Le Vent de la Chine Numéro 17 (XX)

du 25 avril au 1 mai 2015

Editorial : Une grande muraille légale

En 2013, une des 1ères actions du Président Xi Jinping fut de créer sa Commission de Sécurité Nationale, chapeautant tous les pans de la vie publique. 24 mois plus tard, ses 1ers fruits apparaissent : trois lois et un règlement. 

Le 21 avril, la loi de sécurité nationale passa en seconde lecture devant le Parlement (ANP), avec en filigrane, la « dissémination des valeurs socialistes » et la « prévention de l’infiltration de standards moraux nuisibles », c’est-à-dire « occidentaux ». Il s’agit d’une vieille obsession « révolutionnaire », la recherche de l’âme chinoise et la traque de la démocratie « bourgeoise libérale ».
L’autre volet de la loi est tout aussi instructif : s’estimant vulnérable au hackage, la Chine en pleine création de son infrastructure financière internationale, veut prévenir ces risques par un contrôle strict de tout flux internet provenant de l’étranger. Or, des voix s’inquiètent, telles celles de Penny Pritzker, Secrétaire US du Commerce, et d’Eric Xu, CEO de Huawei, redoutant une protection excessive qui finirait par étouffer la Chine. Mais il faut le noter, avec ces deux volets, cette loi naissante va dans le même sens de contrôle absolu, que deux autres textes imminents sur l’anti-terrorisme et les ONG , déjà traités dans Le Vdlc. 

En outre, le Conseil d’Etat valide trois zones de libre-échange au Guangdong, à Tianjin et au Fujian (21/04), en sus de celle de Shanghai établie en 2013, et dote ces quatre zones d’un règlement unique. Sans surprise, ce dernier reflète le même souci sécuritaire, face à l’étranger. Chapeautée par le vice 1er Wang Yang, une « conférence » de 30 ministères va orchestrer la surveillance : 122 secteurs sont interdits ou bridés, dont l’édition, la presse, certains métiers financiers, le transport de passagers et de fret. Par rapport aux 139 interdictions jusqu’alors en vigueur à Shanghai, c’est un léger mieux mais on peut légitimement s’interroger sur les chances d’avenir de ces zones « franches » qui méritent si mal leur nom. La zone de Shanghai avait déjà refroidi nombre de sociétés étrangères. Avec ce nouveau règlement, ce sont en fait les monopoles locaux que le régime veut préserver. Ce qui est « normal », pour le professeur Oliver Rui (CEIBS, Shanghai) : « tout le monde fait pareil ». 

Au-delà de la préférence nationale, on peut y voir aussi le désir de préparer la dérégulation du yuan. Une fois la libre convertibilité atteinte, ou le yuan intégré au panier de devises du FMI, la Chine ne pourra plus maintenir un RMB bas pour faciliter ses exports. Dépourvu de sa « grande muraille monétaire », il deviendra vulnérable aux attaques de fonds de pension et de banques centrales contre sa monnaie ou ses places boursières, et les corrompus auront plus les coudées franches pour sécuriser leurs fonds hors frontières. Pourtant, la Chine n’a pas le choix, et va devoir assumer bientôt sa part dans le concert financier planétaire.
Par ces 4 textes de loi, le régime exprime la confiance de pouvoir prévenir ces attaques « de demain » par un tour de vis « aujourd’hui », sur tous les acteurs (chinois ou étrangers) susceptibles de s’y livrer. Au risque d’ignorer l’aspect obsolète et local de cette réponse autoritaire, et la possibilité qu’elle reste inopérante sur un défi économique qui est par essence inédit et mondial. Il ne faut pas non plus perdre de vue que « zhi da cai shu » (志大才疏), « l’ambition est grande, mais les moyens serrés » – l’équivalent de notre adage « qui trop embrasse, mal étreint », lequel peut aussi valoir en matière de contrôle social.


Géopolitique : Première Route de la soie, direction le Pakistan

Bien préparée, la visite de Xi Jinping à Islamabad (20-21/04) fut menée avec éclat, présentée comme le « 1er mouvement d’une symphonie des nouvelles Routes de la soie ». Parlant du Pakistan en effet, son allié historique, et des débuts de sa nouvelle diplomatie économique « une ceinture, une route » (« yidai yilu, 一带一路), Pékin se devait de déployer un feu d’artifices d’investissements et de projets chatoyants, histoire d’emporter les suffrages de toutes les nations de la région. 51 projets furent signés, 45,6 milliards de $ de financements promis. Le jeu consista aussi à démontrer que la Chine, ici, n’est pas en quête de profits, mais d’engagement géopolitique à long terme. 

