Le Vent de la Chine Numéro 17-18 (2022)

du 9 au 15 mai 2022

Editorial : L’exode des expatriés
L’exode des expatriés

Indéniablement, la tendance est aux départs. Après deux ans de politique sanitaire « zéro Covid », les 850 000 étrangers recensés officiellement en Chine sont de plus en plus nombreux à plier bagage. La séparation avec la famille, la quasi impossibilité de quitter temporairement le territoire chinois et le manque de perspectives quant à la réouverture des frontières sont autant de raisons de ne pas prolonger leur contrat*. D’ici la fin de l’année, les Chambres de Commerce américaine et européenne en Chine anticipent que leurs communautés expatriées, déjà réduites par deux en 24 mois, auront encore fondu de moitié **.

Ceux qui aimeraient rejoindre la Chine depuis l’étranger ne sont pas mieux lotis. Ils se retrouvent confrontés aux difficultés d’obtention du visa, aux prix élevés des billets d’avion, aux annulations de dernière minute, aux conditions de quarantaine draconiennes à l’arrivée…

Ainsi, en l’espace de deux ans, la stratégie « zéro Covid » a fortement compromis les efforts déployés durant les trois dernières décennies par le gouvernement chinois pour ouvrir le pays au reste du monde et le rendre attractif aux yeux des entreprises, des investisseurs, des entrepreneurs et des étudiants étrangers.

Alors que « l’aventure chinoise » faisait hier encore tant rêver, aujourd’hui, les candidats ne se bousculent plus pour venir travailler dans l’Empire du Milieu. Les entreprises étrangères rencontrent de grandes difficultés pour remplacer leurs équipes et faire venir ponctuellement des experts en Chine.

À cause des restrictions aux voyages, le phénomène de « sinisation » des entreprises étrangères en Chine – qui consiste à remplacer des cadres étrangers par des locaux afin de réduire les coûts d’expatriation et de profiter des compétences des managers chinois – se déroule aujourd’hui à « marche forcée ». Une tendance qui pourrait bien se révéler irréversible dans le futur. Les multinationales reconnaissent elles-mêmes que c’est loin d’être la solution idéale (fossé culturel croissant entre le bureau Chine et les autres filiales, faible mobilité à l’international des cadres chinois…). Cependant, elles n’ont pas tellement le choix dans le contexte actuel.

Autre complication engendrée par la « grande muraille sanitaire » érigée par Pékin : les filiales des grands groupes étrangers installés en Chine craignent que leurs sièges se retrouvent déconnectés de la réalité du marché chinois, faute de pouvoir effectuer des visites de terrain. En conséquence, les décisions d’investissements sont souvent repoussées.

Aujourd’hui, 23 % des membres de la Chambre de Commerce européenne en Chine envisagent de transférer une partie de leurs investissements dans un pays tiers. C’est deux fois plus qu’il y a deux mois, avant la mise en quarantaine de Shanghai, capitale économique du pays.

De manière générale, les confinements à répétitions et le caractère imprévisible des restrictions sanitaires décrétées par les autorités locales nuisent à l’attractivité du pays et poussent les entreprises à accélérer la diversification de leurs chaînes d’approvisionnement hors de Chine. Or, la démarche est loin d’être une sinécure, étant donnée la forte compétitivité des « clusters » de production chinois.

Dernier facteur entrant en ligne de compte : la guerre en Ukraine a fait prendre conscience aux entreprises étrangères du risque croissant de dépendre de la Chine, si celle-ci devait un jour se trouver frappée de sanctions internationales qui coûteraient beaucoup plus cher que celles visant la Russie aujourd’hui.

Cela dit, à l’inverse des expatriés qui commencent à faire leurs cartons, les entreprises étrangères n’ont nulle intention à ce stade de se priver du lucratif marché chinois. Mais cela ne les empêche pas de regarder ailleurs, à toutes fins utiles !

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*Les étrangers ne sont pas les seuls à envisager de prendre la clé des champs. Plusieurs membres de l’élite chinoise et jeunes « cols blancs » issus de la classe moyenne discutent plus ou moins sérieusement de la possibilité d’immigrer (, « rùn » en langage internet). C’est l’expression d’un certain mécontentement vis-à-vis de la politique sanitaire actuelle, qui pourrait toutefois se tasser une fois la situation sanitaire à Shanghai stabilisée.

