Argent : Cause du séisme au Sichuan : la surprise

Plan anti-crise—la Chine fait feu de tout bois

Avec un volontarisme vif, la Chine multiplie les adaptations à la crise qui la frappe.

Pour relancer le commerce, on assiste à une baisse des prix à perdre haleine: KFC, le rôtisseur de poulet baisse de 20% ses prix dans 1400 restaurants, suivi de Wal-Mart, de l’automobile, de l’électroménager aux multiples discounts.

On avait déjà vu les consignes d’interdiction des mises à pied dans les firmes d’Etat (China Eastern, Wuhan Steel), d’une coupe de 30 à 50% des gros salaires et 20% des « petits ». Bailian (grandes surfaces), oblige aussi ses représentants à renoncer à l’avion, pour prendre le train. Alibaba, le géant du commerce virtuel, inaugure avec 8 banques ce mécanisme décrit par son PDG Jack Ma Yun comme « 1ère étape d’un réseau financier inédit pour le e-commerce » : parmi ses centaines de milliers de PME-clientes, il en retient celles aux meilleurs chiffres, pour des prêts financés par les banques. Ainsi ses clients recevront 6MM¥ de crédit dans l’année, six fois plus qu’en 2008.

L’Etat décaisse au 1/02 19MM$ d’argent frais au titre de la 2de tranche du stimulus, et médite des plans d’aides spécifiques pour le textile (+3% de crédit-export, à 17%), et la machine-outil (crédits d’investissement, pour remplacer l’importation).

On note aussi une montée au créneau face aux risques nouveaux : pour les 26M de migrants chômeurs retournés au village, Pékin veut débourser 120MM¥ de crédits d’infrastructure (+17%), +13 à 16% de hausse du prix du grain, des aides à la formation, à l’accès à l’assurance sociale minimale. D’autres aides, 15M$ (probablement insuffisants) vont à la lutte contre la sécheresse qui touche 4M de paysans (2,1M d têtes de bétail) et 10M d’ha d’emblavures dans 12 provinces du nord et du centre.

Pour l’autre groupe à risque, celui des jeunes chômeurs diplômés, la Ligue de la Jeunesse a été mise à contribution pour installer 2000 «bases» d’insertion dans le tissu économique (finance, télécom, transports…). Déjà 60.000 postes de stages ont ouverts, payés par l’Etat -le nombre des bases doit bientôt passer à 5000.

Côté finance, pour rétablir la confiance, la CSRC (China Securities Regulatory Commission) confirme l’arrestation de Wang Jianzhong, Président de Shoufang, pour manipulation boursière, et la CIRC (China Insurance Regulatory Commission) le limogeage de Tang Ruoxin, Président de Sinosure, l’assurance nationale de crédit export, pour corruption dans une affaire ayant coûté 245M$ à l’Etat.

Les provinces aussi, y vont de leurs plans de sauvetage — parfois un peu trop loin : Chongqing se voit interdire par le Conseil d’Etat, d’offrir 40% de baisse d’impôts aux acheteurs de logis. La ville est aussi huée par 3000 étudiants de l’Université Normale, envoyés obligatoirement» quelques mois dans la montagne, en fin d’études…

Séisme au Sichuan : la surprise

C’est la surprise, neuf mois après le drame : Fan Xiao, chef ingénieur au bureau géologique provincial, est convaincu que le séisme de force 8 du 12 mai dernier a été provoqué par la mise en eau du barrage de Zipingpu, à 17 km de l’épicentre. Le réservoir d’une capacité d’1km3 aurait pesé sur la croûte terrestre, multipliant par 25 le stress naturel sur la ligne de fracture juste en dessous d’elle. Les responsables nient, soutenus par des experts de l’Académie des Sciences sociales. Pour Christian Klose, géophysicien de l’Université de Columbia (New York), cette autopsie du tremblement de terre est la plus plausible. L’Etat chinois ne se prononce pas, mais est évidemment très embarrassé : l’hydroélectricité (près du quart de sa production en 2008) est sa meilleure chance de réduire sa dépendance au charbon (70%)…

Au demeurant, la zone sinistrée se reconstruit très lentement. Avec un atout inattendu: le tourisme solidaire, 16,5M de Chinois d’ailleurs, qui sont venus durant les fêtes, se rendre compte par eux-mêmes !

Un tourbillon de consolidations

Signe de l’avenir, la Chine, en janvier, a dépassé de loin les USA en achats automobiles, 790.000 contre 657.000. Pour autant, Geely, n°10 national (183.000 ventes l’an dernier) passe la main comme repreneur de Volvo – que Ford cherche à vendre. Pourquoi? Avec un marché en croissance en 2009 de 7% ou moins, 80 tous petits constructeurs sont pris dans la nasse conjoncturelle, dont la moitié ou plus devra disparaître. Tel Shuanghuan, de Shijiazhuang (Hebei), qui vient de débaucher 8% de ses 2000 postes, et dont le n°2 Cheng Bin avoue craindre la mort dans l’année. Laissant faire la nature, l’Etat intervient peu, et n’offre qu’une baisse de la taxe d’immatriculation, de 5 à 2%.

Ailleurs, des grands de l’industrie mondiale saisissent l’occasion pour restructurer : Intel ferme son usine de Shanghai (mais non son siège), et réemploiera à Chengdu ou Dalian les 2000 ouvriers. Inbev le brasseur belge («Stella», n°1 mondial) cède 20% de ses parts dans la bière Tsingtao pour n’en garder que 7% : Asahi, le repreneur lui paie 667M$, de quoi payer ses dettes occasionnées par la reprise l’an dernier de l’américain Anheuser-Bush.

 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire