L’histoire récente des rapports sino-indiens est décidément faite de bouleversements sans nuances, tiraillée entre une méfiance séculaire, la conscience d’un destin à partager, et une volonté politique réciproque d’aller de l’avant.
De 1962 à 1988, c’était l’inimitié, suite à une guerre frontalière gagnée par Mao. De 1988 à 2009, c’était la normalisation et la reprise des échanges. Puis venait un malaise dû [1] aux revendications chinoises sur l’« Arunachal Pradesh » (le «Sud-Tibet» pour Pékin), [2] à l’expansion chinoise en Mer de Chine du Sud, et [3] au « collier de perles », bases déployées autour de l’Inde (Birmanie, Pakistan, Sri Lanka). En résultait un réarmement indien importé de Russie (3MM$ pour un porte-avions, un sous-marin nucléaire), de France (25MM$ pour six sous-marins sous licence, voire 126 chasseurs Rafale)… Delhi se rapprochait aussi d’autres pays, comme le Japon et Vietnam.
Mais depuis le 17/01, le balancier rebascule au positif : à Delhi, le Conseiller d’Etat Dai Bingguo rencontre le cabinet de Singh, lui offre d’associer les gouvernements aux meetings frontaliers aux côtés des militaires (seuls jusqu’alors), pour éviter tout dérapage. Une réflexion pragmatique est menée en commun sur la manière de « vendre » tout accord frontalier futur au Parlement. Et le 08/02, SM. Krishna, ministre des Affaires étrangères, inaugure à Pékin sa nouvelle ambassade. Il énonce la nouvelle ligne de conduite mutuelle : des liens repensés selon « une approche flexible et imaginative ». Autrement dit, on recommence tout à zéro – balle au centre.
Sommaire N° 5