**Cela représente l’accélération d’une tendance déjà visible avant la pandémie. En dix ans, la communauté française en Chine a perdu 40% de ses membres. Plusieurs facteurs sont à l’œuvre : baisse de la compétitivité des cadres étrangers par rapport à leurs concurrents chinois formés hors frontières, complexification du marché chinois pour les entrepreneurs, perte d’image de la Chine à l’international…


Monde de l'entreprise : Quand Elon Musk rachète Twitter, Pékin « gazouille »
Quand Elon Musk rachète Twitter, Pékin « gazouille »

Lorsque le multimilliardaire Elon Musk rachète la plateforme Twitter pour la coquette somme de 44 milliards de $, l’affaire apparaît purement américano-américaine. Elle pourrait néanmoins avoir des implications jusqu’en Chine. En effet, l’Empire du Milieu est le deuxième plus gros marché après les États-Unis pour le leader des voitures électriques Tesla, également propriété d’Elon Musk. Ouvert depuis 2019, sa « gigafactory » shanghaienne a produit la moitié des véhicules Tesla vendus à travers le monde l’an dernier.

Cette dépendance de Tesla au marché chinois aura-t-elle une influence sur les futures décisions d’Elon Musk concernant ce qui est posté sur Twitter ? En rachetant le réseau social, Elon Musk n’offre-t-il pas un moyen de pression au gouvernement chinois pour l’obliger à censurer le réseau social ou du moins, à se montrer moins regardant sur la propagande et les manœuvres de désinformation chinoises sur la plateforme ? Autant de questions qui agitent les observateurs étrangers.

Interrogé à ce sujet lors de la conférence de presse du ministère chinois des Affaires étrangères le 25 avril, le porte-parole Wang Wenbin, a assuré qu’il s’agissait de « spéculations infondées ». Ce ne serait pourtant pas la première fois que des entreprises étrangères sont victimes de pression de la part de Pékin, pour inciter leurs gouvernements respectifs à fléchir sur certains sujets. Certaines entreprises sud-coréennes, japonaises, voire françaises, en savent quelque chose…

Certes, Elon Musk a promis d’assouplir les règles de modération sur Twitter au nom de la défense de la liberté d’expression, sans laquelle il ne pourrait se permettre de critiquer la tutelle boursière américaine (SEC) ou encore de se moquer du Président Biden comme il le fait.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit de la Chine, le milliardaire est beaucoup moins loquace. Lorsque les autorités shanghaiennes ont contraint son usine à la fermeture au nom de la stratégie « zéro Covid », le fondateur de Tesla est resté silencieux, se contentant d’encourager ses équipes locales lors de la reprise de la production. En 2020, il avait pourtant qualifié les confinements imposés par les autorités américaines de « fascistes » et de « violations des droits humains ».

D’après Jeff Bezos, rival d’Elon Musk dans bien des domaines, ce rachat augure davantage de complications pour Tesla en Chine que d’une censure accrue sur Twitter. Cependant, le patron d’Amazon juge Elon Musk « extrêmement doué pour naviguer dans ce genre de complexité ». Preuve en est, le déploiement de son ambitieux programme satellitaire Starlink, qui déplait fortement au gouvernement chinois, n’a pas encore eu d’effet sur les ventes de Tesla en Chine.

Mais quel est donc le secret d’Elon Musk ? Il tient à une formule très simple : Pékin compte sur le constructeur américain pour encourager le développement du marché chinois des véhicules électriques et tirer vers le haut les concurrents chinois. Tant que le gouvernement chinois aura besoin de Tesla, Elon Musk aura les arguments nécessaires pour se permettre de résister à d’éventuelles pressions. Mais le jour où ce ne sera plus le cas, le rapport de force devrait changer du tout au tout…

La véritable question est plutôt la suivante : le pouvoir chinois tient-il vraiment à forcer Musk à amender les règles de Twitter ? Sous bien des aspects, Pékin obtient déjà ce qu’il veut de la plateforme. Quand bien même Twitter est censuré depuis 2009 en Chine, le réseau social est devenu un outil stratégique pour l’État chinois dans la guerre de l’information. Ces dernières années, les diplomates et médias officiels se sont emparés de la plateforme tandis que des centaines de milliers de comptes « robots » ont été créés afin d’amplifier leurs messages. En guise de riposte, Twitter (bientôt suivi par Facebook et YouTube) a supprimé 174 000 de ces faux comptes en 2020 et s’est mis à signaler comme tels les émissaires chinois et journalistes affiliés aux médias officiels actifs sur la plateforme.

