Portrait : Portrait : Yu Zhengsheng, habile « fils de prince »

Portrait : Yu Zhengsheng,  habile « fils de prince »

Nous poursuivons ici notre visite au jardin secret des futurs leaders présumés : ces portraits du Comité Permanent et du Politburo feront partie d’une Etude du Vent de la Chine, à paraître fin novembre.

<p>N°1 du Parti à Shanghai depuis 2007 (succédant à Xi Jinping et à Jiang Zemin), Yu Zhengsheng concentre dans son arbre généalogique tous les antagonismes de la Chine du XX siècle

Son père Yu Qiwei (1912-1958) fut « héros de la Révolution » et maire de Tianjin. Sa mère Zhang Zhikai (1915-1994) était fille d’un célèbre général, Zhang Zhenhuan. Mais il y a aussi chez lui des « moutons noirs », tels son grand-père et son cousin, qui suivirent en 1949 Chiang Kaichek à Taïwan et y furent notables. Et surtout Yu Qiangsheng, son frère aîné, ex-officier supérieur du ministère de la Sécurité d’Etat, qui fit défection aux USA en 1985.
D’autres que Yu Zhengsheng auraient pu y voir leur carrière brisée. Mais il avait eu la chance de « dépanner» auparavant Deng Pufang, fils de Deng Xiaoping, dans une affaire fiscale. Alors, en 1995, le Patriarche lui permit de franchir l’obstacle, et sans autre encombre, il est aujourd’hui en passe d’accéder au noyau dur du pouvoir suprême.

Né en 1945 d’une famille noble à Shaoxing (Zhejiang), Yu perdit six membres de sa famille durant la Révolution culturelle. Ayant réussi à se faire accepter à l’APL, il sortit diplômé de l’Institut militaire de Harbin (1968), expert en balistique, pour entrer en 1982, vice-directeur au ministère de l’Industrie électronique sous les ordres de Jiang Zemin (1982-1985) – dont il devient un protégé. Il fera ensuite carrière au Shandong, à Yantai (1985-1989) et Qingdao (1989-1997), avant de remonter à Pékin en 1997 comme n°2, puis ministre de la Construction. Son passage (2001-2007) au Hubei comme secrétaire du Parti, scellera son entrée au Comité central(2002).

Yu Zhengsheng passe pour flexible, ouvert au compromis

Témoins, son recul sur le projet de liaison Maglev Shanghai-Hangzhou (2008) que rejetaient les riverains, ou suite à l’incendie d’une tour de Shanghai en 2010 (58 morts), où il présenta des excuses publiques. Fin administrateur, il ne craint pas les réformes impopulaires. De son temps à la tête du Hubei, il abolit, à Wuhan, 500 laissez-passer autoroutiers pour les voitures de fonction des cadres, et supprima des grasses primes en cash à ses fonctionnaires, remplacées par un subside mensuel de…400¥. 

Habile, Yu sait s’adapter, dit-on, à chaque nouvel environnement politique. Son expérience et ses déclarations laissent entrevoir une ligne politique en faveur du secteur privé, d’une croissance davantage axée sur l’urbanisme. À l’évidence, il est aussi en faveur d’avancées prudentes dans le domaine législatif, la réforme sociale et le renforcement de la « confiance mutuelle » dans la société. 

Hélas pour lui, son âge (67 ans) le fait arriver un peu tard au Comité Permanent, pour pouvoir guigner plus haut. Yu est pressenti au poste honorifique de Président de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois), voire (avec de la chance) vice-Premier ministre. En définitive, tout dépendra l’influence de Jiang Zemin : sa promotion servirait à brider celle de Li Keqiang, le protégé de Hu Jintao

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