A la loupe : Réchauffement global: le COP15 va-t-il à l’échec?

Il est invisible mais déjà là, le contre la montre de la Chine, pour adhérer ou non au plan de l’ONU contre le réchauffement global. L’humanité (dit McKinsey) a jusqu’à 2030 pour prévenir la dérive climatique. Avant cette date, il n’en coûtera « que » 200MM² en économies d’énergie, énergies renouvelables et reforestation. Pour ce faire, les nations devraient s’imposer des quotas d’émissions de gaz à effet de serre (GES), et ouvrir une bourse d’échange des crédits d’émissions: à Copenhague, en décembre 2009, lors de la 15ème session de l’ONU sur ce plan climatique, – surnommée le «COP15».

Problème, Gao Feng, négociateur pour la Chine à l’ONU, est catégorique : son pays ne signera rien de contraignant. Tout au plus, un engagement «à long terme» – et encore, à condition que les pays riches signent tous, et/ou renforcent leurs propres quotas, et paient aux émergents jusqu’à 1% de leurs PIB en centrales nucléaires et autres technologies de pointe. Wen Jiabao à Londres, déclare que son pays «adoptera des mesures pour s’autoréguler», mais rejettera toute demande d’un «plafond quantitatif». En face, un diplomate de l’Union Européenne à New York, est aussi affirmatif : « sans quota de GES pour la Chine, ni l’Union Européenne, ni les USA, ne signeront ». Alors, va-t-on droit à la catastrophe? Les louvoiements du leadership chinois se voient désormais encore renforcés par la crise, qui érode la position des défenseurs de l’environnement au profit du « tout pour l’emploi »…

Pas forcément. En un an, la Chine a vu des dérèglements se produire sur son sol : blizzard meurtrier, typhons, sécheresse gravissime… Pékin sait que, plus qu’avec ses partenaires de l’Ouest, c’est avec sa prospérité future qu’elle joue. Et elle prend sa crise à bras le corps. En 2008, son parc d’éoliennes a doublé (6,3Gw) et d’ici 2011, des centaines de mauvaises petites centrales thermiques seront décommissionnées (pour 31Gw). Et dans les 590MM$ de «stimulus» financier, 58MM$ (10%) iront en énergies renouvelables, reforestation ou recyclage, encourageant des firmes locales et étrangères à produire éoliennes, chauffages solaires ou dalles de biomasse.

Enfin, une relève apparaît sur le champ de bataille : Steven Chu, le Secrétaire américain à l’Energie, qui appelle la Chine à collaborer « immédiatement » avec les USA, «sans attendre la mise au point de plans nationaux ou multilatéraux». L’appel semble vouloir exclure la démarche mondiale, mais en réalité il la renforce : USA et Chine ont la meilleure chance de rentrer dans le système, lors du COP-15, en s’y préparant ensemble, et la Chine depuis toujours, prête davantage son écoute à l’Amérique, qu’à tout autre partenaire. D’autant que le nouvel interlocuteur est prix Nobel —et ethniquement chinois.

 

 

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