Malgré cela, le simple fait que la population chinoise ne puisse accéder aux médias et aux réseaux sociaux étrangers, mais que les médias chinois contrôlés par l’État puissent se servir des plateformes étrangères comme caisses de résonance confère un avantage évident au gouvernement chinois dans sa quête de « soft-power ». Jusqu’à présent négligée, cette asymétrie de l’information commence seulement à poser question en Occident, les États-Unis en tête. 

NB : Alors que la question de la protection de la liberté d’expression fait débat aux Etats-Unis, les plateformes internet chinoises ont été priées par l’administration nationale du cyberespace (CAC) de lutter activement contre la désinformation et les « fake news » en lien avec les sujets d’actualité, notamment la guerre en Ukraine ou la situation sanitaire à Shanghai. 

C’est la raison pour laquelle Weibo (l’équivalent chinois de Twitter), Douyin, Toutiao, Zhihu, Kuaishou, Xiaohongshu se sont mises à afficher la localisation de l’adresse IP de leurs utilisateurs sur leurs profils, de manière à éviter que « des internautes se fassent passer pour des locaux et propagent de fausses rumeurs ». Cette décision, qui nuit à l’anonymat des utilisateurs, a été tournée en dérision par certains internautes qui craignent qu’elle favorise la discrimination géographique, l’auto-censure et les chasses à l’homme sur la toile. Cette fonction, qui ne peut être désactivée, a également exposé l’hypocrisie de certains utilisateurs alimentant des comptes nationalistes qui vivent en fait à l’étranger… 


Hong Kong : Au revoir Carrie Lam, bonjour John Lee
Au revoir Carrie Lam, bonjour John Lee

Ce n’était qu’une simple formalité : le dimanche 8 mai, les 1500 membres du comité électoral hongkongais, majoritairement pro-Pékin, ont « élu » à 99,4% des voix, l’unique candidat John Lee (Li Jiachao, 李家超) pour prendre la suite de Carrie Lam en tant que chef de l’exécutif le 1er juillet.

« Chief executive » la plus impopulaire de la « région administrative spéciale » (RAS) depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, Mme Lam ne devrait manquer ni aux Hongkongais, ni à Pékin qui n’a pas souhaité commenter son départ. En une critique voilée de l’inefficacité de sa prédécesseure, John Lee, policier de carrière, a promis une « approche axée sur les résultats ».

Très peu porté sur l’idéologie et loin d’être un « animal politique », il passe surtout pour un dirigeant pragmatique. Sa profession de foi, dévoilée à peine dix jours avant le vote, se contente d’ailleurs de reprendre les politiques actuelles et les projets en cours. Cependant, lors d’une élection à candidat unique, le programme de ce dernier passe au second plan…

L’essentiel est ailleurs : Pékin voit en John Lee un leader capable de mettre en œuvre ce que le gouvernement central envisage pour Hong Kong, à savoir poursuivre l’intégration de la région « semi-autonome » dans le plan de développement de la Grande Baie, résoudre la pénurie de logements, et préserver la réputation de place financière internationale de Hong Kong. A priori, rien dans le CV de John Lee ne laisse penser qu’il a les compétences requises pour mener ces objectifs à bien.

C’est parce que la véritable priorité du pouvoir central est d’éviter que Hong Kong ne devienne une base de subversion manipulée par des « forces hostiles » étrangères, plus précisément les États-Unis. Une inquiétude motivée par le contexte de rivalité croissante avec Washington, voire l’intime conviction d’une partie du pouvoir chinois que la relation sino-américaine pourrait dégénérer. Ainsi, l’expérience de John Lee en matière sécuritaire ainsi que le fait qu’il ait été personnellement sanctionné par les USA font de lui « l’homme de la situation » aux yeux de Pékin. Le futur chef de l’exécutif s’est d’ailleurs engagé à promulguer « de manière urgente » une loi de sécurité, telle que le stipule l’article 23 de la Basic Law, même si en 2003, un demi-million de personnes étaient descendues dans les rues pour s’y opposer…

