Le Vent de la Chine Numéro 15

du 18 au 24 avril 2010

Editorial : Changement climatique, et politique aussi

[1] A 7h49, le 14/04, à Yushu (Qinghai), des dizaines de milliers de paysans furent surpris par un séisme de force 7,1 qui détruisit 85% de leurs maisons de bois et boue séchée, causant (17/04) 1200 morts et le décuple de blessés (bilan évidemment très sous-estimé).

Plusieurs villes, des dizaines de villages de ces monts à + de 3000m d’altitude sont touchés, et malgré un fort et immédiat soutien de l’Etat (milliers de sauveteurs, chiens, médecins, engins, dizaines de milliers de tentes, manteaux et couettes envoyés par avion), de nombreux hommes, femmes, enfants restaient piégés sous les décombre, ou bien sans vivres ni vêtements chauds.

Faits remarquables, on note l’entrée en jeu rapide des ONG chinoises et étrangères collectant les fonds et ouvrant sur le terrain leur centre logistique commun; la participation massive des lamas au sauvetage et aux travaux de sépulture – important pour cette population à 93% bouddhiste ; et la censure locale très importante, pour filtrer journalistes et infos, et tuer à la base les critiques, par exemple d’écoles «de tofou» bâties pas aux normes.

[2] Tout en mettant la dernière main à l’Expo 2010 (qui promet de battre tous les records d’investissement, de flamberge technologique et de fréquentation avec 90M de visiteurs), Shanghai veut bâtir trois abris anti-déluge de 10.000 places chacun : avec le séisme du Qinghai et la sécheresse du Yunnan, c’est un signe de plus d’un dérapage du cycle naturel. Politiciens, savants commencent à se demander si l’on n’assisterait pas, tous comptes faits, à un changement climatique violent, dont l’humanité serait en partie le déclencheur.

L’aridité qui touche 26M d’hommes, et 18M de bovins dans leu centre, est attribuée aux 3M d’ha d’eucalyptus plantés depuis 10 ans : ils exigent bien plus d’eau que la canopée d’avant eux, et rendent moins d’humidité au ciel. Ce qui n’empêche le Guangxi de poursuivre son plan de replantation massive, +245% de 2010 à 2015…

[3] En marge du Sommet nucléaire de Washington (47 pays, 12/04), la rencontre des Prdts Hu Jintao et Obama n’apporta en apparence nulle solution à leurs différends. Parlant du ¥uan surévalué, Obama souhaitait le retour au «cap vers la convertibilité» : Hu répliqua que son pays «ne se ferait pas dicter le cours de sa monnaie ».

Obama souhaitait que Hu accepte des sanctions onusiennes contre l’Iran pour lui faire abandonner sa course à la bombe. Hu rappela qu’il acceptait de négocier mais rien de plus pour l’instant : selon la CIA même rien ne presse, Téhéran ne pouvant accéder à cette arme avant 2013. Par contre, la soif chinoise en pétrole iranien demeure plus vive que jamais!

Curieusement, en dépit de ces paroles, Chine et USA semblent rassérénés. C’est, d’abord, que Hu a fait le voyage, signe de bonne volonté. D’autre part, Pékin semble en phase de réévaluation de sa politique étrangère, et soucieuse de sauver ses bonnes relations, aujourd’hui aigries par 18 mois de protectionnisme accru. Ainsi, malgré ses paroles, la Chine serait sur le point de laissera flotter son ¥: 19 banques étrangères interrogées par Bloomberg le croient unanimement, dont 12 ce trimestre, et 7 pariant en plus sur une modeste réévaluation initiale.

[4] Idem (13/4), Pékin publie de nouvelles règles d’investissement étranger : pour tout rachat industriel en Chine, le volume admissible sans feu vert national est triplé, à 300M$. La procédure de feu vert devient plus transparente. Et surtout, selon l’agence Xinhua, une fois approuvé, le projet sera éligible à l’entrée en bourse et à l’émission d’obligations : placé, sous l’angle de l’accès au crédit, à pied d’égalité avec les firmes locales. Ceci pourrait dissiper les brumes protectionnistes, ressentie ces derniers 18 mois parmi les milieux étrangers.

NB: à 90MM$ en 2009, l’Investissement direct étranger avait baissé de 2,56%. Mais au 1er trimestre, il a remonté à 23,4MM$ (+7,7%) : la confiance revient, déjà…

 

 


A la loupe : MSSA l’alpine, plane sur la Chine

Quoi de commun entre blue jeans, Ibuprofène et panneaux solaires? La réponse est le sodium, qui entre dans tous leurs process. Usine du monde, la Chine en est gros utilisateur, avec 50% du marché. Mais sa production locale, à 72% de pureté, n’atteint pas la qualité mondiale.

