Pour ce Nouvel an chinois puni par un froid séculaire, le bilan émerge:100M de gens ont été privés d’électricité, 107 sont morts -sans compter les 59 décès sous les pétards du réveillon. 10% des forêts sont détruits (17M d’ha), 10% de l’agriculture (24 Mha) sont touchés, qui causeront dès février une inflation de 7%. Les dégâts font 11MM², dont 8% couverts par l’Etat en primes de reconstruction (nationales et locales), autant par les assurances. Ce qui n’empêche l’agence Xinhua d’aligner un bilan triomphant, +35% de ventes à Chongqing et Canton, +24% dans l’Anhui,+16% dans le pays (255MM², dont 2,9MM² dépensés par carte de crédit, +60%… Comme pour conjurer le destin, les citadins viennent de griller d’un coup leurs profits des 11,5% de croissance de 2007 !
Pour endiguer l’inflation, l’Etat vient de réimposer le vieux contrôle des prix: réflexe intenable, car bloquer la hausse des prix agricoles, revient à décourager le paysan de produire. Pékin ne s’y trompe pas, et revalorise discrètement (8/02) le riz de 80¥/t, (à1580¥/t), et le blé de 100¥ /t le blé, tout en prédisant, pour peu que nulle autre catastrophe climatique n’intervienne, une récolte stable de 500Mt…
Nos confrères du Financial Times (4/02) sont moins optimistes. L’inflation ne vient pas de la pénurie de porc mais de l’excès de devises (1,4MM $), causé par un Yuan trop bas, fruit d’une intervention permanente de l’Etat. Or, à mesure que se tarit l’exode rural, et la main d’oeuvre à bas prix, les instruments de contrôle macro-économique commencent à se bloquer. Le 3ème trimestre a vu les 5 grandes banques (ICBC – Banque de l’industrie et du commerce, BdC – Banque de Chine, CCB – Banque de la construction, BdA – Banque de l’agriculture, BoComm – Banque de la communication) repasser la barre des 8% de mauvaises dettes, même tendance au 4ème trimestre. En janvier 2008, la masse monétaire M2 a progressé de 19%, et les prêts, de 17,5%. Avec 803MM¥ prêtés, 22% du quota annuel a été utilisé, donnant dès le 1er mois la certitude qu’il sera dépassé. L’austérité décrétée en haut, n’est pas respectée!
Outre l’arrêt brutal de la réforme économique déjà évoqué (gel des prix, nouvelle loi du travail, généreuse mais qui fait obstacle à l’embauche), deux autres dangers pointent :
– la crise des subprimes et la conjoncture mondiale défavorable vont exacerber les réflexes protectionnistes (cf p2), tout en réduisant les commandes en Chine et ses possibilités d’import alimentaire (les réserves mondiales en grain sont au plus bas niveau depuis 25 ans).
– l’explosion de l’inégalité des fortunes, la Banque Mondiale annonce qu’en la matière, Pékin vient de dépasser la Russie et les USA.
Bilan selon le Financial Times: pour les années à venir, les chances d’une récession chinoise avec croissance à moins de 6%, sont à «50/50%»!
Sommaire N° 6