Editorial : Changement climatique, et politique aussi

[1] A 7h49, le 14/04, à Yushu (Qinghai), des dizaines de milliers de paysans furent surpris par un séisme de force 7,1 qui détruisit 85% de leurs maisons de bois et boue séchée, causant (17/04) 1200 morts et le décuple de blessés (bilan évidemment très sous-estimé).

Plusieurs villes, des dizaines de villages de ces monts à + de 3000m d’altitude sont touchés, et malgré un fort et immédiat soutien de l’Etat (milliers de sauveteurs, chiens, médecins, engins, dizaines de milliers de tentes, manteaux et couettes envoyés par avion), de nombreux hommes, femmes, enfants restaient piégés sous les décombre, ou bien sans vivres ni vêtements chauds.

Faits remarquables, on note l’entrée en jeu rapide des ONG chinoises et étrangères collectant les fonds et ouvrant sur le terrain leur centre logistique commun; la participation massive des lamas au sauvetage et aux travaux de sépulture – important pour cette population à 93% bouddhiste ; et la censure locale très importante, pour filtrer journalistes et infos, et tuer à la base les critiques, par exemple d’écoles «de tofou» bâties pas aux normes.

[2] Tout en mettant la dernière main à l’Expo 2010 (qui promet de battre tous les records d’investissement, de flamberge technologique et de fréquentation avec 90M de visiteurs), Shanghai veut bâtir trois abris anti-déluge de 10.000 places chacun : avec le séisme du Qinghai et la sécheresse du Yunnan, c’est un signe de plus d’un dérapage du cycle naturel. Politiciens, savants commencent à se demander si l’on n’assisterait pas, tous comptes faits, à un changement climatique violent, dont l’humanité serait en partie le déclencheur.

L’aridité qui touche 26M d’hommes, et 18M de bovins dans leu centre, est attribuée aux 3M d’ha d’eucalyptus plantés depuis 10 ans : ils exigent bien plus d’eau que la canopée d’avant eux, et rendent moins d’humidité au ciel. Ce qui n’empêche le Guangxi de poursuivre son plan de replantation massive, +245% de 2010 à 2015…

[3] En marge du Sommet nucléaire de Washington (47 pays, 12/04), la rencontre des Prdts Hu Jintao et Obama n’apporta en apparence nulle solution à leurs différends. Parlant du ¥uan surévalué, Obama souhaitait le retour au «cap vers la convertibilité» : Hu répliqua que son pays «ne se ferait pas dicter le cours de sa monnaie ».

Obama souhaitait que Hu accepte des sanctions onusiennes contre l’Iran pour lui faire abandonner sa course à la bombe. Hu rappela qu’il acceptait de négocier mais rien de plus pour l’instant : selon la CIA même rien ne presse, Téhéran ne pouvant accéder à cette arme avant 2013. Par contre, la soif chinoise en pétrole iranien demeure plus vive que jamais!

Curieusement, en dépit de ces paroles, Chine et USA semblent rassérénés. C’est, d’abord, que Hu a fait le voyage, signe de bonne volonté. D’autre part, Pékin semble en phase de réévaluation de sa politique étrangère, et soucieuse de sauver ses bonnes relations, aujourd’hui aigries par 18 mois de protectionnisme accru. Ainsi, malgré ses paroles, la Chine serait sur le point de laissera flotter son ¥: 19 banques étrangères interrogées par Bloomberg le croient unanimement, dont 12 ce trimestre, et 7 pariant en plus sur une modeste réévaluation initiale.

[4] Idem (13/4), Pékin publie de nouvelles règles d’investissement étranger : pour tout rachat industriel en Chine, le volume admissible sans feu vert national est triplé, à 300M$. La procédure de feu vert devient plus transparente. Et surtout, selon l’agence Xinhua, une fois approuvé, le projet sera éligible à l’entrée en bourse et à l’émission d’obligations : placé, sous l’angle de l’accès au crédit, à pied d’égalité avec les firmes locales. Ceci pourrait dissiper les brumes protectionnistes, ressentie ces derniers 18 mois parmi les milieux étrangers.

NB: à 90MM$ en 2009, l’Investissement direct étranger avait baissé de 2,56%. Mais au 1er trimestre, il a remonté à 23,4MM$ (+7,7%) : la confiance revient, déjà…

 

 

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