Saura-t-il se montrer à la hauteur des attentes du leadership ? Il est évidemment trop tôt pour le dire. Néanmoins, plusieurs facteurs jouent en sa faveur : la loi de sécurité nationale imposée par Pékin ayant neutralisé le mouvement pro-démocratie et la presse indépendante, le futur dirigeant ne devrait pas trop avoir à s’inquiéter d’éventuelles manifestations, ni de sa faible cote de popularité (35% en mars dernier). En sus, il n’aura plus à composer avec les membres de l’opposition, de facto exclus du Parlement local, « grâce » à la récente réforme électorale. L’ancien flic de Hong Kong devrait donc avoir les mains libres pour mettre en œuvre le plan élaboré par Pékin. Si John Lee donne satisfaction, ce sera la preuve que le modèle de gouvernance par des « patriotes » peut obtenir des résultats, tandis que l’espoir de réforme démocratique s’évanouira pour de bon…


Agroalimentaire : Pékin et son insécurité alimentaire
Pékin et son insécurité alimentaire

Plusieurs faits concomitants amènent nombre d’experts chinois et internationaux à s’interroger sur la réalité de la sécurité alimentaire de la Chine : opacité autour des statistiques de récoltes records et de stocks nationaux de grains affichées ces dernières années par le Parti ; résurgence de la COVID ; hausse des prix liée à la guerre en Ukraine ; tensions accrues avec les États-Unis…. Tous paramètres endogènes et allogènes, de portées et de qualités variables, rendent délicat l’abord de cette question.

Au niveau interne, bien que les terres arables de la Chine ne représentent qu’environ 11% de sa surface et soient très morcelées, le pays est globalement le premier producteur mondial de céréales, de riz et de soja avec 18% des récoltes de la planète pour une population du même ordre, et durant la dernière décennie, ces volumes ont progressé de 70 millions de tonnes, soit d’environ 13%, ce que diverses imageries indépendantes par satellites valident. C’est indéniablement un succès pour les agronomes chinois, car cette augmentation de la production a été trois fois plus rapide que la hausse simultanée de population de leur pays.

L’adoption par l’État d’un modèle de consommation alimentaire à base de viande dégrade toutefois structurellement ce résultat tout comme sa volonté de produire des biocarburants : l’augmentation de la production agricole ne suffit pas à couvrir une consommation en hausse de 180 millions de tonnes – les besoins de l’alimentation animale ont fait un bond de plus de 50% et ceux des biocarburants de 40% (deux fois moins que les USA mais trois fois plus que l’Union Européenne) !

Sur le plan international, cette divergence assumée par le pouvoir chinois entre production et consommation l’a conduit à devenir le premier importateur mondial de céréales et de soja (un quart des échanges mondiaux) en prenant des positions dans les années 2010 en Amérique du Sud et en s’alliant avec la Russie, avec pour objectif géopolitique secondaire de limiter les exportations étasuniennes de ces denrées.

Le déficit actuel de la Chine, qui s’élève à 150 millions de tonnes, a par ailleurs été renforcé ces dernières années par l’épidémie de fièvre porcine qui a détruit une large part de son cheptel, la conduisant à remplacer ses petits élevages familiaux traditionnels par de grandes unités plus dépendantes des céréales et du soja, mais aussi plus productives et plus faciles à contrôler.

Il est plus que vraisemblable que la Russie a averti la Chine de ses intentions d’envahir l’Ukraine, lui permettant durant ces derniers mois de renforcer ses stocks stratégiques de grains à moindre coût. Le gouvernement chinois a annoncé qu’il stocke actuellement 210 millions de tonnes de maïs et 142 millions de tonnes de blé, soit respectivement 69% et 51% des stocks mondiaux de ces grains, et tant pis si demain, ses alliés égyptiens, algériens ou autres connaissent de nouvelles crises alimentaires… 

À court terme, sa sécurité alimentaire intérieure ne semble donc pas menacée d’autant plus que la hausse mondiale des produits alimentaires affecte aujourd’hui peu les prix du marché domestique chinois qui se situent à des seuils plus élevés que les prix du marché mondial.

Au-delà, si la Russie s’englue dans un conflit durable en Ukraine, la Chine bénéficiera d’importations massives de grains de son allié – quoique de qualité moindre – et obtiendra une plus grande autonomie dans son approvisionnement en céréales. Dans le jeu de go diplomatique, il n’y a pas de petits profits. 

Le risque le plus délicat à évaluer pour la sécurité alimentaire de la Chine pourrait provenir de ce qu’elle ne contrôle pas : une résurgence naturelle galopante de la Covid-19 dans un environnement particulièrement dégradé depuis des millénaires par son immense population, et l’émergence de nouvelles mutations particulièrement contagieuses que la politique sanitaire du Parti ne maîtriserait pas, dégradant son image et celle de Xi Jinping au moment délicat où il brigue un troisième mandat.

