L’étau se resserre sur la Chine, de la part de ses clients Union Européenne et USA submergés par ses chemises et sous-vêtements.
Washington réinstaura d’urgence,(13 et 18/5) des quotas de 7,5%/an sur son marché pour 5 types de vêtements chinois. Bruxelles suivit (17/ 5), pour annoncer 2 quotas sous 15 jours (T-shirts, fil de lin), sauf accord à l’amiable. Actions licites, selon l’OMC, en cas de «perturbations graves du marché».
«Elles violent l’OMC», avertit Bo Xilai, min. du commerce (18/5), «elles nous coûteront 1,2MM$ aux seuls US, sans parler des jobs, et elles compromettent la prochaine ronde de négociation à Hong Kong » (décembre 2005). La menace est claire! P. Devedjian pourtant estime l’action de Bruxelles, avec 2 quotas accordés sur 16 réclamés, « excessivement prudente, voire inefficace ».
C’est que Bruxelles est prise entre 3 feux : la Chine, qui défend bec et ongles ses «M de jobs peu payés mais irremplaçables», les Etats-membres latins qui pleurent leur textile mourant, et les urgences de la Realpolitik :
[1] avant octobre 2005, les textiles refusés aux US vont se déverser sur l’Europe, dernier marché, et
[2] le 29/5, faute d’un mur protectionniste qu’elle récuse par ailleurs, l’Union Européenne risque un «Non» en France, lors du référendum sur sa Constitution!
Puis (19/5), Bo Xilai céda et annonça un relèvement des droits sur 74 types de textiles – 6 des 9 gammes sous enquête européenne.
En apparence, elle relève les taxes à l’export jusqu’à 1500%. Mais elles gardent en fait un niveau bas (3¥ sur le pantalon), et selon les experts, ne devraient pas grever lourdement l’avantage d’export. De plus, le Ministère du commerce semble faire le forcing – ses concessions tomberaient, en cas de maintien des quotas…
Deux autres outils doivent peser sur cette réduction d’exports : l’autolimitation volontaire des firmes, et la coopération anti-piratage accrue, qui fait 10% de ce marché.
Au milieu de ce maelstrom (17/5), G.W. Bush ouvrit un nouveau front, celui des monnaies, donnant 6 mois à la Chine pour réévaluer, sous peine de 27,5% de taxes sur ses exports, comme «manipulatrice des marchés».
La veille encore, Wen Jiabao refusait de se laisser dicter le cours de sa monnaie. Mais le 18/5, il ouvrait un nouveau marché monétaire en Chine, à savoir un marché du change entre le US$ et 7 devises, et entre l’²uro et le Yen : sans l’avouer, c’est une plaque tournante vers la convertibilité du RMB !
Sommaire N° 17