Le Vent de la Chine Numéro 20

du 29 mai au 4 juin 2011

Editorial : Diplomatie—une course à perdre haleine

Cela frappe quand on y pense: d’une prudence proverbiale face à tout risque en politique, Pékin exprime l’hyperactivité sur un seul point, la diplomatie. En 25 jours (27/04-22/05), ses leaders ont arpenté pas moins de 21 pays de tous les continents, sauf l’Océanie…

Pourquoi ce dynamisme, limité au tapis vert ? La raison, semble-t-il, tient aux profits géants que le pays tire de ces visites, pour des risques en fait limités :

[1] les contrats aux dizaines de groupes d’état toujours présents dans ces missions (la Chine finance, eux raflent les marchés),

[2] l’influence sur ces pays éblouis par sa manne salvatrice, et

[3] les conditions léonines qu’elle lie secrètement au rachat d’une part de leur dette: pour Lisbonne ou Athènes, par exemple, le devoir de faire veto à toute pression européenne à la réévaluation du yuan… En un mot, ces visites accélèrent son passage à l’état de puissance mondiale, presque sans autre contrainte que celle de replacer son argent…

Pour le 60. anniversaire des relations bilatérales, Y. R. Gilani, Président pakistanais était à Pékin (17-20/05), après l’exécution par les USA de Ben Laden sur son sol -une privauté dont l’armée pakistanaise reste fâchée. Ceci ne fit que renforcer l’alliance Pékin-Islamabad, nourrie depuis longtemps par l’inimitié inévitable avec l’Inde. En 2010, ils s’échangeaient pour 8,7 milliards$ soit +27%. Lors de sa visite, Pékin offrit à Gilani 50 chasseurs JF-17, et quelques frégates de 4400t « à crédit ».

Ministre de la défense, A. Mukhtar annonça que la Chine reprendrait la gestion du port de Gwadar, bâti par elle pour 258 millions$ dont 80% à sa charge. Elle y adjoindrait une base navale : sur les nerfs, Delhi répliqua qu’en ce cas, elle-même accélérerait sa course aux armements. Suite à quoi Pékin démentait, prétendant ne rien savoir-on danse sur des oeufs… Mais amitié mise à part, entre alliés, la désillusion hante. Pour sa filiale Zong, en 2007 au Pakistan, China Mobile a payé cher (560millions$), mais peu gagné, restant 5ème opérateur du pays avec sept millions d’abonnés. Faute d’avoir appris, sur son marché captif chinois, ce que concurrence veut dire, et à changer de modèle commercial là où le sien ne marche plus…

A Fukushima qu’il visitait avec son collègue Naoto Kan et le sud coréen Lee Myung-bak (21/05), «grand-père» Wen Jiabao emporta un succès d’estime près des sinistrés nucléaires. Puis en conclave, ces leaders régnant sur 20% du produit mondial brut convinrent d’accélérer la création d’une zone de libre échange trilatérale.

Fukushima aurait pu marquer le départ d’une reconstruction du Japon en symbiose avec Pékin. Mais cela ne le sera pas -encore- le cas : la méfiance reste, avec les préjugés antiques. Et le quota imposé en mars par la Chine sur l’export des terres rares, vitales à l’industrie nippone, n’a rien arrangé. Il n’empêche, Wen visait bien, à long terme, la création d’un tandem aujourd’hui inimaginable, d’un couple sino-nippon dont Pékin serait la locomotive, et Tokyo, le tender.

Enfin, comme pour rappeler au monde la force de leur alliance, Kim Jong-il, le «cher leader» nord coréen, faisait en Chine sa 7e visite, le jour du sommet trilatéral – contrepoint yin yang politique. Ce long voyage en train (4000km, 6 jours) lui fit visiter usines et fermes modèles entre Nord-Est, Jiangsu et Pékin, rencontrer Jiang Zemin et Hu Jintao. Suite à la visite, l’île nord-coréenne de Hwanggumpyong devrait recevoir des usines, des hôtels chinois. Quelques postes frontières devraient s’ajouter entre le Pays du Matin Calme et l’Empire du Milieu, son seul soutien après ses dernières foucades Blitzkrieg.

