékin le 16 octobre prochain. 2 300 cadres venus de la Chine entière viendront y écouter le discours du Secrétaire général du Parti Xi Jinping, qui dressera un bilan des cinq années passées et présentera les priorités pour les cinq années à venir (et plus). Les cadres seront ensuite invités à « élire » les membres du Comité central (200 membres et 150 suppléants) qui à leur tour désigneront les dirigeants du Politburo (25 membres) et du Comité permanent (7 membres), les plus hautes instances du Parti. Voilà pour la théorie.

En pratique, ces nominations sont décidées bien en amont du grand rendez-vous et font l’objet de tractations secrètes au plus haut niveau. Ainsi, le fait que ce Congrès se tienne relativement tôt – mi-octobre – tout comme celui de 2017 et de 2007, peut suggérer que les préparatifs se déroulent sans accrocs. Pour mémoire, le XVIIIème Congrès de 2012, qui avait été marqué par une tentative de coup d’Etat, avait eu lieu trois semaines plus tard, début novembre.  

Ce calendrier « précoce » pourrait également permettre à Xi Jinping de se concentrer sur les préparatifs de sa participation au G20 à Bali (15 et 16 novembre) voire au sommet de l’APEC à Bangkok (18 et 19 novembre). Assister à un sommet multilatéral lui permettrait d’optimiser son premier voyage à l’étranger en presque trois ans, en rencontrant bon nombre de ses homologues en marge de l’évènement. Des rumeurs prêtent également au Président chinois un déplacement imminent en Arabie Saoudite ou en Ouzbékistan à l’occasion du sommet de la SCO (15-16 septembre). Si ces rencontres se réalisent, contre toute attente, cela signifierait que Xi est extrêmement serein face au déroulement de ce Congrès aux enjeux inédits.

En effet, selon toute vraisemblance, ce XXème Congrès entérinera la reconduction de Xi Jinping à la tête du Parti pour un troisième mandat (voire plus), en rupture de toutes les règles de succession établies par Deng Xiaoping dans les années 80 pour éviter le retour au pouvoir solitaire « à la Mao ».

L’octroi à Xi Jinping du statut de « noyau du Parti » fin 2016, l’absence de successeur promu au Comité permanent lors du XIXème Congrès en 2017, la suppression de la limite de deux mandats applicables au Président de la RPC en mars 2018, ainsi que le passage d’une 3ème résolution historique fin 2021 faisant la part belle à l’héritage du Président, sont autant d’éléments qui laissaient présager d’un tel scénario.  

Pour préparer une opinion publiqueen apparence insensible – au dénouement inédit de ce Congrès, il faut s’attendre à ce que les médias officiels se lancent dans une campagne de propagande sans précédent, vantant les nombreuses réalisations de la Chine sous le règne de Xi Jinping, tandis que les difficultés (économiques, relations internationales) ne seront évoquées que pour justifier de la nécessité de conserver un leader visionnaire à la tête du pays. L’annonce officielle de la date du Congrès par l’agence Xinhua reprend d’ailleurs les slogans phares de Xi Jinping, comme le concept de « prospérité commune » et celui de « communauté de destin partagé pour l’humanité ».

Plusieurs questions cruciales restent néanmoins en suspens : Xi Jinping arrivera-t-il à faire inscrire dans les textes fondamentaux sa « pensée » en format réduit, à l’instar de celles de Mao et de Deng ? Sera-t-il systématiquement désigné comme le « leader du peuple », un titre jusque-là réservé au Grand timonier ? Quelle sera la composition du nouveau Politburo et Comité Permanent ? Quelle sera la taille de ce dernier (les rumeurs voudraient qu’il soit réduit à 5 membres, donnant l’avantage à Xi) ? Un éventuel successeur sera-t-il désigné (peu probable selon les analystes) ?

Étant donnée la propension de Xi Jinping à faire fi des règles préétablies, notamment en s’affranchissant de la limite d’âge (promus à 67 ans, remerciés à 68 ans七上八下), le flou reste total… Toutefois, les récentes nominations de Wang Xiaohong en tant que ministre de la Sécurité publique et de Ying Yong, procureur général, tous deux alliés de Xi Jinping, laissent présager d’un Politburo acquis à la cause du leader, avec une majorité encore plus franche qu’en 2017. Les dirigeants issus d’autres cercles politiques que celui du Président feront probablement figure d’exceptions… Une chose est sûre : ce Congrès sera davantage celui de la continuité que celui de la rupture.

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