Défense : Remous sur les mers de Chine du Sud

Les tensions en mer de Chine du Sud sont un sujet récurrent de l’actualité. Le 6 juin, l’APL démontait ses missiles sur l’île Woody, en l’archipel des Paracels. Mais le 8 juin, un cliché satellite prouvait le retour de ces rampes, faisant suite au passage de deux bombardiers américains B52 en bordure de l’archipel des Spratley.

La prise des Paracels par l’APL en janvier 1975 suite à une victoire sur le Vietnam, est une des racines du sentiment anti-chinois dans ce pays. Les 10-11 juin en province de Binh Thuan (centre Vietnam) et à Ho Chi Minh, des manifestations rassemblaient des milliers de citoyens contre un projet de loi ouvrant aux investisseurs étrangers trois zones industrielles au Nord, Centre et Sud, promettant des terres pour 99 ans. Les opposants crient à l’abandon de souveraineté. 100 personnes étaient arrêtées. Il faut dire que la Chine est un vrai levier d’investissement local (en 2016, la Chine doublait ses investissements au Vietnam pour représenter 8% du total des investissements étrangers), mais l’opinion redoute cette mainmise. Le sujet est sensible : le 11 juin à Hanoi, le Parlement reporta le vote à octobre, et le Premier ministre promit de réduire la durée – à 70 ans maximum. En clair, les tensions vont demeurer… « Mais les liens d’affaires avec la Chine ne seront pas inquiétés, du fait des forts intérêts de la classe politique vietnamienne », estime le professeur Tuong Vu de l’Université de l’Oregon.

Toujours en mer de Chine du Sud, l’orgueil de la marine française, le porte-hélicoptères Dixmude, fait parler de lui : fin mai, il traversait les Spratley dans le cadre d’une mission Jeanne d’Arc 2018 passant par l’Australie et le Vietnam. Le Dixmude était suivi dans la zone par une série de corvettes et de frégates de l’APL qui lui intimaient de quitter « leurs » eaux. C’était pour maintenir le principe de la liberté de navigation dans une zone que la Chine considère en partie comme son territoire. C’était aussi pour épauler la marine américaine, et contester l’interprétation par la Chine des incursions de l’US Navy comme « acte d’expansionnisme ». Florence Parly, ministre français de la Défense, passe ainsi le message : « le fait accompli (de l’occupation des îles de mer de Chine su Sud) n’est pas un fait accepté ».

Enfin, selon les chercheurs français J.Y. Heurtebise et E.D. de Prisque, le rapprochement de Trump et de Kim Jong-un ne peut que contrarier Pékin sous l’angle maritime : si la fin des hostilités avec la Corée du Nord se confirme, Washington pourra s’opposer à temps plein à l’enracinement de l’APL sur ces îlots à 2000km de ses côtes. Et la Chine se trouvera toujours plus marginalisée !

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