Présenté le 25/05, le sondage de la Chambre de commerce européenne, EUCCC, sur l’indice de satisfaction de ses membres en 2010, est un masque à la Janus, joyeux ou triste selon son angle de vision ou sa grille de lecture. Il révèle en tout cas, chez les groupes expatriés un intérêt rarissime : sur 600 interrogés, ils ont été 598 à répondre !
Côté « Jean qui pleure », 43% se disent discriminés (10% de plus qu’en 2009), et d’ici 2013, 46% s’attendent même à voir l’injustice empirer. 83% espèrent de Pékin un geste pour relâcher la protection de ses monopoles, et 88% déplorent la «dégradation de l’état de droit». Comme dans ces faux appels d’offre en équipements ferroviaires où les étrangers ne cherchent même plus à concourir, ou dans les éoliennes où ils suspendent ou limitent leurs investissements. L’AmCham, la Chambre américaine, aussi, en avril, dénonçait les politiques discriminatoires chinoises, surtout dans les secteurs high tech.
Côté « Jean qui rit », 78% ont fait des profits dans l’année, contre 50% en 2010.
Presque tous (71%), des profits en hausse. Le statut «stratégique» du pays est confirmé, selon D. Cucino, successeur de J. de Boisséson à la tête de la Chambre : par son marché, et par son rôle dans les circuits mondiaux d’affaires. Aussi, 59% des membres préparent un investissement majeur sous 2 ans – 20% de plus qu’en 2009. En filigrane de cet optimisme, le XII. Plan joue son rôle, prétendant anesthésier les secteurs gros énergivores et polluants et préparer le tournant vers l’économie durable – favorable aux groupes étrangers à haute technologie.
Le même sourire était affiché en avril à la Chambre française CCIFC, dont la Présidente A. de Kermadec-Bentzmann, révélait le bon bilan des firmes tricolores pour 2010 en Chine, avec 35MM² de chiffre d’affaires : le triple de l’export français qui, à 11MM², avait pourtant progressé de 39%. Les 1000 firmes-membres comptaient 2300 filiales et 500.00 actifs, et déployaient leurs antennes vers les villes de l’intérieur, telles Changsha ou Kunming. Cette confiance, les groupes français la traduisent en projets :
– voyant 40% de tout projet énergétique mondial investi en Chine, Alstom-Grid ouvre en mars à Shanghai son centre de R&D en lignes UHV (continu et alternatif), attendant sa part d’un marché de 8MM$ d’ici 2020, et prépare avec Shanghai Electric une JV des turbines-vapeur, à 50/50%, leader mondial avec un carnet de commandes de 2,5MM$.
– 1èrebanque en dépôts de l’²-zone, BNP-Paribas annonce le doublement de ses revenus en Chine en 2010, espère 200 à 300% de progression d’ici 2016, et prépare une entrée en bourse de Hong Kong, pour soutenir son expansion en Chine.
– n°5 mondial, Sanofi sort Pentaxim, son multi vaccin pédiatrique. En 2010, il doublait ses ventes de 2008 à 1MM². Mais étant arrivé relativement tard en Chine, il doit déployer des stratégies «accélérées» pour faire de ce marché sous 5 ans, comme il le vise, son n°2 mondial derrière les USA: par rachats de sociétés, et par une coopération avec le ministère de la santé, contre le cancer et le diabète.
– 3ème vitrier automobile en Chine (2ème mondial), St Gobain veut doubler sa capacité par une usine de verre «flotté» à Qingdao, s’ajoutant à ses unités de Shanghai et de Nankin. Pour 50M² d’investissement, il veut équiper 1,5million de véhicules dès 2014, et d’ici 2015, 45% de la production nationale.
– Total obtenait en mars l’exploitation du champ gazier de Sulige : JV à 2MM$ avec la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, dont il aura 49%, (capacité attendue de 50.000 barils/j équivalent). Un parmi la dizaine de projets majeurs dans ses cartons chinois.
– Michelin annonce un nouveau site pour l’usine de Shenyang devenue obsolète, pour 1,4MM$ (camions, voitures), la création d’une JV pour pneus Warrior pour tourisme-camionnettes, et celle d’un centre de R&D à Shanghai…
Sommaire N° 20