Diplomatie : Mer de Chine du Sud : retour d’hélice

La tension en mer de Chine du Sud a pris un tour imprévu le 16 septembre, quand S. Pudjiastuti, ministre indonésienne des Affaires maritimes, a réclamé devant la presse que Pékin renonce à sa revendication sur presque toute cette mer. 

Pékin devrait renoncer à sa carte officielle « des neuf pointillés » (cf illustration), déposée en 2009 auprès des Nations Unies. Apparu d’abord en 1947, ce document est la base juridique de Pékin pour revendiquer cette mer à 2000 km de son rivage, au détriment de cinq pays riverains directs. 

Dès juillet, J. Widodo, le Président indonésien au verbe parfois haut en couleur, déplorait que cette revendication empiète sur un espace autour des îles Natuna, considéré par son pays comme sien. Il y annonçait la création prochaine d’une base, pour défendre ses ressources naturelles.
Mme Pudjiastuti apporte un détail inédit sur le débat en coulisse avec la Chine : ses diplomates « n’insistent pas pour matérialiser la souveraineté » de leur pays sur ces eaux. « Pour l’instant peut-être, mais quid de demain ? », demande la ministre, et c’est pourquoi son gouvernement prend l’initiative de dénoncer le principe-même de la revendication chinoise, ce qu’aucun autre pays en ce litige n’avait osé faire jusqu’alors. 

L’entrée en lice de l’Indonésie est importante sous une autre perspective : jusqu’à 2014, l’affrontement avec la marine chinoise s’est limité aux deux riverains immédiats, Hanoi et Manille. Mais aujourd’hui, l’Indonésie entre dans le débat, s’opposant à son tour à la Chine. C’est pour Pékin et pour les autres pays en litige, une donnée nouvelle : jusqu’alors Pékin pouvait compter sur le silence de ces pays de l’ASEAN, tous en dépendance économique forte et grandissante envers elle. 

La « fronde » de Jakarta est à rapprocher de la décision récente de l’Inde de poursuivre un programme d’exploration pétrolière dans les eaux limitrophes du Vietnam, au défi de plusieurs avertissements chinois.
La Chine, jusqu’alors, espérait pouvoir régler le différend à son avantage, en bilatéral avec chacun des plaignants, se limitant aux riverains immédiats.
Mais l’entrée en lice de pays tels l’Indonésie ou l’Inde, semble compromettre irrémédiablement le scénario.

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