C’est là qu’intervient MSSA SAS, PME alpine (Tarentaise) vieille d’un siècle, experte en chimie du chlore. Avec ses 250 employés et 50M² de chiffre d’affaires, MSSA SAS, seul producteur en Europe, a porté le raffinage à 97% de pureté (environ), aux avantages énormes pour toutes ses applications industrielles, ce qui lui a permis de conquérir tranquillement 30% du marché planétaire.

MSSA SAS ne pouvait donc que vouloir vendre en Chine. Il y vient à présent, une fois résolus les risques de piratage et d’accident catastrophique en cas d’erreur de manipulation. Ses réponses sont celles qu’il applique déjà partout ailleurs au monde : contre le piratage, la production est à 100% réalisée dans ses murs français et exportée. Sur l’aspect sécuritaire, MSSA accompagne ses conteneurs d’une série de services connexes.

Moyennant quoi MSSA SAS a obtenu un 1er contrat à long terme à Tianwei Yinglin, groupe de cellules photovoltaïques de Baoding (Hebei), qui rêve de devenir n°1 mondial. En effet, seul l’usage de ce sodium dans les cellules à silicium, en améliorant limpidité et connectivité, permet le passage aux poly silicones multi cristallins, la « Rolls » du marché. Yinglin complète son approvisionnement étranger par des livraisons de gaz d’Air Liquide.

A peine cette source de sodium plus pur a-t-elle été connue en Chine que deux, bientôt trois concurrents se sont mis sur les rangs pour en obtenir à leur tour, histoire de ne pas laisser à un rival l’exclusivité de cette matière première. Yingling s’apprêterait d’ailleurs à doubler sa commande. Cette frénésie s’expliquant par les lourds nuages qui s’accumulent à l’horizon du marché chinois du panneau solaire, pour s’être développé trop vite et en vase clos, et avoir favorisé la course au volume plutôt qu’à la R&D et à la qualité. Aujourd’hui, ce marché est saturé de produits à basse performance. Pour ces compagnies, des technologies venues d’ailleurs, telles celle de MMSA pourraient être la planche de salut.

D’autres applications importantes pour MSSA SAS attendent à l’avenir : pneus « verts », ciment, revêtements de cuves, batteries sodium/soufre. La plus intéressante est dans le nucléaire. La Chine, d’ici 20 ans, prétend avoir 800 centrales nucléaires, ce qui lui vaudra, assez rapidement une montagne de plutonium qu’elle veut déjà réutiliser, plutôt que de le convertir en déchet fossile, en le passant par un surgénérateur technique développé en France, capable d’en tirer de l’électricité, et comme « déchet » l’uranium, combustible des centrales classiques. Or, pour l’outil nouveau, le fluide de refroidissement primaire sera le sodium, à un niveau de pureté que seule MSSA SAS est aujourd’hui capable de fournir… L’échéance n’est plus trop lointaine : le prototype chinois du réacteur «sodium» serait déjà en construction…

 

 


Joint-venture : Escarmouche en mer de Chine

En 2008, quatre vaisseaux militaires chinois passaient au large des îles nippones Okinawa et Myado. Puis cinq en 2009, six en mars 2010, et dix le 01/04, dont 2 sous-marins. Quand deux destroyers japonais s’approchèrent, l’Armée populaire de libération (APL) lança un hélicoptère, étant dans son droit, en eaux internationales. L’incident agace Tokyo, alors que la Chine s’exprime sans complexe en mer de Chine, contestant la souveraineté clamée par le voisin sur des rochers (tels les Diaoyu – Sankaku) et par delà, des étendues maritimes dont les fonds sont -on le sait déjà- riches en hydrocarbures.

A Washington, au sommet nucléaire (cf édito), le Président Hu Jintao a rencontré trois jours après, Yukio Hatoyama, le Président du Conseil, qui l’a prié de reprendre les palabres afin de matérialiser l’accord de 2008 de partage des hydrocarbures dans les zones contestées, surtout celles de la poche de Chunxiao. En prime, Hatoyama offre la naissance d’une communauté régionale, avec Corée du Sud et ASEAN, dont Japon et Chine seraient les leaders. L’appât suffira-t-il? Rien pour l’heure n’empêche la Chine de poursuivre ses deux intérêts majeurs : la conquête d’un hinterland maritime, et l’exploitation sans partage de son pétrole.

