Le Vent de la Chine Numéro 38

du 18 novembre au 1 décembre 2002

Editorial : editorial_38_2002

Le rideau est retombé sur le Congrès du PCC -ses instances sont renouvelées jusqu’en 2007, donnant -tel Janus- une image ambiguë :

Côté jardin, on fait face à un Comité Central rajeuni : après renouvellement de 50% des 356 membres/suppléants, le CC a 55 ans d’âge moyen (4 ans plus jeune). Il est plus compétent : 98% sont porteurs d’un diplôme. La présence féminine reste faible – 27 membres. On a été plus attentif aux minorités : 35 sièges – plus que leur part réelle (7%)dans la pop. Parmi les nouveaux, on remarque la présence de Bo Xilai (futur maire de Pékin?, 53 ans), Li Kejiang (gouverneur du Henan, 47 ans) et Xi Jinping (gouverneur Fujian, 49 ans),réputés être l’équipe de la 5ème génération : parmi eux se trouve, sans doute, le « Hu Jintao » de l’an 2007 !

Côté cour, les rumeurs se sont confirmées, d’une radicalisation au cours des dernières semaines :

Les résultats indiquent que Jiang Zemin, le Premier Secrétaire sortant, a gagné la bataille.

Li Ruihuan, seul libéral éligible, a été écarté de la vie politique,

· Jiang fait élargir de 7 à 9 le Comité Permanent, et y a placé 6 de ses lieutenants : Wu Bangguo (n°2), Jia Qinglin (4), Zeng Qinghong (5), Huang Ju (6), Wu Guanzheng (7)et Li Changchun (8).

· Jiang conserve "au moins 2 ans" la Présidence de la Commission Militaire Centrale, une des 3 instances suprêmes, d’où il peut veiller sur les jeunes dirigeants. Il reste aussi jusqu’en mars Président de la République.

· Il a obtenu l’entrée dans la Charte du Parti de «sa» théorie de la san gedaibiao , triple représentativité – déjà formulée par Mao Zedong. Et si son nom n’apparaît pas, contrairement à ceux du Patriarche et du Timonier – c’est que Jiang Zemin, lui, est toujours vivant.

On le voit, la victoire est éclatante, quoique loin de correspondre à son image dans l’opinion. Elle pose deux questions :

? celle de la capacité du régime à réagir aux crises d’avenir (santé, pollution, corruption etc) sans débat public ni soutien de la base,

‚ celle de la viabilité du système de succession mis en place par Deng, dont c’était la 1ère mise à l’épreuve. En effet, ce système avait pour but de garantir la disparition du pouvoir solitaire à vie. Or, il y a eu moins "succession à Jiang" que "prise de pouvoir par ses hommes": le mécanisme n’a pas fonctionné!


Editorial : Nouveau pouvoir chinois – Jiang en filigrane!

Le rideau est retombé sur le Congrès du Parti Communiste chinois-ses instances sont renouvelées jusque en 2007, donnant -tel Janus- une image ambiguë :

Côté jardin, on fait face à un Comité Central rajeuni : après renouvellement de 50% des 356 membres/suppléants, le Comité Central a 55 ans d’âge moyen (4 ans plus jeune). Il est plus compétent : 98% sont porteurs d’un diplôme. La présence féminine reste faible – 27 membres. On a été plus attentif aux minorités : 35 sièges – plus que leur part réelle (7%) dans la population.

Parmi les nouveaux, on remarque la présence de Bo Xilai (futur maire de Pékin?, 53 ans), Li Keqiang (gouverneur du Henan, 47 ans) et Xi Jinping (gouverneur Fujian, 49 ans), réputés être l’équipe de la 5ème génération : parmi eux se trouve, sans doute, le « Hu Jintao » de l’an 2007 !

Côté cour, les rumeurs se sont confirmées, d’une radicalisation au cours des dernières semaines : Les résultats indiquent que Jiang Zemin, le Premier Secrétaire sortant, a gagné la bataille

Li Ruihuan, seul libéral éligible, a été écarté de la vie politique,

– Jiang fait élargir de 7 à 9 le Comité Permanent, et y a placé 6 de ses lieutenants : Wu Bangguo (n°2), Jia Qinglin (4), Zeng Qinghong (5), Huang Ju (6), Wu Guanzheng (7) et Li Changchun (8).

