Temps fort : L’Europe et l’Asie, main dans la main

Au sommet de l’ASEM (Asia-Europe Economic Meeting) à Pékin les 24-25/10, on a vu pour la 1ère fois dans l’histoire, Europe et Asie parler d’une même voix, avec une conviction inédite. Après deux jours de débats, les 43 chefs d’Etat et de gouvernement sont tombés d’accord pour «entreprendre une réforme effective et complète des systèmes internationaux monétaires et financiers». En une démarche comparée par certains aux accords de Bretton Woods (1944), les 16 pays asiatiques ont appuyé les suggestions des européens, davantage de supervision des banques, d’encadrement des fonds de pension, de nouvelles règles de fonctionnement aux firmes de credit-rating, un renforcement du Fonds monétaire international ainsi qu’une «constitution financière planétaire» et un «conseil de surveillance» de la finance mondiale (ces dernières idées émanant d’Angela Merkel, la chancelière allemande).

C’est une victoire pour J.M. Barroso, le Président de la Commission de Bruxelles qui déclarait que «soit nous nageons ensemble, soit nous coulons ensemble», propos repris presque dans les mêmes termes par le 1er ministre chinois Wen Jiabao. Et surtout, une victoire pour N. Sarkozy, Président  en exercice de l’Union Européenne, qui s’était engagé dans cette bataille pour le soutien asiatique. Chine et Europe gagnent ensemble, la 1ère en annonçant la présence probable du Président Hu Jintao au sommet G20 de Washington, pour y jouer une « influence déterminante », la 2de, en ayant convaincu l’Asie de s’engager à ses côtés, dans la remise en cause d’un système actuel très favorable à l’Amérique. 

Au demeurant, l’ASEM a vu fleurir plusieurs projets bilatéraux. Parmi ceux-ci, cette future Zone Economique sino-vietnamienne à 200M$ au port de Haiphong, ce fonds commun pan asiatique de 80MM$ de soutien des monnaies, à constituer avant juin 2009, tandis que la Thaïlande suggérait un fonds de 200MM$, mais uniquement au sein de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est)

c’est à dire hors de l’influence de la Chine qui n’en sera donc sans doute pas un ardent défenseur. La Chine pour sa part, signe avec Singapour son 7ème accord de libre échange. Plus important : les asiatiques, y compris la Chine et l’Inde, se sont engagés, au sein du futur accord écologique mondial de Kyoto-II, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, d’une manière contraignante et vérifiable : c’est une 1ère, toute aussi prometteuse que les signaux donnés par la Chine (le vice 1er Wang Qishan) d’une volonté d’aboutir, dans les vieilles discussions sur le prochain traité de l’OMC dit de Doha.

Comme quoi ce forum biennal, normalement ronronnant et sans efficacité, s’avère un terrain inattendu de rapprochement accéléré : sous l’effet magique de la crise. Avec quand même une ombre au tableau, grand absent à ce sommet et qui prépare sa riposte, déterminé à défendre sa position financière dominante : les Etats-Unis d’Amérique …

 

 

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