Editorial : Nouveau pouvoir chinois – Jiang en filigrane!

Le rideau est retombé sur le Congrès du Parti Communiste chinois-ses instances sont renouvelées jusque en 2007, donnant -tel Janus- une image ambiguë :

Côté jardin, on fait face à un Comité Central rajeuni : après renouvellement de 50% des 356 membres/suppléants, le Comité Central a 55 ans d’âge moyen (4 ans plus jeune). Il est plus compétent : 98% sont porteurs d’un diplôme. La présence féminine reste faible – 27 membres. On a été plus attentif aux minorités : 35 sièges – plus que leur part réelle (7%) dans la population.

Parmi les nouveaux, on remarque la présence de Bo Xilai (futur maire de Pékin?, 53 ans), Li Keqiang (gouverneur du Henan, 47 ans) et Xi Jinping (gouverneur Fujian, 49 ans), réputés être l’équipe de la 5ème génération : parmi eux se trouve, sans doute, le « Hu Jintao » de l’an 2007 !

Côté cour, les rumeurs se sont confirmées, d’une radicalisation au cours des dernières semaines : Les résultats indiquent que Jiang Zemin, le Premier Secrétaire sortant, a gagné la bataille

Li Ruihuan, seul libéral éligible, a été écarté de la vie politique,

– Jiang fait élargir de 7 à 9 le Comité Permanent, et y a placé 6 de ses lieutenants : Wu Bangguo (n°2), Jia Qinglin (4), Zeng Qinghong (5), Huang Ju (6), Wu Guanzheng (7) et Li Changchun (8).

– Jiang conserve "au moins 2 ans" la Présidence de la Commission Militaire Centrale, une des 3 instances suprêmes, d’où il peut veiller sur les jeunes dirigeants. Il reste aussi jusque en mars 2003, Président de la République.

– Il a obtenu l’entrée dans la Charte du Parti de «sa» théorie de la san gedaibiao , triple représentativité -déjà formulée par Mao Zedong. Et si son nom n’apparaît pas, contrairement à ceux du Patriarche et du Timonier – c’est que Jiang, lui, est toujours vivant.

On le voit, la victoire est éclatante, quoique loin de correspondre à son image dans l’opinion. Elle pose deux questions :

[1] celle de la capacité du régime à réagir aux crises d’avenir (santé, pollution, corruption etc) sans débat public ni soutien de la base,

[2] celle de la viabilité du système de succession mis en place par Deng Xiaoping, dont c’était la 1ère mise à l’épreuve. En effet, ce système avait pour but de garantir la disparition du pouvoir solitaire à vie. Or, il y a eu moins "succession à Jiang" que "prise de pouvoir par ses hommes": le mécanisme n’a pas fonctionné!

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