Le chef de l’Etat chinois présenta aussi un projet complexe d’axes ferroviaires et routiers, oléo- et gazoducs et faisceaux à fibre optique, sur les 3000km entre Kashgar (Xinjiang) et Gwadar (Sud du Pakistan, donnant accès au golfe Persique). Creusé par la Chine depuis 10 ans pour 250 millions de $, ce port combine les attraits d’un havre en eaux profondes aux portes du Moyen-Orient, raccourcissant et sécurisant les circumnavigations.
Dans un élan lyrique, Ahsan Igbal, ministre pakistanais prophétisait que sous 30 ans, cette route de l’Europe connectant les trois Asie Centrale, de l’Est et du Sud, desservirait 3 milliards d’habitants et serait plus fréquentée que celle via Malacca. 

Sur la ligne de crédits engagée, 37 milliards de $ iront dans 21 projets d’énergie. Le tableau reste fragmentaire, mais l’essentiel ira en centrales à charbon, telles ces deux unités « super critiques » de 660MW de capacité. Les 2,1 milliards de $ de l’investissement seront assumés à 51% par la China Power Construction Corporation, et à 49% par un groupe qatari.
Le consortium des Trois Gorges posera sur la Jhelum, à Karot, un barrage à 1,65 milliard de $ d’une capacité de 0,72MW (1er projet financé par le fonds « Routes de la soie). Par contre, la Chine a fait le choix de ne pas toucher à Diamer Basha, barrage à 12 milliards de $, contesté par New Delhi : c’est sagement, pour ne pas se laisser entraîner dans cette dispute. China Power aussi, et State Grid, le distributeur interviennent sur d’autres chantiers importants : ensemble d’ici 2018, ce sont 16GW qu’ils rajouteront au réseau pakistanais, doublant ainsi sa capacité.
30 autres projets iront à l’axe stratégique de route nord-Sud, au « Corridor sino-pakistanais  » traversant le pays pour le relier au Xinjiang. Parmi ceux-ci, 14 km d’autoroute, un aéroport international, des zones industrielles autour du port de Gwadar (qui recevra 750 millions de $) et d’autres métropoles (Lahore, Islamabad).
Quoique discrète, la composante militaire est bien présente : en mars, Islamabad et Pékin concluaient l’entente sur une commande de 8 sous-marins chinois modernes S20 (porte-missiles sol-air et lance-torpilles) pour 5 milliards de $. La vente inclurait une base d’entretien et d’attache à Gwadar, destinée aux sous-marins des deux alliés : une clause qui, si elle se vérifie, fâchera un voisin indien peu ravi de voir mouiller à ses portes une escadre chinoise capable de verrouiller le détroit d’Ormuz ! 

Au demeurant, cet ensemble de routes industrielles et de bassins portuaires intégrés se veut ouvert aux pays voisins, y compris l’Inde.
L’Iran prépare une raffinerie à Gwadar, alimentée par un oléoduc iranien. Le Turkménistan prépare un gazoduc de 1400 km (via l’Afghanistan) et un terminal d’exportation de son GNL vers Chine ou Asie… Narendra Modi, le 1er ministre nationaliste indien, est attendu en mai à Xi’an et Pékin : Chine et Inde aussi, veulent faire converger leur croissance en synergie, et la Chine ne cache pas son ambition, par l’investissement et l’équipement, de fusionner ce glacis asiatique enclavé et en guerre froide depuis des générations. Ce qui sera pour lui le meilleur moyen, au passage, de protéger « son » Xinjiang de ses démons extrémistes/séparatistes. 

Carte Kashgar GwadarCela dit, à cette 1ère route « modèle » via le Pakistan, les obstacles demeurent, nombreux et titanesques, laissant les observateurs (surtout occidentaux) dubitatifs. Telle l’inconnue sur la disponibilité en l’eau nécessaire aux centrales et usines projetées. Il y a ce Baloutchistan, la région de Gadwar où le séparatisme est endémique, comme les groupes terroristes du type Al Qaeda ou E.I … Comme solution, la Chine arme le Pakistan, qui promet de déployer des troupes d’élite pour protéger les travailleurs et biens chinois le long de la route. Mais rien n’est garanti. 