La politique « zéro-Covid » réaffirmée par le gouvernement central, qui étend en ce moment, via son administration, de nouvelles mesures de confinement de longue durée sans tenir compte de la lassitude de sa population, pourrait avoir des conséquences drastiques sur les semis de maïs, de soja et de riz du printemps 2022, en réduire les surfaces et par suite dégrader les niveaux de récoltes de l’année en ces espèces, au moment même où le Parti avoue craindre une mauvaise récolte de blé d’hiver.

Même si les provinces de la Chine se comportent encore parfois au plan économique comme des États concurrents, plus rivaux que solidaires, la question de la sécurité alimentaire chinoise paraît toutefois garantie vu les stocks de grains accumulés par les autorités.

À plus long terme, c’est une autre histoire… D’après Cheng Guoqiang, professeur en agronomie à l’université Renmin (Pékin), la production alimentaire nationale ne serait que de 58,8% de sa demande domestique d’ici 2030, contre 65,8% en 2020 et 93,6% au début du siècle. Une conséquence de la hausse du pouvoir d’achat et de l’urbanisation. Même constat de la part de Du Ying, vice-président du centre chinois pour les échanges économiques internationaux : d’ici 2035, le taux d’autosuffisance alimentaire du pays devrait chuter à 65%, contre 76% aujourd’hui. En somme, les difficultés pour « remplir le bol de Chinois de grains chinois » ne font que commencer…

Par Alain P. Bonjean


Photo de la semaine : Confinement artistique
Confinement artistique

Voilà une performance artistique dans l’air du temps : durant 14 jours et 14 nuits, Pang Kuan (庞宽), chanteur-pianiste du groupe de rock New Pants, s’est « auto-confiné » sur une plateforme de 2,5 mètres de large, simplement équipée d’un fauteuil, d’un matelas et de toilette sèche.

Si quelques curieux ont été autorisés le premier jour à venir assister à cette étrange mise en scène hébergée par la galerie STAR (798) à Pékin, les contraintes sanitaires qui se sont abattues sur la capitale ont vite mis un terme aux visites et rendu l’expérience de confinement encore plus réelle.

À la manière de « Big Brother », une caméra a filmé 24h/24 et retransmis en direct sur Weibo et WeChat, les moindres faits et gestes du rockeur, ses repas-minutes, ses moments de lecture, ses changements de garde-robe, ses danses improvisées, et ses passages au petit coin, simplement dissimulé par une couverture…

Sa performance, vue 3,5 millions de fois sur WeChat, a tout de suite conquis le public, qui a lui aussi connu, à un moment ou un autre, le confinement depuis le début de la pandémie. Certains spectateurs, également en quarantaine, ont même affirmé y avoir trouvé un certain réconfort.

Pourtant, une bonne partie d’entre eux avaient l’air plus intéressés par les considérations « pratiques » de l’expérience (hygiène, repas…) que par sa symbolique dénonçant les contraintes imposées par la stratégie sanitaire chinoise. Dubitatifs, quelques critiques d’art ont qualifié sa démarche de démagogique…

Malgré tout, l’artiste a pu mener sa démonstration jusqu’au bout et sans être censuré. Une véritable « performance » dans le contexte actuel !


Chiffres de la semaine : « 1700 milliards de yuans de tests, 80 sociétés chinoises cotées à Wall Street, 148ème rang de la liberté de la presse »
« 1700 milliards de yuans de tests, 80 sociétés chinoises cotées à Wall Street, 148ème rang de la liberté de la presse »

1700 milliards de yuans : c’est la facture annuelle potentielle de la systématisation des campagnes de tests à toutes les villes de premier tiers (Shanghai, Pékin, Shenzhen, Canton…) et de second tiers (Hangzhou, Zhengzhou, Dalian…), d’après Soochow Securities. Cela représenterait 1,5% du PIB chinois ou 8,7% de son revenu fiscal de 2021. Un coût non négligeable pour les municipalités, qui ont vu leurs revenus chuter à cause de la reprise en main des promoteurs immobiliers. En outre, les gouvernements locaux sont censés mettre en œuvre des réductions d’impôts et augmenter leurs dépenses d’investissement en infrastructures pour stimuler l’économie nationale. Il est tout de même moins ruineux d’avoir recours à cette méthode de dépistage régulier plutôt qu’à des confinements généralisés, affirment les analystes. Cette perspective réjouit les entreprises spécialisées dans les tests PCR, qui ont déjà enregistré des bénéfices records au premier trimestre : de +58% à +190% par rapport à 2021.