En pleine période troublée de succession dynastique (son dauphin Kim Jong-Un était du voyage), il n’était pas question, pour le dictateur héréditaire, de passer à une réforme économique à la chinoise. Mais au moins, de l’« étudier », ne serait ce que pour voir se maintenir le flux de riz salvateur.

Pour Pékin, le temps vient de cueillir les fruits de son patient investissement : la reconstruction d’un pays où tout est à refaire, et un traité de paix entre les six pays parties prenantes. L’intérêt sera d’ôter à la 6ème flotte américaine son justificatif pour rester dans les mers d’Asie du Sud-Est, que la Chine revendique comme son «Lebensraum».

 

 


A la loupe : Aviation civile, crédits carbone : Pékin, le doigt dans l’engrenage

Au 1/01/2012, les compagnies aériennes opérant dans l’Union Européenne devront régler des droits de polluer : dans le cadre du système ETS (Emissions Trading System) adopté dès 2005 par Bruxelles contre les émissions de CO².

L’ETS offre aux transporteurs la gratuité sur 82% des émissions. 15% sont soumis à crédits (les 3% restants sont mis en réserve), ceux non utilisés pourront être échangés en bourse des crédits… Dans le système ETS qui couvre déjà 11.000 types d’activités à travers l’Europe, l’aviation civile sera le second contributeur, derrière les centrales thermiques. Or, par la voix de la CATA (China Air Transport Association), la Chine dénonce le système et les 87M²/an dont l’Union Européenne veut la taxer.

En fait, cet ETS « aérien » semble une conséquence inéluctable de l’échec du sommet de Copenhague. En 2009, en alliance tacite avec les USA, Pékin avait sauvegardé le statu quo qui le privilégiait immensément, par un droit de pollution illimitée : le principe de «responsabilités communes mais différentiées» entre pays riches et pauvres. Or à présent, pour briser le blocage, l’Europe cherche à imposer une discipline climatique au monde, sur son propre sol.

La CATA prépare une contre-attaque tous azimuts.

Au plan légal, elle observe à Luxembourg le procès intenté auprès de la Cour européenne par les transporteurs américains, criant à la violation de la Convention de Chicago. Et menace l’Union Européenne d’autres actions devant l’Organisation mondiale du commerce, OMC etc., alléguant le déni du principe de Kyoto déjà cité.

Au plan diplomatique, de même qu’à Copenhague, elle se réfugie derrière les pays pauvres, réclamant pour eux un statut spécial dans l’ETS.

Au plan commercial, dit Reuters, elle ferait pression sur Airbus. Peut-être car l’avion gros porteur C919 , projet de la COMAC, consommera 15% de plus par siège que le dernier né d’Airbus, l’A320 Neo, et sera donc plus taxé. Elle aurait aussi menacé, en cas d’imposition de l’ETS, de taxes de rétorsion sur les transporteurs européens.

En avril, ses négociateurs étaient à Bruxelles, pour optimiser cette intimidation et obtenir l’exemption prévue par l’ETS, en faveur des compagnies réduisant leurs émissions. Mais à l’Union Européenne, une marche arrière semble impensable, vu l’obligatoire égalité de concurrence. D’ailleurs, des contre-mesures sur Air France ou Lufthansa plongeraient les deux blocs dans la spirale de sanctions et sur Airbus, elles frapperaient les emplois chinois d’Airbus Tianjin.

Pour l’instant, Pékin, vigilant et prudent, garde le silence : c’est que d’autres enjeux se profilent : l’Union Européenne veut inclure la marine marchande dans l’ETS, et abandonner dès mai 2013 un système bancal de crédits carbone de l’ONU, dont profitent surtout Chine et Inde. La Chine se demande donc comment éviter ce 1er pas vers le système de discipline internationale, si contraire à son dogme opportuniste.

C’est alors qu’on voit, en Chine même, se lever un vent nouveau. Des voix réclament le passage aux responsabilités de puissance. CCTV elle-même communique que l’ETS se soldera, par billet A/R vers l’Europe, par un surcoût de 20 à 30² : pas de quoi pousser les « carriers » à la faillite.