 

 


A la loupe : Bilan pour Chongqing, et son Maître BO

Imposée le 14/04 par la cour intermédiaire n°5 de Chongqing, la peine capitale à Wen Qiang sonne pour cette plus grosse ville du pays (33 millions d’âmes) le début d’une ère nouvelle, et le moment d’un triple bilan.

[1] Bilan de la campagne anti-mafia lancée l’an passé par Bo Xilai, secrétaire du Parti communiste. Ce verdict est symbolique d’une volonté de tolérance zéro. Wen Qiang, 54 ans, avait dirigé la police (comme n°2) durant 16 ans, puis la justice depuis 2008. Sous son règne, 640.000 délits dont 1447 meurtres n’avaient pas même été suivis d’enquête. Le chef d’accusation évoque aussi la protection de 60 parrains mafieux, le viol d’une femme en 2007 et des bakchichs de 12M¥. Au total, la campagne se solde par des centaines de peines dont l’avant-dernière (12/04) est la perpétuité à Wang Xiaojun, tenancier de bordels et casinos gris.

[2] Bilan de la relance économique de la ville. La «promotion» de Bo Xilai, ex-ministre du commerce, à Chongqing en 2008, correspondait au double désir de l’appareil d’écarter un homme jugé trop flamboyant, et faire trouver, par un des meilleurs administrateurs du pays, la recette pour tirer l’Ouest de son arriération. Bo partait avec des pouvoirs, pour faire de Chongqing une Zone économique spéciale modèle -un laboratoire d’éradication de la pauvreté. Dans ce pari, le nettoyage anti mafieux était un «must»: pour justifier un déversement de crédits sans précédents, et convaincre les autochtones de la réalité de leur chance d’avenir.

Aujourd’hui, la métropole du Yangtzé est plus sereine qu’un an en arrière et surtout en plein éveil, nouvelle frontière vibrant de chantiers babyloniens, comme pour rattraper en 10 ans un siècle de croissance. 118MM² sont budgétés sur cinq ans, sur 323 grands projets dont des Twin Towers record du monde de hauteur, 800.000 HLM d’ici 2020, le quadruplement à 55M de passagers/an de l’aéroport de Qiangbei, un métro (1,2MM² en 2010), un hub ferroviaire (0,9MM²), 288km d’autoroutes urbaines (1,7MM²). Avec telles vitamines, la croissance de Chongqing est parmi les plus dynamiques de la nation, avec l’an dernier +14,9% et un encours bancaire de 96MM².

[3] Bilan des chances d’avenir politique pour Bo Xilai.

Après avoir fait de cette ville hier fort médiocre un succès indéniable, et s’appuyant au sein du Parti communiste chinois sur sa faction des « petits princes » (fils d’apparatchiks), Bo s’est inscrit en réserve de la république, de façon évidente lors de la session du Parlement en mars 2010. Le but de toute sa vie, est une place au sommet en 2012. Mais jusqu’à présent, Pékin a une autre vision des choses, soigneux rapport de force entre la faction shanghaienne et de Jiang Zemin (Xi Jinping, qui serait n°1) et celle de la ligue de la Jeunesse et de Hu Jintao (Li Keqiang, n°2). Autre handicap pour Bo: l’opinion pas toujours favorable, le soupçonnant d’ambitions sans borne et de clientélisme sur Chongqing : de vouloir placer ses amis, en cassant ceux du rival Xi…

Aussi, tout bien considéré, les chances de Bo Xilai apparaissent bien minces, et vu son âge (62 ans), son avenir le plus plausible pourrait être une place honorifique à la tête du Parlement (ANP) ou de la CCPPC, porte de sortie !

 

 


Pol : Wen Jiabao se confesse

Le 3/04, le premier ministre Wen Jiabao inspectait Xingyi (Guizhou) sous la sécheresse. Le 15/04, en souvenir d’une visite en cette ville, en 1986 avec Hu Yaobang son maître à penser d’alors, il publie au Quotidien du Peuple une discrète mais émouvante apologie de ce théoricien de la politique d’ouverture dont la mort, 21 ans plus tôt jour pour jour, avait déclenché le Printemps de Pékin et failli faire chuter le régime. Depuis lors, un Parti communiste profondément conservateur maintenait sur lui l’anathème. C’est donc une 1ère réhabilitation et une grande surprise. Pourquoi cette rupture du silence ?

Wen Jiabao est une personnalité complexe, au passé résolument réformiste, ex-aide de camp de Hu Yaobang ET de Zhao Ziyang, les deux hommes de Deng Xiaoping. C’est aussi un homme fidèle dans ses allégeances, n’ayant jamais renié ses patrons une fois en disgrâce, même après leur décès. Ce qui ne l’a empêché, vrai survivant et génie politique, d’atteindre la plus haute carrière, dans un régime aux idées opposées à celles de ses débuts.