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Plus de 80 sociétés chinoises sur les 261 cotées en bourse à Wall Street ont été ajoutées le 5 mai à la liste des groupes risquant d’être expulsés dès 2024 s’ils ne font pas certifier leurs comptes par les auditeurs du « gendarme » boursier américain, la « SEC ». Parmi les entreprises concernées, Baidu, Weibo, iQiyi, JD.com, Pinduoduo, Bilibili, NetEase, Tencent Music, Trip.com, Nio, Xpeng, Sinopec, Huaneng, JinkoSolar, Sinovac … Or, ces dernières ne peuvent pas respecter cette réglementation américaine (HFCAA) sans violer la loi de sécurité nationale chinoise, qui considère de telles données « secrets d’État ». Ce nouveau coup de pression de la SEC intervient alors que Pékin multiplie les signes de bonne volonté. Le 2 avril, la tutelle boursière chinoise (CSRC) a annoncé envisager d’amender sa réglementation. Trois semaines plus tôt, le vice-premier Liu He laissait planer la possibilité d’un accord avec la SEC sur les procédures d’audit et réitérait son soutien aux « entreprises chinoises cotées à l’étranger ». Indéniablement, le gouvernement chinois a toujours besoin de l’accès aux marchés de capitaux américains et veut éviter – du moins dans l’immédiat – un découplage boursier, alors que la confiance des investisseurs dans les valeurs (technologiques) chinoises est fébrile.

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148ème : c’est la place qu’occupe Hong Kong au dernier classement mondial de la liberté de la presse dans 180 pays, établi par Reporters Sans Frontières (RSF). Cette dégringolade de 68 places est attribuable à la promulgation d’une loi de sécurité nationale à l’été 2020 qui sert de prétexte pour bâillonner les voix indépendantes. Depuis lors, la plupart des médias sont tombés sous le contrôle du gouvernement et de groupes pro-Pékin tandis que de grands médias indépendants tels que l’Apple Daily ou Stand News ont été contraints à la fermeture. Le prochain chef de l’exécutif hongkongais John Lee, considère, lui, que « la liberté de la presse n’a pas besoin d’être défendue, puisqu’elle existe déjà ». À cette allure, il n’est pas exclu que Hong Kong rejoigne bientôt la Chine à la 175ème place du classement.


Vocabulaire de la semaine : « Chef de l’exécutif, candidat, gouvernance, faire des réserves, céréales, Elon Musk, influence, Twitter »
« Chef de l’exécutif, candidat, gouvernance, faire des réserves, céréales, Elon Musk, influence, Twitter »
  1. Chef de l’exécutif hongkongais : 特首; tèshǒu
  2. Seul, unique : 唯一; zhíyí (HSK 5)
  3. Candidat : 候选人; hòuxuǎn rén
  4. Publier (officiellement) : 公布; gōngbù (HSK 5)
  5. Programme politique : 政纲 ; zhènggāng (HSK 6)
  6. Couvrir, inclure : 涵盖 ; hángài
  7. Domaines: 范围 ; fànwéi (HSK 5)
  8. Renforcer : 强化; qiánghuà
  9. Gouvernement : 政府 ; zhèngfǔ (HSK 5)
  10. Gouvernance : 治理; zhìlǐ (HSK 6)
  11. Capacité : 能力; nénglì (HSK 4)
  12. Améliorer, augmenter : 提高; tígāo (HSK 3)
  13. Ne pas dire un mot (expression), faire omission de : 只字不提; zhī zì bù tí
  14. Démocratie : 民主; mínzhǔ (HSK 6)
  15. Processus : 进程; jìnchéng

香港特首唯一候选人李家超29日公布政纲涵盖三大范围强化政府治理能力提高土地房屋供应、提升香港竞争力,但是只字不提民主进程。

Xiānggǎng tèshǒu wéiyī hòuxuǎn rén lǐjiāchāo 29 rì gōngbù zhènggāng, hángài sān dà fànwéi : qiánghuà zhèngfǔ zhìlǐ nénglì, tígāo tǔdì fángwū gōngyìng, tíshēng xiānggǎng jìngzhēng lì, dànshì zhī zì bù tí mínzhǔ jìnchéng.