Question ultime : que fera la Chine au sommet de Durban (Afrique/Sud), en nov-décembre prochain?

Deux signaux fort vont bientôt tomber: le verdict de Luxembourg (en juillet), et d’éventuelles concessions européennes. Mais pour sa malchance, ce dossier fait face à un calendrier défavorable, à 11 mois du XVIII Congrès. D’ici là, un Parti communiste chinois et un pouvoir en plein bal des promotions, sous le jeu des factions et des campagnes, ne peuvent pas se permettre de sembler faire des concessions, au prix de l’intérêt national.

 

 


A la loupe : La qualité alimentaire, dans l’oeil du typhon

Ces derniers mois voient s’amplifier dans la presse l’angoisse sur la sécurité alimentaire. S’alternent les scandales et les actions de l’État pour reprendre le contrôle. Parmi les causes:

[1] la pénurie mondiale climatique, aggravée en Chine par la propriété foncière «publique» (l’avalanche d’expropriations abusives), empêchant le paysan d’investir;

[2] les carences de la supervision et le débordement de la corruption. La méfiance ouverte de la rue envers sa nourriture, exprime aussi une impatience croissante, face aux ratages du cadre régulateur.

Riz au cadmium, «mantou» (pain) trafiqué, jambon rance (ce dernier cas, du 26/05, du groupe Yurun, coté à Hong Kong)… Les cas de «malbouffe» déferlent en 2011, plus fort qu’en 2008, année du scandale de la mélamine. Entre-temps, leur nocivité est davantage documentée : 2314 additifs sont accusés de 25000 lymphomes cancéreux/an, 12ème cause de mortalité nationale. Toujours plus ferme, l’état a embastillé 220 fraudeurs de septembre à avril 2011, selon Qiu Xueqiang, vice-procureur suprême.

La carence du système est attribuée à deux causes : [1] l’émiettement de la responsabilité entre huit agences, tels les ministères de l’agriculture ou de la santé, l’AQSIQ (agence de la quarantaine) ou l’agence des médicaments: comme en tous domaines, chacune se comporte en bastion jaloux de ses prérogatives, ne communiquant et ne coopérant pas.

[2] des sanctions plutôt faibles, 3 à 7 ans, rendant le délit attractif. Mais de récents progrès apparaissent, traduisant l’anxiété du pouvoir. Sur le pénal, la Cour Suprême vient d’ordonner d’imposer la peine de mort dans les cas les plus graves.

Les hauts cadres reçoivent désormais des objectifs de sécurité alimentaire, sur lesquels ils sont notés. 92 d’entre eux, dont des vice gouverneurs suivent (10/05) un séminaire de formation. Depuis mai, 151 additifs ne s’achètent plus qu’à titre nominatif, et doivent être cités sur l’emballage. 47 sont bannis, 22 autres limités. De nouvelles règles apparaissent simplifiant les formalités de retrait de produits douteux: réalisable désormais sous trois jours. A Pékin, une campagne de recensement des additifs en restaurants aura lieu de juin à décembre: gare aux négligences, qui coûteront jusqu’à 5 ans de retrait de licence.

Le plus sinistré dans la confiance et dans les ventes, le secteur du lait a été nettoyé. 6890 centres de collecte (un tiers) ont été fermés, les autres et 7980 camions citernes restent sous surveillance. 5000 éleveurs/industriels ont reçu une formation. En 17 mois, 20.000 lots ont été analysés, permettant au ministère de l’Agriculture d’affirmer que la mélamine est éradiquée. Seul souci encore: l’insécurité de la chaîne du froid : le travail ne fait que commencer.

Il n’est d’ailleurs pas toujours engagé sous les bons auspices. A Shanghai, le maire Han Zheng invoque la sévérité et une «liste noire», pariant ainsi sur un outil répressif qui arrive pourtant au bout de ses moyens. Manque encore une agence unique ayant tous pouvoirs, un nombre suffisant de policiers, chimistes et juristes pour discipliner la jungle inextricable des PME de l’agroalimentaire, une politique cohérente de restructuration, une justice compétente, un droit clair, une presse libre…

Il faudra un temps incompressible, des décennies pour créer plus qu’une infrastructure : un état d’esprit associatif, un débat et parta-ge des responsabilités entre les corps sociaux !

