Hong Kong : Droit au clash

Depuis que Carrie Lam, patronne de l’administration de Hong Kong, a soumis (22/04) l’ultime offre du gouvernement pour le scrutin du Chef de l’Exécutif en 2017, les choses sont claires : pouvoir et opposition vont droit au clash.
Le plan confirme le suffrage indirect. Un collège électoral de 1200 notables choisis par Pékin doit désigner « 2-3 candidats », à une majorité d’au moins 50% – un mode choisi pour écrémer tout candidat déplaisant à Pékin. Suivra alors le vote dans les urnes, à « une voix par homme ». Ce système respecte la lettre, sinon l’esprit de la promesse faite par Deng Xiaoping à M. Thatcher en 1982, d’être « basé » sur les principes du suffrage universel. 

L’enjeu est de faire voter, selon la Constitution, la proposition à une majorité des deux tiers (sur les 60 voix du Legco). Les 27 démocrates peuvent donc le rejeter, et ils jurent de le faire. Dans leur perspective, ils n’ont à vrai dire pas le choix : ce scrutin éradique toute influence de leur part, et de celle des millions qu’ils défendent. Symboliquement, il y va de bien plus que du choix du leader, mais d’un droit limité à l’autodétermination. Pour le Chief Executive C.Y. Leung, l’offre de Pékin est « non négociable aujourd’hui, mais peut-être demain ». En face, on rétorque que c’est la dernière chance de sauver les libertés d’avenir… 

D’où, deux questions, qui en fait cristallisent les deux positions :
– pourquoi cette inflexibilité ? Dans sa tradition politique, le PCC s’applique toujours à donner de la face à l’adversaire, mais ici, il le désespère. La réponse peut tenir à cette obsession de Xi Jinping, de ne rien céder, ni faire la concession affaiblissant un socialisme anxieux d’assurer son avenir. Xi ne veut pas être « le Gorbatchev de la Chine ».
– le désespoir des insulaires ne trahit-il pas une méconnaissance sur leur identité en pleine mutation ? Les Britanniques sont réellement partis. Ils sont bien Chinois. Et ces visiteurs braillards sont bien leurs concitoyens. Ainsi le Quotidien du Peuple est peut-être plus compatissant que fielleux en adjurant les étudiants hongkongais à ne pas gaspiller leurs précieuses années à enfoncer des moulins à vent, mais à se consacrer plutôt à leur avenir… matériel.

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