Surtout, il y a la corruption locale, ancienne mais qui explose ; la déliquescence des institutions, la méfiance en l’avenir. En 13 ans, les Etats-Unis, autre allié stratégique, ont déversé 31 milliards de $ au Pakistan, entre-temps en partie détournés sans avoir pu créer du développement.
La Chine aura-t-elle meilleure chance ? Peut-être, si ce concept de Routes de la soie et la présence chinoise parviennent à ranimer l’espoir – le temps que les usines se montent, que les profits apparaissent, et que la colle prenne.


Hong Kong : Droit au clash

Depuis que Carrie Lam, patronne de l’administration de Hong Kong, a soumis (22/04) l’ultime offre du gouvernement pour le scrutin du Chef de l’Exécutif en 2017, les choses sont claires : pouvoir et opposition vont droit au clash.
Le plan confirme le suffrage indirect. Un collège électoral de 1200 notables choisis par Pékin doit désigner « 2-3 candidats », à une majorité d’au moins 50% – un mode choisi pour écrémer tout candidat déplaisant à Pékin. Suivra alors le vote dans les urnes, à « une voix par homme ». Ce système respecte la lettre, sinon l’esprit de la promesse faite par Deng Xiaoping à M. Thatcher en 1982, d’être « basé » sur les principes du suffrage universel. 

L’enjeu est de faire voter, selon la Constitution, la proposition à une majorité des deux tiers (sur les 60 voix du Legco). Les 27 démocrates peuvent donc le rejeter, et ils jurent de le faire. Dans leur perspective, ils n’ont à vrai dire pas le choix : ce scrutin éradique toute influence de leur part, et de celle des millions qu’ils défendent. Symboliquement, il y va de bien plus que du choix du leader, mais d’un droit limité à l’autodétermination. Pour le Chief Executive C.Y. Leung, l’offre de Pékin est « non négociable aujourd’hui, mais peut-être demain ». En face, on rétorque que c’est la dernière chance de sauver les libertés d’avenir… 

D’où, deux questions, qui en fait cristallisent les deux positions :
– pourquoi cette inflexibilité ? Dans sa tradition politique, le PCC s’applique toujours à donner de la face à l’adversaire, mais ici, il le désespère. La réponse peut tenir à cette obsession de Xi Jinping, de ne rien céder, ni faire la concession affaiblissant un socialisme anxieux d’assurer son avenir. Xi ne veut pas être « le Gorbatchev de la Chine ».
– le désespoir des insulaires ne trahit-il pas une méconnaissance sur leur identité en pleine mutation ? Les Britanniques sont réellement partis. Ils sont bien Chinois. Et ces visiteurs braillards sont bien leurs concitoyens. Ainsi le Quotidien du Peuple est peut-être plus compatissant que fielleux en adjurant les étudiants hongkongais à ne pas gaspiller leurs précieuses années à enfoncer des moulins à vent, mais à se consacrer plutôt à leur avenir… matériel.


Diplomatie : Chine-Japon, le dégel par étapes

À Jakarta le 22 avril, la conférence de Bandung réunissait les leaders d’Asie et d’Afrique, sur fond d’échanges transcontinentaux. Le clou attendu, était la rencontre des leaders nippon et chinois, Shinzo Abe et Xi Jinping, à la tête de pays brouillés depuis des lunes. La tension était palpable, vue la rivalité d’influence sur ces continents prometteurs du plus intense effort d’équipements dans les décennies à venir. 

Les n°1 s’étaient déjà revus à Pékin au sommet de l’APEC en novembre, mais d’une manière froide. Or, à Jakarta, ces hommes donnèrent la mesure de leur sens de l’Etat en poussant la réconciliation. Ils le firent à dose homéopathique, selon ce style classique au PCC, nécessaire pour préparer au tournant. Demandée par Tokyo, l’entrevue avait été soigneusement préparée par Abe en communiquant à l’avance son discours à la partie chinoise. Xi avait retourné la politesse en envoyant Cheng Yonghua, son ambassadeur à Tokyo, auprès de Akitaka Saiki, vice-ministre des Affaires étrangères, la veille du sommet. 