« Le seul candidat au poste de chef de l’exécutif de Hong Kong, Li Jiachao (John Lee), a annoncé son programme le 29 avril, couvrant trois grands domaines : renforcer la capacité de gouvernance du gouvernement, améliorer l’offre de terrains et de logements ainsi que la compétitivité de Hong Kong, mais n’a pas mentionné le processus démocratique »

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  1. Continuer : 持续 ; chíxù (HSK 5)
  2. En grande quantité : 大量 ; dàliàng
  3. Stocker, faire des réserves : 储存 ; chúcún (HSK 6)
  4. Céréales : 粮食 ; liángshí
  5. Situation, circonstances : 情况 ; qíngkuàng (HSK 4)
  6. Extrêmement, très : 十分 ; shífēn (HSK 4)
  7. Clair, évident : 明显 ; míngxiǎn (HSK 5)
  8. Stocks : 库存 ; kùcún (HSK 5)
  9. Cadres, responsables : 官员; guānyuán
  10. Déclarer, évaluer, mesurer, jauger : 称 ; chēng (HSK 5)
  11. Blé : 小麦 ; xiǎomài (HSK 5)
  12. Satisfaire, répondre (aux besoins de) : 满足 ; mǎnzú (HSK 5)
  13. Population : 人口 ; rénkǒu (HSK 5)
  14. Consommer : 消费 ; xiāofèi (HSK 5)
  15. Besoins, exigences, demande (économique) : 需求 ; xūqiú (HSK 6)

中国持续大量储存粮食情况十分明显,其粮食库存量达到全球的一半以上。中国官员小麦可以满足中国人口一年半的消费需求,粮食供应没有问题。

Zhōngguó chíxù dàliàng chúcún liángshí de qíngkuàng shífēn míngxiǎn, qí liángshí kùcún liàng dádào quánqiú de yībàn yǐshàng. Zhōngguó guānyuán yě chēng, xiǎomài kěyǐ mǎnzú zhōngguó rénkǒu yī nián bàn de xiāofèi xūqiú, liángshí gōngyìng méiyǒu wèntí.

« Il est évident que la Chine continue de stocker de grandes quantités de céréales, ses stocks de céréales atteignant plus de la moitié de ceux mondiaux. Les responsables chinois ont également déclaré que (les stocks) de blé pouvaient répondre aux besoins de consommation de la population chinoise pendant un an et demi et qu’il n’y avait aucun problème d’approvisionnement alimentaire ».

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  1. Etant donné : 由于; yóuyú (HSK 4)
  2. Musk (Elon) : 马斯克; Mǎsīkè
  3. Voiture électrique : 电动车; diàndòng chē
  4. Entreprise : 公司; gōngsī (HSK 2)
  5. Tesla : 特斯拉 ; Tèsīlā
  6. Usine : 工厂; gōngchǎng (HSK 5)
  7. Être dépendant de : 依赖; yīlài (HSK 6)
  8. Marché : 市场 ; shìchǎng (HSK 5)
  9. Si : 是否 ; shìfǒu (HSK 4)
  10. Twitter : 推特 ; Tuītè
  11. Exclure : 排除 ; páichú (HSK 6)
  12. Parti Communiste Chinois (abréviation) : 中共 ; zhōnggòng
  13. Influence : 影响; yǐngxiǎng (HSK 3)
  14. Susciter, soulever : 引起 ; yǐnqǐ (HSK 4)

由于马斯克电动车公司特斯拉在中国有工厂,且依赖中国市场,马斯克是否真的能在推特排除中共影响,也引起了人们的质疑。

Yóuyú Mǎsīkè de diàndòng chē gōngsī Tèsīlā zài zhōngguó yǒu gōngchǎng, qiě yīlài zhōngguó shìchǎng, mǎ sīkè shìfǒu zhēn de néng zài Tuītè shàng páichú zhōnggòng de yǐngxiǎng, yě yǐnqǐ le rénmen de zhíyí.

« Etant donné que l’entreprise de voitures électriques de Musk, Tesla, possède une usine en Chine et dépend du marché chinois, cela a également soulevé des questions quant à savoir si Musk peut vraiment exclure l’influence du PCC sur Twitter ».


Rendez-vous : Semaines du 9 mai au 26 juin 2022
Semaines du 9 mai au 26 juin 2022

9-11 mai, Pékin : ISH CHINA & CIHE 2022, Salon chinois international de l’assainissement, du chauffage, de la ventilation et de l’air conditionné. REPORTE.

10-11 mai, Pékin : CHINABIO PARTNERING FORUM 2022, Forum et exposition pour l’industrie des sciences de la vie. REPORTE au 13 au 16 septembre.

