Face à la surchauffe, le bilan du régime est solide. La coupe du crédit a freiné la croissance industrielle de 23,2% en février à 15,7% en octobre. Au 3e trimestre, la hausse du PIB est de +9,1%, contre 9,8 au 1er.
Pour 2004, Banque Mondiale (BM), Fonds monétaire international (FMI) et Banque asiatique de développement (ADB) font des prédictions voisines, + ou – 9%, et 7,5% en 2005.
Restent des boutons de fièvre dans l’acier (+25% au 3ème trimestre), l’énergie (5MM$ de commandes de centrales prédites par General Electric en 2005, contre 3,5 en 2004). Mais avec sa hausse (prudente, tardive) de 0,27% du taux d’intérêt, Pékin a transformé l’essai : plus de risque d’éclatement d’une bulle (immobilière, auto). Soucieux de la récente vague d’émeutes (sui-te indirecte de la coupe du crédit, cf VdlC n°36), Ma Kai, patron de la SASAC (tutelle des GEE) corrige le tir, parlant de garder «un taux de croissance élevé», tandis que Wen Jiabao réitère l’ordre aux provinces de rehausser les salaires minimum!
Prochaine question : quelle suite le régime veut-il donner au niveau monétaire, alors que le US$ baisse (1,3$/1€), et que le pétrole demeure à 50US$/baril. Clairement, la compétitivité chinoise tousse – bien des firmes exportent à perte, tel Gallanz (n°1 mondial du micro-ondes) qui tonne contre son acheteur Wal-Mart.
La Chine peut-elle découpler son ¥ du US$, aujourd’hui tenu à 8,28/1, et 0,3% de fluctuation?
Seule certitude :
1. elle devra réévaluer, pour alléger sa note de matières 1ères, et forcer ses firmes à viser une compétitivité de type high tech plutôt que huile de coude.
2. Elle le fera en douceur, pour éviter la spéculation.
3. Elle le fera après avoir endigué l’inflation (-0,2% en sept, à 5%), en tout cas avant fin 2006, pour ne pas éreinter l’exportation.
Sous ce cahier de charges, les experts attendent un passage du pivot/US$ vers un panier/monnaies avec fluctuation de 3 à 7%, voire le même résultat sans quitter le US$, par pivot rampant (élargissement progressif de la bande passante). Une 2ème hausse du taux d’intérêt est plausible début 2005 (pour réduire vers +12% la croissance industrielle), mais limitée pour ne pas ruiner les millions d’emprunteurs (200MM€ d’hypothèques en cours).
D’habitude avare d’indices, la BPdC, la Banque populaire de Chine, se déride, tel Guo Shuqing son vice-gouverneur qui chuchote : « il ne faut pas confondre ‘stabilité’ et ‘absence de fluctuation’ » !
Sommaire N° 37