Editorial : Parti communiste chinois —rivalités ou douleurs d’accouchement?

Après des années d’unité, des rides de division apparaissent à la surface du Parti communiste. Le contraire eût surpris, après les secousses essuyées cette année par le pays, séisme et troubles financiers entre autres !

Un groupe de conservateurs de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) et du Quotidien du Peuple a accusé le 1er ministre Wen Jiabao de «danser sur la musique de l’Ouest», de la démocratie. Hu Jintao, le Président, se serait offusqué de la popularité de Wen, suite à son action énergique et compatissante déployée dans l’après-séisme. Wen d’ailleurs, saisit l’occasion du scandale du lait contaminé pour s’autocritiquer… Autre chose : le n°2 Xi Jinping déclare (20/10) : « le PCC n’est plus ‘révolutionnaire’, mais ‘le parti au pouvoir’». Apparente banalité, mais qui lui permet de rappeler qui sera le maître du pays en 2012, de lui ou Li Kejiang. Et la rumeur de préciser que si Wen quitte, Li devra le suivre… C’est dans ce climat glauque qu’à Hong Kong, dans la revue 开放 « Ouverture », un article qui critiquait Wen Jiabao sort saboté, rendu illisible par des inconnus : du travail d’artiste, et une péripétie de ce « combat des chefs », exporté jusque dans la presse  !

Bien sûr, de ces rumeurs, il faut en prendre et en laisser. Sur les équipes qui se suivent au pouvoir depuis un quart de siècle, le tandem Hu-Wen est à la fois le plus soudé, et celui aux meilleurs succès en terme d’image (les JO, la mission spatiale de septembre).  Simplement, dans ses décisions collégiales, le Comité Permanent exprime deux sensibilités contradictoires, donnant l’impression de zig-zag ou dents de scie :

[1] Conservateur-autoritaire, il poursuit le harcèlement des dissidents, et dénonce farouchement le prix Sakharov accordé à Hu Jia (cf p.3). Selon le PEN – club, les écrivains et journalistes en prison sont plus nombreux qu’en décembre 2007. Il traque aussi Tibétains et Ouighours -une liste noire (21/10) de huit « terroristes olympiques» ouighours présumés est publiée. Et on dénonce à Pékin le maintien d’une dizaine de prisons clandestines, détenant hors de toute loi les pétitionnaires avant de les renvoyer en province… Enfin, une campagne contre la corruption bat son plein, condamnant à mort avec sursis Liu Zhihua, ex vice-maire de Pékin.

[2] Mais il s’avère aussi, en même temps, libéral et réformiste. Il vient d’approuver cette réforme foncière rurale – sa plus importante action politique depuis 20 ans. Malgré une contestation interne très vive, il s’apprête à garantir au paysan le droit d’usage sur sa parcelle pour 70 ans (celui de location, mais non de vente ni d’hypothèque sur la terre arable), et un permis de résidence facilité dans les villes petites et moyennes. Pékin prolonge aussi les droits, ouverts à l’origine pour la période des JO, aux journalistes étrangers d’interviewer et de voyager librement, sauf en quelques zones comme le Tibet… Tandis qu’un vice-directeur à l’école du Parti prédit pour 2020 une démocratie chinoise, avec élections et consultations…

Tout ce que cette valse hésitation confirme, est la conscience  au sommet  d’un besoin d’air frais et un combat incessant contre des hordes de vieux dragons assoupis sur leurs privilèges !

 

 

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