Pol : Corruption : trois affaires, un bureau

Corruption : trois « affaires », un bureau

     A l’aube du XVII. Congrès, la corruption est vue comme une menace à la légitimité du Parti par le Président Hu jintao, qui semble vouloir en faire son mandat n°1 pour l’avenir.

Trois affaires impressionnantes défraient la chronique cette semaine —comme si l’hydre dardait ses mille langues, indifférente aux sermons dans le désert.

 Pang Jiayu, dit le «maire-braguette», ex-édile de Baoji (Shaanxi) est en examen, dénoncé par 11 ex-maîtresses qui l’accusent d’avoir abusé d’elles depuis 13 ans. Celles-ci se sont unies pour venger trois de leurs maris, condamnés l’un à mort, les autres à de lourdes peines de prison, suite à un crash financier dont Pang, le responsable, leur avait fait porter le chapeau. Par ailleurs, deux autres cadres viennent d’être passés par les armes.

‚ Wen Mengjie, 50 ans, directeur à la Banque de l’Agriculture à Pékin, exécuté pour détournement d’1,5M² en cinq ans (en 2006, un audit sur cette banque agricole révélait des fraudes portant sur 5MM² !).

ƒ Duan Yihe, 61 ans, Président du Parlement de Jinan (Shandong), pour avoir liquidé sa maîtresse à la voiture piégée. L’exécutant, un policier local, subit la même peine. Duan était aussi convaincu d’avoir empoché 170.000².                                               

Pour remonter la pente, Ma Wen, la nouvelle ministre anti-corruption, présente son nouveau « Bureau national de prévention de la corruption ». Sa tâche consistera à « surveiller les flux de fonds suspects et les activités susceptibles de corruption (…) en établissant une base de données entre le procureur public, le tribunal, la police et les banques ». De manière assez compréhensible, l’annonce ne convainc pas: ce bureau va s’ajouter à une brochette déjà fournie d’organes de lutte contre ce fléau; et qui y échouent. Tels le ministère de la supervision, la CCID, et tous les procureurs publics… Le blocage intervient toujours au même endroit : l’absence d’indépendance de la justice et de la presse, donnant aux cadres le sentiment d’être au-dessus des lois.

Un journaliste revoit le jour

      Zhao Yan, journaliste chinois, recouvre sa liberté le 15/09, après 3 ans de prison, cas d’école du conflit d’intérêt latent entre presse et pouvoir.

Ex-policier de Harbin converti au journalisme, Zhao, homme courageux et croyant en son métier, est un fils de cette presse moderne chinoise au service d’un public jeune et avide d’information honnête. Une presse sans complexe, décidée à exploiter sa marge de liberté, tant par idéal que par intérêt commercial – car la palme publicitaire revient au plus lu.

En 2004, Zhao Yan s’était fait mal voir de cadres corrompus du Hebei, qu’il dénonçait. Il s’était replié dans un poste de recherchiste au bureau pékinois du New York Times. Mais peu après, le NYT annonça le départ de Jiang Zemin de son dernier mandat de patron de l’armée : d’emblée, Zhao fut inculpé pour « fuite de secret d’Etat » -charge qu’il a toujours niée. Les pressions américaines et étrangères pour le faire libérer, permirent probablement de modifier le chef d’accusation afin d’alléger le verdict. Mais Zhao Yan, contrairement à une pratique fréquente, ne bénéficia pas d’un seul jour de remise de peine : simple rappel qu’irriter des grands de ce monde, demeure dans ces contrées un délit inacceptable.

 

 

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