A la loupe : Santé : elle aussi, en bas régime

L’Etat vient de présenter (18/10) son dernier plan de réforme de la santé : après un an de recherche soutenue par l’OMS, (l’organisation mondiale de la santé), la Banque mondiale et McKinsey, et plusieurs universités. Après 20 ans d’essais ratés de «modernisation» et privatisation, la Chine n’a plus droit à l’erreur. Ce rapport débouche sur la remise en cause de 30 ans d’un dogme : à l’avenir, les hôpitaux ne seront plus supposés gagner de l’argent mais seront pris en charge à 100% – quitte à rendre ses rentrées à l’Etat. Le malade ne paiera plus cash, à la porte de l’hôpital, 50 à 60% de ses soins, contre 45% en Corée, 15% au Japon, 20% en France (ticket modérateur). Ceci, pour mettre un terme à cet échec flagrant du régime : selon la revue britannique the Lancet, l’hospitalisation en Chine vaut un an de salaire… C’est pourquoi 35% des citadins et 43% des ruraux soignent leurs maux par le mépris, ou bien vont à l’hôpital, mais s’y ruinent.

Autre objectif : la sécurité sociale couvrira 90% de la population dès 2010, le reste en 2020. Présentant ce projet, l’Etat pratique sa « démocratie à la chinoise», en sollicitant l’avis des gens: avec succès, puisqu’en une semaine, 12.000 avis se sont affichés au site de la NDRC (National Development and Reform Commission). Le plan contient pourtant de sérieuses lacunes, sur le financement de cette médecine davantage gratuite. Face aux frais énormes encourus à l’avenir, Sécurité sociale, ministère des finances, Banque centrale se «repassent le bébé». Pour autant, l’horloge tourne, et chaque jour passé sans réinvestir dans la santé des gens, se paie au prix fort, en espérance de vie. The Lancet encore, le précise, dans une étude choquante: 177M d’hommes souffrent d’hypertension, suite à une diète trop grasse et trop salée. 300M fument, et 580M sont fumeurs passifs. 100M d’hommes mourront prématurément d’ici 2050 (2M/an), de troubles cardio-respiratoires et du cancer, dont la létalité est passée de 47% en ‘1973, à 74% en 2005—et ce n’est pas fini! Et les exercices physiques en perte de vitesse sont aussi un problème : la société moderne e st en échec, par rapport aux temps de Deng et Mao avec leur gym quotidienne obligatoire. Enfin, sida (700.000 cas), stress/dépression (15% de la société) prennent leur dîme sur la vie et le sentiment de bonheur des gens : prix à payer pour ces 30 ans de lâchage par l’Etat de la santé public.

Il faut enfin noter l’enjeu politique de ce remaniement, pour une nation ambitionnant le leadership économique mondial, après 20 ans passés à plus de 10% de croissance annuelle, suivis d’un blocage soudain. Ce succès eut pour face cachée la précarité de la rue, qui s’en prémunit en thésaurisant sur le bas de laine. Seuls 40% du PIB vient de la consommation. Pour renouer avec « sa » croissance de plus de 10% /an, il faut réaliser la vraie sécurité sociale—maintenant.

 

 

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