A la loupe : Tibet – environnement et main tendue

Le Tibet fait soudain —c’est rare- la «Une» des média, suite à une polémique entre Pékin et l’Australie: comme souvent, Pékin a fait pression pour faire échec à une visite du Dalai Lama, l’accusant de fausseté et de séparatisme sous prétexte de religion. Mais l’effet inverse eut lieu : l’Australie entière prit la démarche pour une ingérence, le 1er Ministre, J. Howard octroya le visa, une audience (15/06), et pria Pékin de « respecter la démocratie » locale.

Même K. Rudd, chef de l’opposition rencontra le Dalai : entre les deux pays, en ce moment, rien ne va plus. La force des échanges commerciaux (44,3MM$ au 1er trimestre, surtout en ventes australiennes de matières 1ères) n’a pas suffi pour justifier une auto-censure de Canberra. Or, cet acte de « lèse-Chine » plus vu depuis longtemps dans le monde, fera précédent : Helen Clark, la 1er ministre de Nouvelle Zélande, « réfléchit » si, à son tour, elle recevra le Dalai lama la semaine prochaine

Fin mai, une émeute éclate à Bamei (Sichuan), aux franges du Toit du Monde: des 100aines de Tibétains tentent d’empêcher l’ouverture « sacrilège » d’une mine de plomb et de zinc sur le mont Yala, une des neuf hauteurs vénérées au Tibet historique.

Le 10/06, HRW – Human Rights Watch – groupe de défense des droits de l’homme dénonce la sédentarisation forcée de 700.000 nomades Tibétains,contraints depuis 2000 à vivre en « dur », et vendre leurs troupeaux. Ce qui ruine souvent ces éleveurs incapables de retrouver du travail, faute de langue chinoise, et de cultiver. Brad Adams, directeur à HRW, soupçonne aussi la sinisation forcée, et bien sûr, le contrôle politique sur des populations jusqu’alors insaisissables.

Critique justifiée? Difficile à dire, vu l’interdiction de facto de la presse étrangère d’aller seule sur place pour vérifier les faits.

Pékin défend son projet comme action de développement, de modernisation, et de sauvegarde de l’environnement : interrompre la transhumance pour laisser les forêts se régénérer. Au demeurant, le pouvoir local affiche un fort sérieux écologique: un an après l’ouverture du chemin de fer, il interdit toute mine d’or, de mercure, d’arsenic et de tourbe (mais non de cuivre!)-  trop polluantes pour les cours d’eau et destructrices de l’environnement.

A son arrivée à Canberra, le Dalai Lama a réservé à ses hôtes une surprise. S’abstenant d’un triomphe facile, il a invité les pays de l’Ouest à… éviter d’isoler la Chine, estimant la pratique «moralement mauvaise». Démarche subtile : comme théologien, il récuse toute démarche de type guerrier, en tant que rupture d’harmonie. Mais comme leader politique, il trouve une bonne occasion de tendre la main à Pékin de sa bonne foi. Enfin, par son dynamisme, il prouve à Pékin qu’il n’est ni « trop vieux », ni « fini », mais là pour durer : un homme avec qui il faut négocier ! 

 

 

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