Vins et spiritueux : Plaimont et Liangyatai (Shandong) : le vin et le fruit

Plaimont et Liangyatai (Shandong) : le vin et le fruit

Du 2 au 5 juin à Qingdao, Plaimont, groupement de viticulteurs du Gers au pied des Pyrénées, fêtait avec Liangyatai (LYT), pôle agro-industriel du Shandong, leurs 10 ans de JV

18 vignerons et cadres gersois accompagnés de leur sénateur Franck Montaugé, étaient venus faire le bilan de cette décennie de coopération. 

24 heures passées parmi ces délégations suffisent pour voir l’océan de différences entre ces sociétés à commencer par leurs tailles : LYT salarie 2000 personnes et Plaimont 180.
La coopérative du Sud-Ouest ne produit que son vin, tandis que LYT, très diversifié, réalise 3 milliards de ¥ de chiffre d’affaires. Son produit le plus proche est la distillation d’alcool, (cf photo), en plus de ses divisions « phytosanitaire », « brasserie », agriculture « bio » et immobilier. 

Pour autant, cette visite impeccablement organisée par l’hôte du Shandong, vit s’exprimer des deux côtés des sentiments assez rares et indiscutablement sincères : la confiance, et le plaisir d’être ensemble. 

La raison est simple : Qingdao-Gascogne, la JV réussit. LYT s’apprête à vendre cette année 500.000 bouteilles de vin de Pacherenc, Saint Mont ou Madiran (et autres). C’est l’équivalent de 15% du marché de Qingdao (9 millions d’habitants). Or LYT, au Shandong, affronte Huadong, concurrent local géant , et en ce pays, 80% du marché du vin est trusté par la production locale. 

C’est quasi par hasard que ce mariage s’est fait, en 2005. Visant le marché chinois, Plaimont négociait avec Wuliangye, le n°2 national qui s’était d’abord montré demandeur, avant de couper court, estimant (à tort, comme l’avenir devait le démontrer) que le vin ne « percerait » jamais en ce pays acquis aux alcools forts. Alors, Plaimont s’était rabattu sur ce groupe du Shandong, plus petit, mais solide, et fermement décidé à s’assurer une source fiable de vin français de qualité. 

La JV fut donc conclue, à 60% de financement chinois et 40% français. LYT a fourni des locaux : un entrepôt de stockage, un hall d’exposition, une salle de réception et des bureaux modernes pour la vingtaine de membre de personnel, en sus duquel officient, en prospection, 250 vendeurs de LYT.

Li Yueming, le Président du groupe voit dans cette JV la promesse d’une croissance rapide : d’ici 2025, Qingdao-Gascogne « a le potentiel de décupler les ventes, à 5 millions de bouteilles ». Olivier Bourdet-Pees, Directeur général de Plaimont y croit aussi, « à condition d’étendre le territoire des ventes hors du Shandong ». 

Li Yueming croit même que les ventes de vin, atteignant aujourd’hui 100 millions de yuans, sont vouées à dépasser en Chine celles d’alcool blanc, huit fois supérieures. Car l’alcool en Chine voit se terminer son âge d’or, étant de plus en plus associé en image à la corruption, peu en odeur de sainteté ces temps-ci. Il passe aussi pour moins propice à la santé que le vin rouge dont les tanins consommés à dose raisonnable, entretiennent le circuit sanguin et préviennent les maladies cardio-vasculaires. 

Autre atout : face au vin local, le nectar français passe pour plus pur, non trafiqué. Cerise sur le gâteau, les vins de Plaimont développent des arômes originaux par rapport au Bordeaux – LA référence : une différentiation, à laquelle les Chinois deviennent sensibles à mesure que leurs palais se développent. Ils y trouvent aussi des prix intermédiaires, plus adaptés au « nouveau normal » d’un marché moins dépensier qu’hier. 

Alcools Chinois Et Vins Français3L’événement de Qindgao a permis à un nouveau projet d’émerger : Liangyatai et Plaimont préparent une nouvelle JV en France, où le Chinois acquerra 40% d’un château sur l’appellation de Saint Mont *. Aidé par son partenaire gersois, le Chinois s’établira en ces murs chargés de siècles, pour y assurer la formation de ses cadres, y faire venir ses clients et des touristes chinois pour une découverte « in situ » des cépages et des crus de la JV. 

En fin de compte, cette entreprise mixte très originale, a su se maintenir durant 10 ans, en raison de l’intérêt de chaque partie – la française devant exporter pour survivre et la chinoise, compléter son offre d’alcool, voire la remplacer par un vin de haute qualité à prix abordable. 

Remarque finale : en dix ans, on lit chez Plaimont comme Liangyatai une progression des produits, au plan technologique et commercial.
Deux fois l’an, un  des cadres de la partie française – Denis Degache (l’ex-maître de chais fondateur du groupe Dragon Seal en Chine, il y a 25 ans) se rend en tournée chinoise,  avec son équipe, exprimant ainsi en permanence la volonté du groupe de garder ave LYT un contact étroit.
Or chez ces groupes, cette évolution de la mentalité internationale n’est pas un phénomène de la capitale, mais de la province, et d’un tissu social rural : en Chine comme en France, les campagnes aussi se développent et créent leur avenir – l’une par l’autre !

* cf l’ouvrage de  Laurence Lemaire « Le Vin, le Rouge, la Chine ou le vin de Bordeaux et de France et les Chinois« . 107 châteaux à Bordeaux et 3 châteaux en France achetés par les Chinois. http://www.levinlerougelachine.com

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