10-12 mai, Wuhan : API CHINA 2022, Salon chinois de l’industrie pharmaceutique: matières premières, chimie fine, ingrédients, machines de process et d’emballage. 

10-12 mai, Canton : ASIA VR&AR FAIR & SUMMIT 2022, Salon et sommet asiatiques de l’industrie chauffage – réfrigération – ventilation – climatisation.

10-12 mai, Canton : STEEL BUILD 2022, Salon international de la construction en acier et des matériaux de construction métalliques.

10-13 mai, Yantai : YANTAI EQUIPMENT MANUFACTURING INDUSTRY EXHIBITION 2022,  Salon des équipements pour l’industrie manufacturière.

11-13 mai, Pékin : CISILE 2022, Salon chinois international des instruments scientifiques et des équipements de laboratoire. REPORTE.

12-14 mai, Shanghai : BIOFACH CHINA 2022, Salon mondial des produits bio. REPORTE.

13-15 mai, Wenzhou : WIE – INDUSTRY EXPO WENZHOU 2022, Foire industrielle internationale de Wenzhou. REPORTE.

15-17 mai, Canton : INTERWINE CHINA 2022, Salon chinois international du vin, de la bière, et des procédés, technologies et équipements pour les boissons.

18-21 mai, Tianjin : CIEX 2022, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil. REPORTE.

18-21 mai, Qingdao : QINGDAO INTERNATIONAL METAL WORKING EXPO 2022, Salon international de l’industrie du métal.

20-22 mai, Canton : GUANGZHOU INTERNATIONAL TRAVEL FAIR 2022, Salon international du voyage. REPORTE.

20-22 mai, Canton : APBE – ASIA-PACIFIC BIOMASS ENERGY TECHNOLOGY & EQUIPMENT EXHIBITION 2022, Salon international de l’énergie biomasse en Chine. REPORTE au 10 au 12 août.

20-23 mai, Zhengzhou : ZIF 2022, Salon international des équipements industriels en Chine. REPORTE.

23-25 mai, Shanghai : CCEC CHINA 2022, Salon international et conférence sur les carbures cémentés de Shanghai. REPORTE.

23-26 mai, Shanghai : SNEC PV POWER EXPO 2022, Conférence et exposition internationale sur la production d’électricité photovoltaïque et l’énergie intelligente. REPORTE au 13 au 16 septembre.

24-26 mai, Shanghai : NEPCON CHINA 2022, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs.

24-26 mai, Shanghai : IT&CMA CHINA 2022, Le principal événement international de rencontres, d’incitations, de conventions et d’expositions (MICE) en Chine.

26-29 mai, Tianjin : CHINA HELICOPTER EXPOSITION 2022, Salon International et convention d’affaires des hélicoptères civils. NON CONFIRME.

27 mai-4 juin, Chongqing : AUTO CHONGQING 2022, Salon international de l’industrie automobile.

29-31 mai, Canton : PLCE 2022, Salon de la distribution d’aliments frais et de la chaîne du froid en Asie-Pacifique.

31 mai-2 juin, Shanghai : FMA CHINA 2022, Salon international de l’alimentation, des vins et spiritueux, de la viande et des produits de la mer et fruits de mer en Chine.

31 mai-2 juin, Shanghai : IRRISHOW 2022, Salon international de l’irrigation en Chine. REPORTE .

31 mai-2 juin, Shanghai : WINE EXPO 2022, Salon international du vin et des spiritueux.

7-9 juin, Shenzhen : INDUSTRIAL AUTOMATION SHENZHEN 2022, Salon international pour l’automatisation des procédés.

13-17 juin, Pékin : CIMES 2022, Salon chinois international de la machine-outil et des outils.

21-23 juin, Shanghai : BIOPH CHINA 2022, Salon de la pharmacologie et des biotechnologies. BIOPH CHINA rassemble compagnies pharmaceutiques, institutions et organismes de recherche.

22-24 juin, Shanghai : PROPAK CHINA 2022, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage.

23-26 juin, Jinan : CHINA (JINAN) INTERNATIONAL POWER TRANSMISSION & CONTROL TECHNOLOGY 2022, Salon chinois international de la transmission de puissance et des technologies de contrôle.

26-29 juin, Shanghai : EXPO LIGHT 2022, Salon de l’industrie de l’éclairage

26-29 juin, Shanghai : HDE – ECOBUILD CHINA 2022, Salon de la construction et du bâtiment durable.