Sous ces auspices, le dialogue dura 30 minutes (contre 5 à l’APEC). Abe promit d’ « œuvrer avec la Chine pour la stabilité régionale », et pour « réduire les tensions en mer de Chine de l’Est ». Xi adjura les nations à « réduire la charge des soupçons mutuels » et promit que Chine et Japon « ne seraient pas un danger l’un pour l’autre » à l’avenir. On ne pouvait espérer plus ! 

Pour autant, tout en maniant la fleur de la main gauche, les leaders gardaient l’épée au fourreau, prêts à dégainer. Toute l’assemblée attendait de voir en quels termes Abe présenterait les crimes du Mikado en Chine (1931-45) : après en avoir conféré des jours entiers avec ses ministres et conseillers, il se borna à évoquer ses « profonds remords », sans réitérer les « excuses » ni l’évocation du passé « colonial », comme l’avait fait son prédécesseur Junichiro Koizumi en 2005. Et Xi répliqua en lui demandant de bien « prendre en compte les soucis de ses voisins asiatiques »… 

En tout état de cause, entre ces hommes, ces propos convenus servaient à cacher les véritables sujets : Abe allait-il soutenir Xi Jinping lors de son prochain voyage aux Etats-Unis (en s’abstenant de critiquer), les célébrations chinoises du « 70ème anniversaire de la Seconde guerre mondiale » (en y participant), ou la nouvelle banque internationale chinoise, la AIIB (en y adhérant) ? Avait-on déjà trouvé un terrain d’entente pour enterrer le conflit des îles Diaoyu-Senkaku ? En 30 minutes, ces sujets furent survolés – en secret. A ce qu’on peut noter, tous sont du domaine « réglable, à condition de bonne volonté ». Et celle-ci semble en voie de retour !


Monde de l'entreprise : Public et privé, faillites comparées
Public et privé, faillites comparées

Le 21 avril, Tianwei de Baoding (Hebei) tombait en quasi- faillite, après avoir renoncé à payer 14 millions de $ d’intérêts sur une obligation de 242 millions. Tianwei produisait des transformateurs et du polysilicone, matière 1ère des panneaux solaires. Le défaut est attribué aux surcapacités mondiales (60%) en cellules photovoltaïques, à l’assèchement du crédit, et à la volonté du Conseil d’Etat de consolider les différents secteurs de l’économie. L’affaire a fait l’effet d’une bombe car la dette réelle de Tianwei est estimée à 1,6 milliard de $, et la firme est une filiale d’un consortium public de défense, d’ordinaire chouchouté par les banques et les ministères. C’est la 1ère fois qu’une firme d’Etat mord la poussière, et c’est un avertissement sans frais aux groupes publics, de mieux se gérer, ou de mettre la clé sous la porte. 

<p>Cette imminente faillite s’explique aussi par la nouvelle politique publique en fait d’obligations, principal outil de refinancement des provinces. Pékin autorisait en mars 160 milliards de $ d’émissions de bons provinciaux. Mais cette sorte d’ « assouplissement quantitatif » ponctionnant l’épargne des ménages, a pour corollaire l’interdiction aux provinces de sauver leurs « canards boiteux » : que les crédits désormais limités, aillent aux firmes les plus dynamiques !

Au même moment, le groupe immobilier Kaisa annonçait faire défaut sur deux obligations pour 1 milliard de dollars, avec une dette de 10 milliards. Quoique comparables, les deux dossiers sont en fait diamétralement opposés, Kaisa étant un groupe privé, et sa dette à l’étranger. Dans le cas Kaisa, c’est de la fragilité des promoteurs chinois dont on parle : profitant de l’engouement mondial, ils ont levé, en obligations 66 milliards de $, dont 26 milliards de $ en 2014. Et vu la chute des commandes et du crédit frais, d’autres faillites risquent de suivre. 

Comment ces deux affaires vont-elles être démêlées ? Suite aux interventions invisibles de l’Etat, la faillite du groupe privé Chaori, fabricant de panneaux solaires, en mars 2014, s’était bien terminée pour les petits actionnaires (seules les banques avaient perdu). Mais à présent, l’Etat veut rester à l’écart. Le scenario le plus raisonnable est que, dans l’affaire Kaisa, les investisseurs étrangers (banques et fonds de pension asiatiques) n’auront que leurs yeux pour pleurer !


