Temps fort : PCC : Environnement, un bilan accablé

Le 3 juin, le ministère de l’environnement publiait son bilan de ses airs, sols et eaux: examen alarmiste. Li Ganjie le vice-ministre, évoque une situation «très grave». 16,7% des cours d’eau sont impropres à l’irrigation, et 43% des lacs et réservoirs sont eutrophisés, saturés d’en-grais au point d’être couverts d’un tapis végétal éteignant toute vie sous lui. 50% des villes du pays souffrent de pluies acides et 20% n’atteignent pas les normes atmosphériques nationales (inférieures à celles de l’Organisation Mondiale de la Santé).

La Chine compte 2588 réserves «protégées», 14,9% de son sol, mais 22% sont grignotées par des chantiers sans permis, pouvoirs locaux complices. Car on est ici dans la Chine des mairies et provinces, sourde aux ordres de Pékin, et pour qui croissance à tout prix, PIB et emploi comptent plus que la protection du milieu naturel. Aussi la biodiversité chinoise perd du terrain à grande vitesse.

Par rapport à tous ces maux, un problème semble encore mince : les cas d’empoisonnements aux métaux lourds, 14 en 2010, 7 de janvier à mai 2011. Mais comme 1er consommateur de plomb et 1er producteur de batteries au monde, sans législation sur l’usage des métaux lourds, le vice-ministre ne peut que sonner l’alarme: « ces incidents ne font pas qu’affecter sérieusement la santé publique, ils endommagent aussi la stabilité sociale et il faut bien admettre que la situation est sévère ».

En terme de progrès, le ministère a tenu ses objectifs de réduction de 32% des émissions d’effluents aquatiques, et de 19% pour celles de dioxyde de souffre dans l’air. Mais pour celles de CO², il ne cherche pas même à produire un chiffre— il n’en a pas le droit, c’est trop sensible.

La pollution agricole aussi est lourde : 1ers au monde pour bien des espèces, les élevages chinois rejettent 243 millions de tonnes d’excréments et 163Mt d’urine qui contaminent pour des dizaines d’années sous-sols et nappes phréatiques.

Le ministère affirme bien avoir rejeté 59 projets comme nuisibles à l’environnement, mais sans données chiffrées, et sur les territoires excentrés tels Tibet, Xinjiang ou Mongolie, il avoue son impuissance : les besoins bruts en minerais, houille et hydroélectricité priment sur le reste. Son manque d’effectifs reste notoire…

Le rapport ne reprend pas l’étude de juin 2010 de l’office de prévention/contrôle épidémique, qui dénonçait 2,2 millions de morts/an sous la pollution en appartement, 10 fois plus contaminés que l’extérieur. Ni celui du MIT (Massachusetts Institute of Technology) (2011) qui estime, sur base de l’étude de l’atmosphère chinoise de 1975 à 2005, une perte de PIB de 6 à 9%.

Tirant de ce rapport sa propre évaluation, notre collègue Jonathan Watts, un des meilleurs experts en matière de politique environnementale, accorde au ministère un « D+ » sous l’angle de l’attitude, soit « médiocre mais manifestant une indiscutable volonté d’agir ». Quant au résultat lui-même, c’est un « E », soit « échec dangereux ».

On aimerait offrir en conclusion une scène plus souriante. Hélas écrivant ces lignes, tombe la nouvelle que Pékin menace l’Europe des 27 de guerre commerciale, si celle-ci insiste pour imposer au 1/1/2012, ses taxes carbones aux avions chinois survolant son territoire (cf VdlC n°21). La Chine envisage des amendes aux flottes européennes, et/ou des fermetures de liaisons. Bruxelles a déjà proposé une exemption, si les transporteurs chinois démontrent des « mesures équivalentes » de réduction d’émission…

Affaire à suivre, mais au plan mondial comme sur son sol, au nom de « sa » souveraineté, la Chine reste fermée à toute concession pour protéger l’air et l’eau de la planète bleue.

 

 

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