A la loupe : Chine et Taiwan, à Port au Prince – rivalité de générosité

De force 7.3 à l’échelle de Richter, d’une gravité extrême, (75 à 200.000 morts) le séisme de Haïti, le 12/01, n’a pas suscité de bataille diplomatique immédiate entre Chine et Taiwan. Quoique Haïti soit un des 18 derniers pays reconnaissant l’île nationaliste. Chine et Taiwan ont travaillé sans retard aux premiers secours, chacune de leur côté. La Chine a bien offert à Taiwan de combiner leurs efforts: offre « déclinée courtoisement », sans pour autant fermer les portes pour l’avenir.

La présence de la Chine s’est voulue spectaculaire, déployant ses drapeaux rouges au dessus de son site chirurgical. Cela n’empêche son action de se montrer efficace, forte de l’expérience acquise durant le tremblement de terre du Sichuan de mai 2008. Un 1er avion atterrissait le 17/01, débarquant pour 2M$ de tentes, couchages, vivres et purificateurs d’eau, ainsi que 60 volontaires, sauveteurs et médecins, qui 48h plus tard, avaient pratiqué 200 interventions lourdes (fractures, amputations), en coopération avec les équipes de France et des USA. Les secouristes faisaient leur jonction avec leurs 117 concitoyens Casques bleus sur place. Une des 1ères tâches, sur les ruines du complexe de l’ONU, serait d’extraire les corps de huit compagnons décédés (rapatriés, inhumés en Chine en héros nationaux), et de cinq membres de l’ONU. Une de ces Casques bleus, Wang Xueyan, 39 ans, avait dégagé à la main cinq survivants des débris…

Au début, la Chine a promis pour 4,4M$ d’aides.

Taiwan fit légèrement davantage, envoyant 2 avions et pour 5M$ d’aides d’urgence. Bien moins pourtant que les 60M$ offerts à la Chine lors du séisme du Sichuan, mais cette aide d’Etat se trouve complétée par l’action de Tsu Chi, la puissante oeuvre bouddhiste qui dépêchait un avion spécial sur place et préparait à étapes forcées l’envoi de 400.000 rations de riz instantané, de soupes de maïs, 20.000 couvertures et autres équipements.

La capacité d’aide à Port au Prince est paralysée par des infrastructures débordées : cette population désespérée souffrant d’un fort taux de délinquance, sans parler des carences en hôpitaux, routes et carburant.

Si Pékin n’a pas encore tenté d’obtenir d’Haïti le changement d’alliance, c’est d’abord du fait d’un armistice diplomatique entre les deux rivages du détroit de Formose, suite à l’élection du Président Ma Ying-jeou, 20 mois plus tôt. C’est aussi au nom du souvenir du séisme du Sichuan, où le monde vint prêter assistance à la Chine, qui veut aujourd’hui faire preuve du même altruisme.

Mais entre Chine et Taiwan, les considérations partisanes ne restent jamais éloignées: Pékin vient d’annoncer un chèque de sa Croix Rouge et une aide totale portée à 8M$ -trois de plus que Taiwan. Son 2d avion doit atterrir le 26/01 : la même date, croit-on savoir, que celle de l’arrivée du taïwanais Ma Ying-jeou à Saint Domingue, capitale de la République Dominicaine se partageant avec Haïti le territoire de l’île d’Hispaniola. Ma doit rencontrer son homologue René Préval, et lui annoncer sa nouvelle aide, incluant à tout le moins, l’éponge sur les 90M$ de dettes haïtiennes envers l’île, et des actions de reconstruction.

Qui dit mieux ?

 

 

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