 

 


Argent : Les bottes de 7 lieues offshore de CNOOC

On appelle cela un saut technologique, cette plateforme d’exploration forage Cnooc 981 qui vient d’être livrée à Shanghai (22/05) au groupe chinois, expert du pétrole offshore.

Un monstre de 114m de long, 90 de large, 137m de haut, équipé des dernières techniques (5ème génération des decks semi-submersibles, 3ème génération pour le positionnement dynamique). Ses 31000t lui permettant d’absorber les vibrations et coups de boutoir d’un typhon massif.

Une des 20 de ce type dans le monde (en activité ou en construction), celle-ci a coûté près d’1milliard$, en trois ans de chantier à Waigaoqiao par la CSSC (China State Shipbuilding Corp). Jusqu’alors, le groupe CNOOC (China National Off-shore Oil Corp) pouvait forer jusqu’à 300m sous l’eau : CNOOC 981 décuple cette capacité, à 3000m. Mieux : son derrick lui permettra de percer et tuber, verticalement ou suivant divers angles, jusqu’à 12km.

Tractée jusqu’à l’archipel de Zhoushan, elle y subira les tests d’usage, avant d’être employée «au nord de la Mer de Chine méridionale» en exploration de pétrole et de gaz. Elle constitue la « machine de guerre » de la CNOOC, pour forer 800 puits d’ici 2020 et atteindre une capacité offshore de 50millions de tonnes (équivalent), moyennant un investissement de 31milliards$.

Dernier détail : cette stratégie, conçue sous le PDG Fu Chengyu, sera appliquée par Wang Yilin, son successeur depuis avril 2011.

 


Pol : Surchauffe à Fuzhou

Triple dynamitage (26/05) à Linchuan-Fuzhou (Jiangxi), par un kamikaze.

Après le drame, les langues se délièrent instantanément. Qian Mingqi, 52 ans, chômeur, avait été exproprié en 2002 pour laisser place à un échangeur autoroutier. D’une valeur de 2millions¥, il en obtenait une compensation de 252.000Y seulement. Pendant 10 ans, il porta son litige devant les tribunaux de différents niveaux à Fuzhou, jusqu’à Pékin devant le procureur suprême: en vain.

Sur son blog, il évoquait ses sept voisins lésés comme lui, et les 10 millions¥ de compensation siphonnés par la mairie locale. Il rappelait comment après 34 mois, le fameux échangeur avait été à son tour démoli, pour laisser place à un autre chantier aux dés pipés. En désespoir de cause, ayant usé tous ses recours, il finit par faire sauter la procurature, la mairie, les bureaux de l’hygiène alimentaire et 10 voitures, causant : deux morts (dont lui-même) et six blessés.

Cette protestation désespérée reflète une forme d’anarchie officielle et de recul du droit, liée avec la récession : désormais moins certains de pouvoir s’enrichir, les cadres accélèrent leur mainmise sur le foncier, et se protègent mutuellement.

Le cas de Qian suscite en l’opinion une connivence malaisée, comme chez ces 13.000 internautes qui visitèrent son blog la nuit du drame. Et pour le régime coincé entre la solidarité du Parti et son slogan de société harmonieuse, cet incident est le contraire de ce qu’il souhaite promouvoir.

 

 


Temps fort : Business européen—un masque à deux têtes, genre Janus

Présenté le 25/05, le sondage de la Chambre de commerce européenne, EUCCC, sur l’indice de satisfaction de ses membres en 2010, est un masque à la Janus, joyeux ou triste selon son angle de vision ou sa grille de lecture. Il révèle en tout cas, chez les groupes expatriés un intérêt rarissime : sur 600 interrogés, ils ont été 598 à répondre !

