Hohhot —solde de comptes
Le 5/02, Guan Liuru, ex-chef de la police de la zone économique de Hohhot (Mongolie Intérieure) entre dans bureau de Wang Zhiping, 54 ans, n°2 de la ville, et l’abat d’un coup de revolver ainsi que Wang Ying, contrôleuse des impôts qui s’y trouvait présente – sans doute pas par hasard. L’assassinat met un terme à quatre tumultueuses années de rancoeur et d’intrigues.
En 2004, suite à une affaire louche dans la police, le vice -secrétaire avait approuvé un «blâme sérieux» au commissaire, entravant sa carrière. Guan avait tenté d’enterrer l’histoire en faisant pleuvoir sur la ville, la province et Pékin des «enveloppes rouges» de bakchichs. Il avait obtenu en septembre un « 2d prix » pour sa contribution à la sécurité de la ville, mais avait été limogé un mois plus tard. De notoriété publique, Guan voulait être réintégré, ou se venger… Ancien soldat, Wang n’a pas cédé au chantage -il passait pour incorruptible, ex-procureur général, ex-boss de la CCID (Commission centrale d’inspection de la discipline) à Hohhot.
NB : A 6 mois des JO, l’affaire embarrasse Pékin, renforçant l’ambiance d’indiscipline au Parti. Le ministère de la sécurité publique a détaché des limiers pour élucider l’affaire. Voire, pour neutraliser la liste laissée par Guan, des cadres (dont certains nationaux) qu’il aurait arrosés.
Nouvel anneau d’améthyste romain pour la Chine
Depuis fin janvier, Hong Kong a un nouveau coadjuteur, bras droit du cardinal Joseph Zen, Jean Tong Hon, qui est donc son successeur désigné, l’homme du Vatican en Chine.
« Au mégaphone », vers Pékin, Tong annonce la couleur : plutôt que jouer l’intransigeant héraut de la liberté de conscience, comme le faisait Zen, il veut servir de « pont », pour arriver à une normalisation et réunifier les branches rivales du catholicisme chinois -la rouge et la clandestine. Le fait est que la Commission spéciale Chine fonctionnant dan la Curie depuis 2006, et la lettre pastorale émise en 2007 par Benoît XVI aux fidèles du pays, ne semblent pas avoir été à la hauteur des espoirs : le concordat reste fuyant, faute de besoin côté Pékin, et faute d’avoir trouvé une solution à la question de l’avenir de l’administration catholique officielle, rivale de celle du Pape. Rien ne prouve que le rameau d’olivier tendu, soit suffisant à résoudre ces deux obstacles…
Défense—le Quad devient tricycle?
En mai 2007, en marge d’un sommet de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est), Tokyo, Canberra, Delhi et Washington jetaient les bases du « Quad », une possible future alliance militaire, ressemblant furieusement, en projet, à celle de la SCO, association de défense entre Russie, Chine et 4 pays d’Asie Centrale.
L’idée rappelait aussi le vieux rêve américain de « contenir » la Chine dans ses frontières, entre les océans Indien et Pacifique. Mais neuf mois plus tard, l’alliance est mort-née. Kevin Ruud, patron du «labour» australien et nouveau 1er ministre lui a porté le coup de grâce, par souci de meilleurs rapports avec la Chine —un de ses meilleurs clients en pétrole, minerai de fer, uranium ou laine. Ruud veut aussi faire reprendre à son pays un rôle d’entremetteur entre Asie et USA, notamment en matière de lutte contre le réchauffement global…
Sa décision était prévisible, après la protestation formelle de Pékin contre une initiative qui ne ferait que « diviser, déstabiliser l’Asie », et la faire « replonger dans la guerre froide ». Aussi son choix a-t-il inspiré à tout le monde un soupir de soulagement. A la Chine, mais aussi aux trois autres acteurs potentiels du quad, dont seul le Japon était ardent défenseur, à l’époque de Koizumi et de Abe. Aujourd’hui, avec Fukuda, les temps belliqueux sont révolus !
Sommaire N° 6