Politique : Deux manières de se faire du « blé »…

Début avril, dans la province du Jilin, un négociant acheta à un dépôt de Sinograin (qui a le monopole du stockage) 47 tonnes de riz à 2,84¥ le kg, prix légèrement inférieur aux cours normaux, car il datait de 2011. Puis à l’aide d’un second trader, il alla les revendre à un autre dépôt Sinograin, complice de la combine, au prix de 2014, gagnant ainsi 10.000¥.
Mais l’arnaqueur ignorait qu’il était filmé par la CCTV, pour le reportage-choc, « Rats dans le grenier », diffusé le 18 avril. Le rouge au front, Sinograin, promit, un peu tard, de les éradiquer en collaborant fermement avec les districts. Puis Global Times révéla que les dépôts du Jilin et du Liaoning échangeaient leur grain de l’année pour du périmé, touchant les 700¥ par tonne de différence. 16.000 tonnes viennent d’être saisies sur un seul dépôt—en même temps sans doute que son manager.
Le Dongbei n’est pas seul à jouer à ce petit jeu : à Canton, les dépôts achètent frauduleusement du riz thaï ou vietnamien, en le faisant passer pour du riz chinois, afin de récolter la différence entre prix d’achat à l’étranger, et prix local subventionné. 

<p>Le problème vient du système, mis en place sous Mao, accordant le monopole public sur la production agricole.
Avant la campagne anti-corruption, des milliards de $ de fonds publics étaient brassés sans nul contrôle. Or la Chine gère 40% des réserves mondiales de coton, 60% du maïs, maximisant ainsi les détournements. Comme solution, les experts proposent de privatiser les silos, comme en Europe, et abandonner progressivement les achats publics à prix garantis, comme pour le coton dans le Xinjiang

Au sud, South State Grid, le distributeur d’électricité, vient de voir deux de ses vice-présidents arrêtés : ils vendaient sous le manteau, des postes de cadres, jusqu’à 3 millions de ¥ la place. Ceux-ci se remboursaient vite, en prenant jusqu’à 30% de bakchichs sur les contrats de fourniture ou en plaçant en « tête de liste d’attente » les usines candidates au raccordement, ou en échange d’un banquet, réduisaient jusqu’à 90% les factures d’électricité des clients.
Pourtant, la fraude allait se résoudre d’elle-même : les usines du Guangdong étant désormais raccordées au réseau, et leur consommation suivie de manière inviolable par des compteurs. Par contre, pour State Grid, commence une longue marche pour identifier et écarter les cadres corrompus et incompétents, voire supprimer leurs postes, s’ils ne servent à rien.


Petit Peuple : Changsha – Don Yuan, l’éternel tombeur

Dès le plus jeune âge, Yuan Li a appris à chalouper dans sa vie, en compensant sa mollesse (disons-le, sa paresse) par son opportunisme, instinct inné à détecter les situations à son avantage, ainsi que par ses talents de joueur et de bluffeur.

À Changsha (Hunan) sa ville natale, ce fils unique de 35 ans (mais qui en parait 15 ans de moins) a été gâté plus que de raison par une maman qui voyait en lui l’enfant du miracle. Son père, chef d’usine, qui partageait sa vie entre son bureau, son nid d’amour et d’autres lieux de plaisirs avec ses relations d’affaires, négligeait la maison et ses devoirs d’éducation.

De cette jeunesse dorée , Yuan Li a acquis le « tempérament du jeune maître » (少爷脾气, shàoye píqi) – un caractère capricieux. Afin que sa mère lui cède tout, il avait appris à la manipuler, alternant flatteries et mots cassants, caresses et froideur inflexible. 

Très vite, son visage angélique et son apparence flatteuse l’ont poussé à reproduire l’emprise qu’il avait sur sa mère, auprès des filles de sa classe. 

Mais son regard inquisiteur ne trahit que l’énergie appliquée à subjuguer les autres, et non celle d’étudier, ni de construire, ni de voyager – aucun grand rêve ni projet de vie. Tout ce qui l’intéresse, est de multiplier les conquêtes pour jouir de son pouvoir sur elles. Sans le savoir, Yuan Li avait dès lors sa carrière gravée dans le marbre, celle d’un gigolo !