Côté « Jean qui pleure », 43% se disent discriminés (10% de plus qu’en 2009), et d’ici 2013, 46% s’attendent même à voir l’injustice empirer. 83% espèrent de Pékin un geste pour relâcher la protection de ses monopoles, et 88% déplorent la «dégradation de l’état de droit». Comme dans ces faux appels d’offre en équipements ferroviaires où les étrangers ne cherchent même plus à concourir, ou dans les éoliennes où ils suspendent ou limitent leurs investissements. L’AmCham, la Chambre américaine, aussi, en avril, dénonçait les politiques discriminatoires chinoises, surtout dans les secteurs high tech.

Côté « Jean qui rit », 78% ont fait des profits dans l’année, contre 50% en 2010.

Presque tous (71%), des profits en hausse. Le statut «stratégique» du pays est confirmé, selon D. Cucino, successeur de J. de Boisséson à la tête de la Chambre : par son marché, et par son rôle dans les circuits mondiaux d’affaires. Aussi, 59% des membres préparent un investissement majeur sous 2 ans – 20% de plus qu’en 2009. En filigrane de cet optimisme, le XII. Plan joue son rôle, prétendant anesthésier les secteurs gros énergivores et polluants et préparer le tournant vers l’économie durable – favorable aux groupes étrangers à haute technologie.

Le même sourire était affiché en avril à la Chambre française CCIFC, dont la Présidente A. de Kermadec-Bentzmann, révélait le bon bilan des firmes tricolores pour 2010 en Chine, avec 35MM² de chiffre d’affaires : le triple de l’export français qui, à 11MM², avait pourtant progressé de 39%. Les 1000 firmes-membres comptaient 2300 filiales et 500.00 actifs, et déployaient leurs antennes vers les villes de l’intérieur, telles Changsha ou Kunming. Cette confiance, les groupes français la traduisent en projets :

– voyant 40% de tout projet énergétique mondial investi en Chine, Alstom-Grid ouvre en mars à Shanghai son centre de R&D en lignes UHV (continu et alternatif), attendant sa part d’un marché de 8MM$ d’ici 2020, et prépare avec Shanghai Electric une JV des turbines-vapeur, à 50/50%, leader mondial avec un carnet de commandes de 2,5MM$.

– 1èrebanque en dépôts de l’²-zone, BNP-Paribas annonce le doublement de ses revenus en Chine en 2010, espère 200 à 300% de progression d’ici 2016, et prépare une entrée en bourse de Hong Kong, pour soutenir son expansion en Chine.

– n°5 mondial, Sanofi sort Pentaxim, son multi vaccin pédiatrique. En 2010, il doublait ses ventes de 2008 à 1MM². Mais étant arrivé relativement tard en Chine, il doit déployer des stratégies «accélérées» pour faire de ce marché sous 5 ans, comme il le vise, son n°2 mondial derrière les USA: par rachats de sociétés, et par une coopération avec le ministère de la santé, contre le cancer et le diabète.

– 3ème vitrier automobile en Chine (2ème mondial), St Gobain veut doubler sa capacité par une usine de verre «flotté» à Qingdao, s’ajoutant à ses unités de Shanghai et de Nankin. Pour 50M² d’investissement, il veut équiper 1,5million de véhicules dès 2014, et d’ici 2015, 45% de la production nationale.

Total obtenait en mars l’exploitation du champ gazier de Sulige : JV à 2MM$ avec la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, dont il aura 49%, (capacité attendue de 50.000 barils/j équivalent). Un parmi la dizaine de projets majeurs dans ses cartons chinois.

Michelin annonce un nouveau site pour l’usine de Shenyang devenue obsolète, pour 1,4MM$ (camions, voitures), la création d’une JV pour pneus Warrior pour tourisme-camionnettes, et celle d’un centre de R&D à Shanghai…

 

 

 


Petit Peuple : Wuhan – Huang, privé d’enfance

A Wuhan, Huang Yibo, 13 ans, se comporte comme s’il en avait 60, et quoique collégien, adore arborer des postures historiques à la De Gaulle ou Mao.

