A la loupe : Pékin s’inquiète de Gaza

Soudain, la Chine tourne les yeux vers la Palestine et Gaza, pilonnée par les bombes israéliennes. Le 11/01, Yang Jiechi, ministre des affaires étrangères, s’entretient  par téléphone avec Ban Ki-moon,  le secrétaire général de l’ONU, pour dire son « espoir » qu’une récente résolution du Conseil de sécurité pour imposer un cessez le feu au conflit ouvert par Tel Aviv le 27/12, soit appliquée. Le 16/01, il réitère son appel depuis Kleinmond (Afrique du Sud), en tournée à travers quatre Etats du continent noir.

Dès le 10 janvier, il avait mandé Sun Bigan, son émissaire « bons offices » au Caire, à Tel Aviv, et dans les territoires occupés. Lequel arrivait pourtant fort en retard sur d’autres personnages plus célèbres, tels Tony Blair négociateur pour l’Europe, l’Amérique et la Russie, ou Nicolas Sarkozy, qui venait de tenter, par une de ces démarches solitaires qu’il  prise, d’imposer une paix « à l’arrachée ». La montée en action e la Chine semble donc destinée, sinon à réussir là où les autres piétinent, au moins pour prévenir la déception du monde arabe qui attendait qu’elle prenne parti. Notamment pour apaiser une diaspora palestinienne de plus en plus nerveuse, et interprétant  sa passivité comme le souci de ménager ses partenaires d’Israël.

Une autre raison à son réveil, est l’imminence (20/01) de l’intronisation de B. Obama comme président américain, qui vient de promettre une initiative pour faire cesser cette guerre, au « premier jour » de son mandat. Sans attendre, son n°2 Joe Biden se lançait dans un voyage discret en Afghanistan et  à Bagdad (12/01). Décidément pour la Chine, rester plus longtemps inactive, était compromettre son ambition de renforcer son influence sur la région, capitalisant sur la profonde impopularité dans laquelle G.W. Bush y laisse la région. Cette influence visée est bien sûr aussi économique, et surtout énergétique : témoin le champ pétrolifère d’Al Adhab (Iran) que la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, récupère le 4/01, moyennant paiement de royalties de 3MM$.

Justement, la Chine manifeste cette semaine ce souci stratégique en un autre point du monde arabe : elle octroie à la Mauritanie (13/01) une tranche nouvelle du port de Nouakchott, port « de l’amitié » qui recevra une nouvelle jetée de 900m moyennant investissement de 280M$. Depuis août, suite au coup d’Etat du Général Ould Abdel Aziz, Nouakchott voit ses aides au développement des USA et de l’Union Européenne gelées, ou en passe de l’être, tout comme son siège à l’Union Africaine. Mais l’ostracisme occidental sur un pays pauvre mais détenteur d’or noir, permet à la Chine de renforcer son ascendant chinois sur lui -comme sur le Soudan et d’autres, stratégie éprouvée. Son approche ne date pas d’hier: depuis 2006, la CNPC  y fore, en quête d’or noir.

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire