Joint-venture : Boulimie chinoise pour Goldman Sachs

— En sidérurgie, le coup de gong suite à la fusion Arcelor-Mittal n’a pas fini de vibrer sur la Chine.

Deux tendances se dessinent, qui pourraient former une riposte du secteur, ou de sa tutelle.

[1] Le rachat en février de 38% de parts par Arcelor dans l’aciérie Laiwu (223M$) pourrait être infirmé par la NDRC, (National Development and Reform Commission) soucieuse de ne pas céder au géant mondial un actif stratégique.

[2] Emoustillé par les succès chinois en bourse étrangère, Baosteel le shanghaien s’y prépare. Or, à en croire la presse du Soleil levant, il s’apprêterait à céder en lever de rideau une fraction de son capital à Nippon Steel et à Posco (Corée du Sud), comme 1er pas d’une fusion à l’amiable : Nippon + Posco + Baosteel = 90Mt de capacité, contrepoids crédible aux 110Mt d’Arcelor-Mittal.

Par la voix de son Président Lakshmi Mittal, Arcelor-Mittal poursuit sa propre démarche d’acquisition en Chine de l’intérieur: elle constitue sa meilleure chance d’avenir, et de remonter son handicap (la distance à la mer) en perfusant crédits et technologies. Arcelor-Mittal négocie la reprise  de 49% de Baotou, la mongole…

NB : la NDRC ne peut plus bloquer la reprise dès 2005 de 37% de parts par Mittal dans Hunan Valin, pour 338M$ : deal déjà approuvé.

— Après 9 ans de hiatus, le 1er décembre marque le retour de la pratique des ventes directes, interdites en Chine depuis 1998, par peur d’une exploitation sauvage de centaines de milliers de vendeurs indépendants obligés d’acheter leur stock, et de millions de clients incapables de se plaindre en cas de malfaçon.

Au 1er décembre, seules 5 firmes ont obtenu la licence, dont Avon (n°1 mondial) et Nuskin. Cinq autres, dont Mary Kay et Amway espèrent. La nouvelle règle du jeu impose que le vendeur soit employé et dépende d’un centre de service (d’un réseau vérifié et agréé).  L’enjeu est lourd : Avon a 6000 magasins et 186.000 vendeurs, dont 40% en porte-à-porte, ventes qui devraient lui apporter 1MM$ de chiffre d’affaires par an. Avon vise en Chine le même taux de pénétration qu’au Brésil, 5 vendeurs pour 1000 habitants. Mais elle trouvera en chemin les 2300 administrations locales, auprès desquelles l’enregistrement est obligatoire !

 

— PCCW, l’ex-Hong Kong Telecom et ex-Cable& Wireless fut conquise en 2000 par le tycoon Li-Ka-shing pour son fils cadet Richard Li «Tzar»-Kai : à la hussarde, avec l’appui chinois. PCCW (Pacific Century Cyber Works), c’est le 1er réseau du Rocher, tél. fixe, mobile, large bande et TV en ligne. Malgré son nom impérial, Li Jr n’est pas un Dieu des affaires et depuis sa reprise, PCCW périclite. Que Pékin ait fermé son marché à tout acteur étranger, n’explique pas tout.

En 2005, pour aider PCCW en panne, Pékin fait racheter 20% par China Netcom. Un an après, Li doit dégraisser, et tente diverses formules. Céder 23% au fonds californien TPG-Newbridge, puis tout le groupe, 7MM$, à  Macquarie (Australie). Mais au nom de Pékin, Liao Hui, «Mr Chine» à Hong Kong, met son veto : après avoir repêché PCCW en 2005 via Netcom et s’être abstenue d’en reprendre le contrôle, Pékin ne veut pas laisser le gâteau partir sur une table étrangère ! Pour tout arranger, depuis Singapour, les actionnaires minoritaires (30/11) dynamitent le  plan «C», la vente des parts de Li Junior (1,2MM$) à un banquier Hongkongais, renfloué par Li-Kashing et Telefonica…Retour à la case départ : Pékin se mord peut être les doigts, de n’avoir en 2000 « laissé faire la nature », et, béni une reprise par le meilleur candidat de l’époque, Singtel, les télécoms de Singapour !

— En novembre, à grands coups de surenchères, Huawei l’équipementier et 3Com l’américain s’arrachaient leur JV de matériel internet.

3Com était condamné à gagner, sous peine de céder ce marché chinois à Cisco, son rival, leader mondial. Huawei en a profité pour faire monter le prix. Il vend ses 49% de parts pour 882M$ -l’ex-JV est évaluée à 1,8MM$. Pas mal, pour une création qui ne lui avait pas coûté un sou 3 ans plus tôt ! (Huawei avait apporté technique et personnel, et 3Com, 160M$). Goldman &Sachs l’investisseur US, a -peut-être- prêté main forte à 3Com.

Goldman par ailleurs, semble pris ces dernières semaines de boulimie chinoise. Goldman a aussi avalé 10% de Fuyao le roi du pare-brise(113M$), 11% de Midea, n°1 de l’électroménager (91M$), et (avec un syndicat d’investisseurs) le groupe Shuanghui, 1er abattoir du pays, pour 250M$. Alors que pendant ce temps, à Hong Kong, les “blue chips”, valeurs chinoises ne font que chuter, frappées par les avis de surévaluation !

 

 

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