Temps fort : Reprise impressionnante, mais…

Sur la direction de l’économie en 2010, les responsables émettent des signaux contradictoires, témoins d’incertitudes et d’affrontements entre deux lignes.

D’un côté, se tiennent les tenants du « stimulus avant tout », dont le ministre des finances Xie Xuren qui annonce 99MM² d’aides publiques en 2010, contre 57MM² en 2008. Xie admet qu’en décembre 2009, pour la 1ère fois en 17 mois, les imports redémarraient à +56% (112,3MM$), et l’export à +17,7% (130,7MM$). C’est bien, mais supprimer maintenant le soutien de l’Etat, ferait à coup sûr replonger les chiffres….

L’autre bord rassemble les inquiets, qui prédisent une explosion inévitable, si cette croissance demeure dopée, spéculative et coupée du marché. Pour l’économiste Andy Xie, la Chine a déjà perdu ses atouts du bas salaire et des bas coûts de matière 1ère. Les aides de l’Etat servent surtout à gâcher du béton, et a enrichir les promoteurs qui spéculent sur la hausse des prix, tandis que la consommation intérieure recule, en proportion du PIB. Les prix du logis neuf ont grimpé de 66 à 68% entre Pékin et Shanghai en 2009. Sauf correctif, la (fausse) croissance folle atteindra 16% cette année, et éclatera en 2012.

Aujourd’hui, au sommet, ce sont ces voix qui prévalent: le 12/01, la Banque populaire de Chine prenait une mesure remarquée, en rehaussant la limite des réserves des banques de 50 points à compter du 18/01. En soi, cet effort d’austérité est limité: il n’épongera du marché que 30MM², peu de chose par rapport aux 60MM² prêtés durant la 1ère semaine de 2009. Mais c’est le 1er geste de ce type en 18 mois, et c’est le message qu’attendait la finance: le temps de l’argent gratuit (pour les privilégiés du secteur public) est révolu. Les investisseurs ne s’y trompent pas : c’est la matérialisation d’une restriction du crédit, suggérée par le 1er ministre Wen Jiabao le 27/12. Et comme suite de la nouvelle tendance, l’on prédit cette année d’autres hausses des réserves, des hausses des taux d’intérêt, voire une réévaluation du RMB, jusqu’à 3 voire 6%.

Pour refroidir l’immobilier et calmer la colère des citadins incapables de se loger, l’Etat a adopté un autre train de 11 mesures, pour faire bâtir 6millions de logis à bas prix d’ici 2012. Parmi ces mesures applicables à la totalité du territoire national figurent l’obligation aux promoteurs d’accélérer les ventes des résidences achevées, de communiquer leurs agendas de lotissement pour les 10millions de m² gardés en friche (pour faire monter les prix), de les payer dans l’année, dont 50% en cash dès adjudication. Les banques-elles, doivent respecter la règle des 60% max d’hypothèque pour des résidences secondaires, et ne pourront plus verser de commissions aux agences, pour les contrats de crédit hypothécaire conclu. NB : Ce plan souffre d’un handicap sérieux : personne n’y croit, vu le nombre de fois que ce type d’efforts a été annoncé ces derniers mois, tout en restant en grande partie lettre morte.

Enfin, pour tempérer l’optimisme de la reprise, il faut préciser que ces imports formidables sont dus aux matières 1ères (achats spéculatifs) et au pétrole, (21Mt +2%), portant la dépendance étrangère à 52% contre 45% en 2006. Tout ceci suggérant un effort de lutte insuffisant contre le gaspillage. Aussi, la valeur ajoutée des exports chinois, selon la US Trade Commission, n’est que de 50% contre 70% à l’Allemagne (que la Chine ne supplante donc pas vraiment comme exportateur n°1). Tout cela pour dire que la Chine, en dépit de ses progrès remarquables, demeure un pays vulnérable.

 

 

 

 

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