Corées : Le bal des missiles

La fébrilité balistique nord-coréenne plonge l’Asie dans une passivité teintée de déception et d’angoisse. Tiré le 29 mai de Wonsan, le missile Pukguksong-2, capable de transporter une charge nucléaire, parcourut 450km avant de s’abîmer en eaux nippones. C’était le 9ème tir de l’année, et il était à carburant solide, lui permettant de décoller de partout, devenant ainsi quasi indétectable au sol.

Réunions, missions d’Etat se succédèrent. Au G7 de Taormine (Italie), évoquant l’avant-dernier tir, D. Trump évoqua pour la énième fois un « grand problème mondial, qui (allait) être réglé ». Susan Thornton la vice-Secrétaire d’Etat américaine se rendit d’urgence (25-26 mai) à Pékin pour étudier la possibilité de nouvelles sanctions onusiennes. Le conseiller d’Etat chinois Yang Jiechi s’envolait à Tokyo les 29-31 mai. Pyongyang pendant ce temps, en alerte permanente, ne parlait plus à personne.
Au moins, l’urgence du moment crée des conditions favorables à une embellie sino-nipponne – un sommet Xi Jinping Shinzo Abe se préparerait. Trump aussi traite la Chine en alliée – dans un tweet, il la félicite de « faire tous ces efforts » – et l’ambassadrice à l’ONU Nikki Halley confirme qu’en coulisses, Pékin travaille dur pour tenter d’enrayer la vague de tirs.

En Corée du Sud, le nouveau Président Moon Jae-in (pacifiste, élu le 10 mai) cache mal son désarroi. Depuis son entrée en fonction, sa main tendue au mal nommé « pays du matin calme » obtint pour toute réponse trois tirs de missiles. Il déplore cependant (30 mai) que son ministre de la Défense lui ait tu l’entrée en Corée de 4 nouvelles rampes THAAD de missiles anti-missiles, en sus des deux déjà présentes.

Fort à propos le même jour, Washington fit connaître le succès en Californie, d’un test de cette même rampe, d’interception d’un missile ICBM, du même type que les derniers lancements nord-coréens.

En Corée du Nord, à en croire l’agence UPI, un cadre déclarait le pays « désormais capable de frapper n’importe quel point de la Chine… les dirigeants chinois ne peuvent pas être ignorants de cette nouvelle donnée stratégique » – autant pour l’amitié éternelle entre ex-« frères de sang » !  

Suit enfin cette nouvelle insolite, apparemment contradictoire : selon des experts israéliens et texans, le missile Pukguksong-2 serait dérivé d’un modèle de missile lançable par sous-marin, testé en Corée du Nord le 24 août dernier, lui-même adapté du missile chinois pour sous-marin JL-1. Si la nouvelle se vérifie, comment un tel modèle a-t-il pu tomber aux mains de Kim Jong-un ? On devine mieux les difficultés chinoises à coordonner son action contre les ambitions folles du petit voisin.

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1 Commentaire
  1. severy

    Qui du Luxembourg, de la Chine, de la Russie ou du Vatican a-t-il bien pu refiler au pays du missile matinal, la technologie ad hoc? On se le demande… 😉

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