Défense : La Chine crée-t-elle son droit maritime ?

« En mer de Chine du Sud, la Chine semble renoncer au droit international en place depuis 70 ans », déplora (16 mars) l’amiral Scott Swift, commodore de l’US Navy au Pacifique. Elle suivrait désormais le principe dit « force fait droit ». Le 8 mars à Pékin, Wang Yi, ministre des Affaires étrangères, déclarait de son côté que « la Chine fut la première à découvrir, nommer, et développer les îles de mer de Chine du Sud. L’histoire démontrera dans cette zone, qui est l’invité et qui est l’hôte ». Pékin semble donc se fonder sur un droit de « retour » et de « premier entrant ». Sa conception s’inscrit en faux contre la Convention de l’ONU du droit de la mer, signée mais non ratifiée par elle, qui partage les droits souverains selon l’usage et la proximité. 

Durant tout le temps d’occupation et d’équipement de 5 atolls des Spratley, les Etats-Unis ont pratiqué l’attentisme. A présent, ils veulent reprendre la main. Début mars, après l’installation de rampes de missiles sur une île des Paracels, ils lancèrent un porte-avions, une flottille à proximité. Le 16 mars, ils annoncèrent leur propre installation de « dépôts militaires » entre Vietnam, Cambodge voire Philippines. Ces « dépôts » ou plutôt équipements sont désarmés, à usage civil, genre hôpitaux. Mais le message est clair : Washington veut aider les pays riverains à résister.
Le Pentagone prépare des exercices navals avec Inde et Japon. Manille ne s’y joindra pas, quoiqu’ils doivent se tenir dans ses eaux territoriales. De plus, l’Inde décline l’invitation de patrouilles navales avec les Etats-Unis, en soutien de la liberté de navigation. 

Ces derniers temps voient aussi apparaître des signes d’inquiétudes et d’exaspération des nations (alors que, selon Washington, la Chine s’apprêterait à équiper un nouvel îlot pris en 2012 aux Philippines) :
Shinzo Abe le Premier ministre nippon, se dit « prêt » (16 mars) à porter plainte à son tour, après les Philippines, auprès d’une Cour d’arbitrage internationale, contre des forages chinois dans des zones revendiquées par l’Empire du Soleil Levant.
– Sortant de sa réserve, l’Indonésie démarche l’Australie pour qu’elle l’aide à « dissuader » la Chine de s’emparer de ses îles Natuna.
– Insolite, un incident grave ternit les relations avec l’Argentine, à l’autre bout du globe : en Atlantique Sud le 16 mars, un chalutier du Shandong (cf photo) est surpris par un garde-côte argentin dans ses eaux territoriales, en infraction. Des heures durant, il résiste à l’arraisonnement et tente d’enfoncer sa coque… suite à quoi le garde-côte le coule – les 32 marins chinois sont sauvés, le capitaine aux arrêts…
Autant de signes d’une crise montante entre Chine et autres nations, à propos du partage de la planète bleue, sur fond de rejet chinois des usages maritimes en vigueur.

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