Xiaohua, sa première conquête en classe de troisième, il l’avait séduite en 2000, à 15 ans. Lihong, la seconde, suivrait trois semaines plus tard. Dès ce moment, il donnait la preuve de son formidable don de dissimulation, parvenant à mener plusieurs relations simultanées avec des écolières se connaissant, sans que ces dernières n’aient jamais le moindre soupçon de la duperie dont il se rendait coupable à leur égard… 

D’un naturel languide, cet amoureux du moindre effort faisait l’école buissonnière. À 16 ans secrètement, Yuan Li abandonnait les études. Mis quelques mois plus tard, devant le fait accompli, son père enragé le chassa de la maison, lui intimant de subvenir à ses besoins. « Qu’à cela ne tienne, se dit alors Yuan Li, le sourire aux lèvres, ce seraient « mes » femmes qui me feraient vivre désormais » ! 

Les séduire était si facile, rien que par le regard, les yeux dans les yeux. A toutes ces filles de rencontre, il lui suffisait de leur faire entrevoir le bonheur d’une vie commune. 

Tôt, il s’était fait une conception de l’amour au féminin, ridiculement fausse, mais redoutablement efficace. Parlant peu, exigeant tout, récompensant tel un lion superbe et généreux, il se rendait maître en peu de temps. Elles tombaient sous sa coupe, n’ayant plus rien à lui refuser. Puis sa botte secrète était de les faire languir, sans même donner de ses nouvelles. Il disparaissait, trop occupé à passer chez toutes les autres. 

Puis resurgissait pour une nuit, retour inopiné comblant la belle de bonheur après tant de solitude. Il repartait le lendemain, au plus tard après 2 ou 3 jours – ne jamais les laisser le retenir, tel était son principe.

Par contre, fait très remarquable chez ce séducteur professionnel, avec ses centaines de ses maîtresses, Yuan Li ne rompit qu’une fois. Quitte à ne les revoir qu’une fois par mois, ou par an, il retournait toutes les voir un jour. Et pour cause, à chacun de ses passages, après avoir seriné une explication pour justifier son absence (une histoire à dormir debout—plus c’était gros, et plus ça passait), il exigeait son écot : une liasse de billets, un dîner dans un bon restaurant, une virée dans un centre commercial à la mode pour refaire sa garde-robe,- avec l’argent des amantes. Et toutes acceptaient !

Ainsi Qingye, la seule qu’il épousa (une erreur de jeunesse) avant d’en divorcer sur le tard, lui remit un total de 250.000¥ en 7 ans. 

Tentant une estimation grossière des prélèvements de Yuan Li , le Journal de Changsha évoque 500.000 ¥ en 10 ans auprès de toutes ses maîtresses –mais comme il ne note que les montants avoués par ses victimes, on peut imaginer que le butin réel ait été beaucoup plus lourd. 

Tout s’arrêta le 24 mars 2015, quand au volant de la BMW d’une de « ses » femmes, il eut un accident. 

Opéré d’urgence, son état imposait à l’hôpital, selon le règlement, de contacter ses proches dont les numéros figuraient sur son téléphone portable ou son Wechat. 

Et voilà qu’en quelques heures, au couloir des visiteurs, non pas une, mais 17 femmes se présentèrent l’une après l’autre, toutes exigeant de voir leur compagnon blessé—celui avec lequel elles croyaient partager leur existence !

Que voilà donc une affaire mal engagée ! Comment Yuan Li va-t-il s’en sortir ? Vous le saurez au prochain numéro


Rendez-vous : Semaine du 27 avril au 3 mai 2015
Semaine du 27 avril au 3 mai 2015

25-28 avril, Nankin : World Bio Expo

25-28 avril, Shenzhen : Gifts and Home China, Salon des cadeaux, artisanat, montres et équipements pour la maison

27-29 avril, Pékin : Salon international des spas, piscines et saunas

27-29 avril, Shanghai : PM China, Salon et Conference -Power Metallurgy

27-29 avril, Pékin : CementTech China, ConcreteTech China, Salons internationaux de l’industrie du ciment, et du béton

27-29 avril, Shanghai : Salon et Conference -Hard Alloy

28-29 avril, Pékin : GMIC – Global Mobile Internet Conference

28-30 avril, Shanghai : SNEC PV Power Expo, Salon et conférence sur l’énergie photovoltaïque

28 avril – 4 mai, Canton : Boat China & Water Sports Expo, Salon des sports nautiques