Nul gouverneur provincial ou président de conglomérat n’admet de gaieté de cœur une chute de la production ou une hausse de la pollution durant son mandat. Et pour cause : de tels chiffres, indices majeurs de la santé du pays, conditionnent directement leur avancement. Aussi, les statistiques chinoises sont fatalement opaques et manipulées.
Comme l’admet (anonymement) un employé d’un conglomérat au journal Caixin : « dans une centrale thermique, les chiffres d’émissions de CO2 sont relevés, puis ‘négociés’ entre la compagnie et le ministère, avant publication au rapport d’exercice ».
Tout cela pour dire qu’après l’effondrement de la bourse (qui se poursuivait le 14 septembre, avec une rechute en bourse de 6%), et la dévaluation du ¥, la publication par l’Office Statistique d’une croissance du PIB de « 7% » au second trimestre 2015, a fait froncer bien des sourcils parmi les experts, chinois comme étrangers.
Se distanciant des chiffres officiels, analystes financiers et patrons d’affaires préfèrent « faire comme Li Keqiang » : tenter d’estimer la croissance sur base de données pertinentes, telles la consommation d’électricité ou l’activité de transports de marchandises. Or, fin 2014, ces indices fort en dessous d’un niveau de « 7% », ne pouvaient en aucun cas soutenir une croissance de PIB aussi élevée.
De même, au 1er semestre 2015, les matières premières (pétrole, cuivre, minerai de fer) voyaient leur usage chuter à un niveau démentant le chiffre de croissance de l’Office Statistique.
Pour la plupart des investisseurs mondiaux, tels WL Ross & Co., la croissance chinoise réelle se situerait autour de 5%. Chez J.P. Morgan, l’analyste Joyce Chang pense pouvoir le prouver, en lisant l’impact du ralentissement de l’économie chinoise sur l’étranger.
Le Japon par exemple, très dépendant de la Chine du fait de ses délocalisations massives, a vu son PIB baisser à –1,4% fin 2014, avant de se ressaisir en 2015.
La Russie, fournisseur de ressources minérales à la Chine, est tombée à -4,6% au second trimestre, perdant 5 points.
Si l’on prend en compte la baisse du PIB (2 à 3 points en moyenne) des pays à forts échanges avec la Chine et pays émergents, on arrive à la baisse estimée du PIB chinois, soit 2% par rapport aux 7% officiels.
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