A la loupe : Le pétrolier chinois navigue à vue!

L’envol du cours du pétrole (50$/baril) frappe la Chine de plein fouet, devant importer cette année 120Mt, (+40%), sans réserve stratégique.

Face à cette crise, Pékin semble naviguer à vue. Symbole parlant : elle n’a même pas sorti le plan  global de l’énergie, que lui suggérait l’AIE, (l’Agence Internationale de l’énergie) en 2003!

Ainsi, CNPC, la Compagnie Nationale Pétrolière, baisse cette année sa production de 3,5%, à 46,6Mt, à Daqing (Heilongjiang), mais renonce à sa réduction de 7% prévue pour prolonger la vie de ce 1er gisement du pays.

Cet été a vu simultanément la finition du gazoduc Urumqi-Shanghai (14,9MM², 4200km, capacité de 20MMm3 : dans 6 ans, il chauffera Shanghai à 100%, détrônant le charbon) et la clôture cavalière des palabres entre CNPC et le consortium Shell (avec Exxonmobil et Gazprom).

Le n°1 chinois a réalisé qu’il pouvait se passer de partenaires. C’est son intérêt, mais pas celui de la nation, qui va de plus en plus dépendre de l’or noir et de la technologie (et du management) de l’extérieur! Aussi les profits publiés au 1er semestre par les pétroliers chinois (Cnooc 0,7MM², Sinopec 1,6MM², CNPC 4,3MM²) sont l’arbre qui cache la forêt!

Pour faire face, la Chine soutient Yukos, le pétrolier privé harcelé par Moscou, qui se trouve être son 1er fournisseur étranger (400.000 barils/jour, 7% de sa consommation). Il lui garantit le paiement du train acheminant son pétrole, et lui offre de racheter Yuganskneftegaz, sa «vache à or noir» (60% de sa production, 10 à 20MM$).

Bizarre mais symptomatique de la confusion présente, la SDRC, la State Development and Reform Commission,

démentit l’offre un jour plus tard (26/8) – par crainte de sembler prendre parti dans un conflit interne de son voisin nordique! A 1ère vue, c’est mauvais signe pour le futur pipeline Angarsk-Daqing, dont Yukos était le défenseur : Transneft, son concurrent étatique, vote pour le tracé japonais!

Idem, Pékin décrète (25/8) une hausse de l’essen-ce, 6%, sans sauter le pas en imposant son vieux projet de taxe au carburant. Seule innovation: le retour vers le futur, à Shanghai (25/8) qui rouvre le marché à terme du gazole après 9 ans d’éclipse.

Toutes ces demi-mesures montrent que face à son problème énergétique, l’Etat reste passif: suite aux pressions, voire au conflit d’intérêts avec ses deux Etats dans l’Etat, CNPC et Petrochina !

 

 

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