A la loupe : MSSA l’alpine, plane sur la Chine

Quoi de commun entre blue jeans, Ibuprofène et panneaux solaires? La réponse est le sodium, qui entre dans tous leurs process. Usine du monde, la Chine en est gros utilisateur, avec 50% du marché. Mais sa production locale, à 72% de pureté, n’atteint pas la qualité mondiale.

C’est là qu’intervient MSSA SAS, PME alpine (Tarentaise) vieille d’un siècle, experte en chimie du chlore. Avec ses 250 employés et 50M² de chiffre d’affaires, MSSA SAS, seul producteur en Europe, a porté le raffinage à 97% de pureté (environ), aux avantages énormes pour toutes ses applications industrielles, ce qui lui a permis de conquérir tranquillement 30% du marché planétaire.

MSSA SAS ne pouvait donc que vouloir vendre en Chine. Il y vient à présent, une fois résolus les risques de piratage et d’accident catastrophique en cas d’erreur de manipulation. Ses réponses sont celles qu’il applique déjà partout ailleurs au monde : contre le piratage, la production est à 100% réalisée dans ses murs français et exportée. Sur l’aspect sécuritaire, MSSA accompagne ses conteneurs d’une série de services connexes.

Moyennant quoi MSSA SAS a obtenu un 1er contrat à long terme à Tianwei Yinglin, groupe de cellules photovoltaïques de Baoding (Hebei), qui rêve de devenir n°1 mondial. En effet, seul l’usage de ce sodium dans les cellules à silicium, en améliorant limpidité et connectivité, permet le passage aux poly silicones multi cristallins, la « Rolls » du marché. Yinglin complète son approvisionnement étranger par des livraisons de gaz d’Air Liquide.

A peine cette source de sodium plus pur a-t-elle été connue en Chine que deux, bientôt trois concurrents se sont mis sur les rangs pour en obtenir à leur tour, histoire de ne pas laisser à un rival l’exclusivité de cette matière première. Yingling s’apprêterait d’ailleurs à doubler sa commande. Cette frénésie s’expliquant par les lourds nuages qui s’accumulent à l’horizon du marché chinois du panneau solaire, pour s’être développé trop vite et en vase clos, et avoir favorisé la course au volume plutôt qu’à la R&D et à la qualité. Aujourd’hui, ce marché est saturé de produits à basse performance. Pour ces compagnies, des technologies venues d’ailleurs, telles celle de MMSA pourraient être la planche de salut.

D’autres applications importantes pour MSSA SAS attendent à l’avenir : pneus « verts », ciment, revêtements de cuves, batteries sodium/soufre. La plus intéressante est dans le nucléaire. La Chine, d’ici 20 ans, prétend avoir 800 centrales nucléaires, ce qui lui vaudra, assez rapidement une montagne de plutonium qu’elle veut déjà réutiliser, plutôt que de le convertir en déchet fossile, en le passant par un surgénérateur technique développé en France, capable d’en tirer de l’électricité, et comme « déchet » l’uranium, combustible des centrales classiques. Or, pour l’outil nouveau, le fluide de refroidissement primaire sera le sodium, à un niveau de pureté que seule MSSA SAS est aujourd’hui capable de fournir… L’échéance n’est plus trop lointaine : le prototype chinois du réacteur «sodium» serait déjà en construction…

 

 

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