A la loupe : Nouveau monde-Empire céleste : l’aube des retrouvailles

Après quelques mois de rodage, le cabinet Obama est à présent prêt à lancer sa priorité stratégique dans le monde, pour accélérer la convalescence et sauver l’influence américaine globale. Sans surprise, l’alliée maîtresse n’est ni l’Europe, ni la Russie ou le Japon, mais la Chine, avec qui le dialogue stratégique légué par Bush, redémarre fort.

Sur le dossier climatique, à Pékin les 7-9/06, le Secrétaire Todd Stern espère «réellement changer le monde», en faisant que «les 2 Goliath (sino-US) se rejoignent et se serrent les mains à mi-chemin». L’ambition immédiate est une forte coopération en efficacité énergétique, véhicules électriques et capture-stockage de CO2. D’ici décembre pour Copenhague, les deux bords espèrent trouver un «deal» (que les partenaires imposeraient ensuite aux 179 autres pays) sur leurs efforts de réduction d’émissions carboniques. On peut parler d’engagements « parallèles », évitant à la Chine un effort contraignant auquel, pour Washington, elle n’est politiquement et techniquement pas mure.

Au plan commercial, après la visite de Tim Geithner, Secrétaire au Trésor reçu (2/06) par Wen Jiabao le 1er ministre, la coopération est déjà bien sur ses rails. Après avoir bien fait remarquer ses soucis de chute du dollar dont elle détient 768MM en bons du Trésor, la Chine a rassuré. Elle continuera à acheter de telles valeurs, seule manière de financer ses exports vers l’Amérique. Reste bien sûr la question des plaintes à l’OMC et procédures anti-dumping mutuels. Mais nul, Chine ou USA, ne veut envenimer les choses. Obama a d’ailleurs nommé à Pékin un genre d’ambassadeur bis, uniquement pour la gestion de telles affaires, un homme répondant au nom prédestiné de David Dollar. On note ici la position de la Chine, historiquement plus puissante que jamais. Cette année pour la 1ère fois, selon l’institut londonien CEBR, (Centre for Economics and Business Research) le trinôme USA + UE + Canada ne générera plus que 49% du produit mondial brut, contre 64% en 2004, et plus que 45% en 2012. En tête des pays émergents, « repreneurs » de ces parts perdues, se trouve la Chine qui, le CEBR prédit, qu’elle sera 1ère à sortir de la récession.

Cette faiblesse des USA se ressent dans le dialogue politique, juste réengagé. Par fidélité à leurs valeurs démocrates, Hillary Clinton et Nancy Pelosi, demandent la levée du silence sur les évènements de juin 1989, et la libération de 10 dissidents dont Hu Jia, Liu Xiaobo, Gao Zhisheng. Mais sur d’autres dossiers, telle la coopé environnementale, Pelosi reste apaisante. De même, la coopération militaire, gelée depuis des années, redémarre: les dizaines d’entretiens consultatifs se préparent, encouragés par Pékin qui fait appel à une « sagesse réelle » réciproque. Enfin, sur la Corée du Nord, devant émettre avec leurs alliés d’improbables sanctions, Hu et Obama s’entretenaient le 3/04 en vidéoconférence. Vont-ils vers un «G2» décidant pour le monde? 

 

 

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