Cet éloge de Hu Yaobang serait-il téléguidé, signifiant un retour de l’aile réformatrice? Une telle lecture serait hasardeuse, gratuite –une offensive de qui, et contre qui ? Peut-être comme d’autres avant lui, veut-il s’épancher, libérer sa conscience, n’ayant plus rien à perdre. Mais surtout, Wen Jiabao a le moyen de payer tribut à un maître : il l’utilise, en personnage romantique et solitaire!

 

 


Temps fort : Immobilier – la locomotive folle

Le bilan de conjoncture du 1er trimestre réservait aux analystes deux surprises, une bonne et une mauvaise.

La bonne d’abord: la Chine dépasse tous les pronostics de retour en santé avec une croissance de 11,9% ce trimestre, dépassant les 10,7% du 4ème trimestre de 2009. L’export augmente de 28,7% (sur un an), l’automobile de 76%. Les autres chiffres sont tout aussi enrobés de caramel : durant ces trois mois, l’investissement général a augmenté d’un quart, l’urbain de 26,4%, et en mars, la production industrielle a monté de 18%, tandis que l’inflation baisse à 2,4%, 0,2% de moins qu’en février. En bref, la Chine caracole, loin devant le peloton des nations, et générera 33% de la croissance mondiale cette année, croit l’OCDE.

Tout est relatif : cette croissance miraculeuse partait de très bas (+6,2% un an plus tôt). De même, l’effritement de l’inflation s’explique par le repli saisonnier de la consommation après la fête du printemps. Il n’empêche: en augmentant de 5% le carburant (14/04), l’Etat affiche une confiance royale : l’indice des prix étant «fondamentalement stable» (Li Xiaochao, porte-parole du Bureau national des Statistiques).

Cela confirme le sentiment général. Alors que la Chine surfe sur la vague, le moment est idéal pour rehausser le cours du ¥—pour réduire sa note de produits de base importés (+17% en mars), et investir dans la confiance avec un Occident excédé de la voir lui faire porter l’essentiel de la crise par son bouclier protectionniste.

La mauvaise nouvelle: selon la Coface (assurance crédit), le spectre du trafic triangulaire est de retour, où fournisseurs, industriels et distributeurs se paient plus tard et plus mal. Ils sont 24% à souffrir d’impayés de plus d’un an (double de 2008), et 55% de plus de 60 jours. Dès lors, ils sont 80% à «solder» les dettes, contre deux- tiers un an plus tôt. Les firmes se livreraient à ce jeu délétère, du fait d’une culture du crédit (post socialiste), exacerbée par le repli sur le marché intérieur.

Autre point : l’investissement immobilier a augmenté ce trimestre de 35%. Le prix de vente dans les 70 plus grandes villes a pris + 11,7% en mars, contre 10,7% en février et 9,5% en janvier, quoiqu’on ne construise quasi plus, faute de terrain encore disponible. La demande qui reste vive, et solvable, se reporte donc sur le marché de l’occasion (+32%). A la foire immobilière de printemps de Pékin, il s’est vendu pour 10% de moins (pour 2,9MM¥) qu’en 2009, mais au prix moyen de 21,164¥/m² contre 11,566¥… Même tendance relevée à Shanghai, le pouvoir, dans sa tentative de refroidir le marché, ne parvient pas à se faire entendre.

Ultime remède, dans l’espoir d’éreinter les spéculateurs, le Conseil d’Etat vient d’imposer un apport en cash de 50% pour tout achat secondaire et un prêt à 110% minimum du taux de la Banque populaire de Chine. Il tente aussi d’étrangler les compagnies financières parallèles, créées par les provinces pour contourner l’interdit aux banques d’alimenter leurs projets. Selon Ting Liu (Merrill Lynch), leur endettement serait, fin 2009, de 750MM², égal de la dette publique centrale (et 21% du PNB). Pékin vient d’ordonner aux banques de lui remettre d’ici juin un audit détaillé de chaque prêt passé, se réservant d’imposer une révision des conditions, comme une hausse de l’hypothèque.

Mais face à la course au béton et l’endettement d’endroits tel Chongqing (cf p.3 « Bilan pour Chongqing et son Maître BO »), on se dit que Pékin aura du mal à faire plier toutes les provinces à sa discipline…

 

 

 


Petit Peuple : FUZHOU : un écrivain tiré du néant

A 31 ans, Zhou Shuheng est quasi-analphabète. Ce qui ne l’a pas empêché de pondre un roman autobiographique à succès (« ouvrier paysan de Chine »), impressionnante fresque sur ses années de chien. 

A Wanyuan (Sichuan), Zhou Shuheng eut le malheur de perdre sa mère à l’âge critique de 15 ans. Un an plus tard en 1996, la faim le faisait fuir à Fuzhou (Fujian), où débuta pour lui un rude apprentissage, du style « l’homme est un loup pour l’homme ».Il fut plongé dans des tâches dangereuses et sales, abusé au point que ce soit lui qui doive de l’argent au patron lors de la « paie». Durant des ans, il connut la misère, et la rue. Vendeur à la sauvette, il dut se fier à ses jambes pour détaler quand surgissait le chengguan, gendarme municipal. Mais qu’il vende des stylos ou distribue des pubs, ses pas le ramenaient toujours aux portes des campus, des étudiants qu’il admirait et avec qui il ne perdait pas une occasion de bavarder, affinant son langage. C’est en telles circonstances qu’ en 2000, il put bénéficier d’une formation à l’ordinateur : pied à l’étrier pour les métiers du commerce, où il pouvait combiner ces techniques de l’internet, à son bagout d’enfant de la balle.

10 ans dans ces faubourgs suffirent à lui apprendre que nul ne ferait sa vie à sa place. Pour quelques sous, il ac-quit 6 PC et sur ces vieilles «bécanes», il se mit à offrir à son tour des formations bas de gamme aux paysans sortis de leurs campagnes.

Et puis voilà qu’en 2008, congédié pour la nième  fois, il dut pour survivre, faire livreur à vélo. Entre ses courses, il avait parfois des heures vides: se jetant à l’eau, il se mit écrire l’histoire de sa vie. Trempant sa plume aux encres de l’humour et du témoignage, il dit tout: les arnaques dont il était victime, les horions échangés avec les vigiles pour défendre le salaire d’un compagnon. Il conta le déracinement, le racisme latent de la terre d’ accueil, les longues lettres  avec le village, le capitalisme sauvage, la jungle qui dévorait les ouvriers-paysans, chair à canon du miracle chinois. Se libérant par l’écriture de son roman picaresque, Zhou avoue avoir plus d’une fois senti ses yeux s’embuer, au souvenir d’un si dur passé.

En sept.’09, le livre achevé, notre écrivain en herbe découvrit vite qu’aucun éditeur ne parierait un «fen» sur le pavé (450.000 caractères) d’un total inconnu n’ ayant même pas le bac.

Mais pour ce garçon habitué à toujours se battre, pas de problème : il fit appel à des amis qui postèrent son fichier sur la toile d’un portail littéraire. Et ce fut le miracle. Dès décembre, le texte avait été téléchargé pas moins de 500.000 fois. Extatique, la critique croyait découvrir en Zhou Shuheng un Zhang Yimou de l’écriture. Son histoire émouvait et interpellait—tout le monde s’y reconnaissait. Aussi, dès janvier, une grande maison l’éditait—en deux tomes !

A présent, pour Zhou Shuheng, la traversée du désert est finie : c’est la célébrité, la télé, les interviews sans cesse. A présent riche, ayant percé, il se fait un point d’honneur à ne pas tourner le dos à ses chers mingong. Il prépare en leur honneur le film du roman, rédige des brochures éducatives leur révélant leurs droits. Zhou prend enfin le temps de s’occuper de celle qui partagea ses temps de misère, et de leur fils, à qui il veut léguer la bonne éducation dont lui-même fut privé.

Rétrospectivement, ce qui  frappe le plus ses proches, est la facilité avec laquelle ce garçon peu éduqué, mais surdoué, a commis son oeuvre : comme «sur la hanche du cheval» (倚马可待  Yǐ mǎ kě daì). En français, on dirait « les doigts dans le nez » !

 

 

 


Rendez-vous : A Pékin, le rendez-vous de l’automobile

19-21 avril, Shenzhen : CMEF, Salon des équipements médicaux

19-22 avril, Canton : China Plas, Salon du plastique & du caoutchouc

20-22 avril, Shanghai : NEPCON, Salon sur l’équipement et industrie électroniques

21-23 avril, Shanghai : China Power et EPower

21-24 avril, Pékin : China Sign Expo, Salon de la publicité

21-24 avril, Pékin : Asia Pacific China Police, Salon int’l des technologies et équipements pour la police

23-27 avril, Pékin : Auto China, Salon de l’automobile 24-26 avril, Xiamen : PharmaChina, Salon de l’industrie pharmaceutique