Sa caste d’origine le prédisposait évidemment à telle destinée, avec un père haut gradé dans l’administration de l’hygiène alimentaire et une mère dans un groupe industriel de l’armée, l’un et l’autre cadre du Parti, il va sans dire. Sous ce bain concentré de morale post-révolutionnaire, il ne fallut au bébé Huang que 24 mois pour lâcher les dessins animés pour le journal de la CCTV, et sept ans pour avaler chaque jour son Quotidien du peuple, complété pour faire bon poids par le Cankaoxiaoxi, l’indigeste Digest des meilleurs articles du pays, normalement réservé aux apparatchiks.

Toujours premier de sa classe, il fut du 1er wagon d’écoliers invités à porter le foulard rouge des Jeunes Pionniers. Dans l’organisation de masse, il gravissait les marches à une vitesse olympienne, pour compter après peu d’années parmi les 16 marmots au top, détenteurs du brassard à 5 bâtons : il était devenu le général en chef adjoint de l’armée des 2 millions de mômes de la métropole du Yangtzé.

En chemin, il rafla assez vite breloques et diplômes, étant élu parmi les « 100 meilleurs jeunes chinois », les « 10 enfants à la meilleure piété filiale », les « Jeunes pionniers impeccables» de Wuhan, et bien d’autres.

Tandis que ses copains et copines sortent au café internet pour une mémorable partie de Tomb Raiders, et entrent dans l’âge des peines de coeur, Huang réfléchit impavide aux priorités sociales du XII. Plan ou à la campagne « rouge » qui fait rage à Chongqing. Les résultats de ses précieuses cogitations, il les cristallise dans des articles, dont il a déjà publié une centaine dans divers media pour jeunes. Et les 3000 yuans qu’il a reçu pour sa peine, il s’est empressé d’aller les remettre aux vieillards nécessiteux dans leurs asiles et de s’y faire photographier en plein acte de solidarité sociale. La presse abonde de témoignages : tel le jeune Gandhi ou le jeune Jésus Christ, il rivalise en érudition et en dialectique avec les leaders et savants de la ville.

Mais mi-avril, quand il a ouvert son blog, son monde a explosé. D’abord par l’imbattable modestie de son petit site, sobrement intitulé « d’une largeur d’esprit du ciel jusqu’à la Terre ». Puis par son objectif avoué, « promouvoir la renaissance de la nation et restaurer les fastes des Han et des Tang » – rien que cela.

Sans parler de « LA » photo : sur fonds d’étoiles et de jeunes pionniers, dans son bureau de général en chef, Huang Yibo étudiait sérieusement un document politique, sur la juste ligne à faire observer par les enfants sous ses ordres… C’en était trop : en quelques semaines, le blog reçut 1,2millions de clics et plus de 1000 commentaires, plus indignés qu’admiratifs. Où étaient le football, le roller, les 400 coups ?

Ce gamin, n’était-ce pas une image paroxystique de l’idéal du Parti tel que vu par lui-même ? En aucun cas il n’était un exemple à suivre pour la vraie jeunesse. Les uns dénonçaient l’arrogance naïve. D’autres, la mystification de parents vivant par procuration et d’autres encore, une manipulation venue de plus haut, pour soutenir un leader dans le chambardement national des promotions en cours.

Un bloggeur au moins exprima une pitié sincère pour ce jeune poussé dans ce piège du « lǎo qì héng qiū » (老气横秋, « jouer l’air de vieillesse dans l’automne de la vie ») : contraint à jouer aux vieux, servir de mascotte, sans se rendre compte qu’à ce marché de dupe, c’était ses plus belles années, sa vie entière peut-être qu’on lui confisquait.

Face au tollé général, ses parents finirent par faire fermer le blog le 03/05 – mais le mal était fait – depuis longtemps.

 

 

 


Rendez-vous : A Shanghai, les Salons des Biotechnologies et de la Pharmacie

1-2 juin, Pékin: OPTINET China, Conférence des réseaux optiques

1-3 juin, Shanghai : Aquatech China, Salon des procédés de traitement de l’eau

1-3 juin, Shanghai : Biotech & Pharm China

1-3 juin, Shanghai : Salon des instruments d’analyse des biotechnologies et réactifs chimiques

1-3 juin, Shanghai : AES China, Salon des technologies et produits de l’électronique auto

1-30 juin, Shanghai : Metro China Expo, Salon et Conférences sur le transport par rail urbain et régional