– Jiang conserve "au moins 2 ans" la Présidence de la Commission Militaire Centrale, une des 3 instances suprêmes, d’où il peut veiller sur les jeunes dirigeants. Il reste aussi jusque en mars 2003, Président de la République.

– Il a obtenu l’entrée dans la Charte du Parti de «sa» théorie de la san gedaibiao , triple représentativité -déjà formulée par Mao Zedong. Et si son nom n’apparaît pas, contrairement à ceux du Patriarche et du Timonier – c’est que Jiang, lui, est toujours vivant.

On le voit, la victoire est éclatante, quoique loin de correspondre à son image dans l’opinion. Elle pose deux questions :

[1] celle de la capacité du régime à réagir aux crises d’avenir (santé, pollution, corruption etc) sans débat public ni soutien de la base,

[2] celle de la viabilité du système de succession mis en place par Deng Xiaoping, dont c’était la 1ère mise à l’épreuve. En effet, ce système avait pour but de garantir la disparition du pouvoir solitaire à vie. Or, il y a eu moins "succession à Jiang" que "prise de pouvoir par ses hommes": le mécanisme n’a pas fonctionné!


A la loupe : Brilliance: aube d’espoir dans la nuit noire!

· Pékin compte ouvrir la gestion de 7,8 MM$ dans son fonds de sécu sociale, à des JV étrangères.

Effective d’ici "probablement" quelques mois, l’ouverture sera très encadrée : 50% du fonds au plus, ira aux banques ou en bons du trésor, 10% dans des entreprises, le reste ayant le feu vert pour se placer en bourse. Le fonds actuel, pension et maladies, pour citadins (27% des chinois) est très insuffisant. Estimés en 2002 à 24 MM$,les besoins passeront à 446MM$ d’ici 2010. Pour alimenter la caisse, Pékin rappelle sa stratégie:

1. affecter des parts d’Entreprises d’Etat ou par préférence, les dividendes,

2. les recettes des ventes de ces parts à l’étranger – l’Etat admet désormais, dans certains cas, le transfert d’une minorité de contrôle, et (en dernier recours)

3. des financements directs du Trésor public.

· Avec ses produits à la fois high tech et de masse, présents sur le marché des particuliers, des entreprises et de l’Etat, Legend, n°1 du PC chinois (28% du marché), est un baromètre de l’industrie chinoise.

Pour Legend, l’année 2002 aura été en dents de scie. Succédant à l’année 2001 difficile, le premier trimestre avait été médiocre (+4,8% de ventes). Les trimestres II et III virent une reprise, avec des ventes de PC frisant les 1,7M, et des profits de 63,3M$ (+20,5%). Legend gagne aussi sur le créneau difficile du téléphone portable, dont il a vendu 370.000 appareils, pour 2M$ de profits. Mais à côté de ces succès de "maturité", les tentatives de passage au virtuel, telle la JV avec AOL (pour un site de produits payants) a essuyé 4,2M$ de dettes dans la période.

Par ailleurs, ces résultats de Legend n’ont pas impressionné la bourse de HK, où son titre a baissé de 3,5%. HK voit chez Legend l’érosion des profits, l’arrivée massive de l’étranger depuis l’entrée à l’OMC, et la saturation menaçant les métropoles de la côte, où le taux de pénétration en PC, entre 27 et 30%, est comparable à ceux des pays riches!

· Pékin, ville gâtée! En 2001, son PIB/habitant, à 3000$ /an, dépassait le triple de la moyenne nationale. Et ce n’est qu’un début : d’ici 2020, ce revenu bondira pour percer le plafond des 10.000$/hab. Depuis 1992, l’appart moyen a grandi de 45%, à 17,2 m2/habitant. Pour suivre (ou plutôt, susciter) la demande, les promoteurs ont investi 29,3MM$ depuis 4 ans. Le Pékinois désormais, dépense 40% de son salaire en santé, transport, éducation, logis et téléphone – l’alimentation est devenue minoritaire. De janv. à sept., 100.000 voitures se sont vendues dans la ville – +25%!

Promoteurs mis à part, un grand bénéficiaire de ce boom est Beijing Enterprises, le bras commercial de la mairie (lait, bière, autoroutes, JV McDo…), qui doit investir 242M$ en projets pour les JO de ’08 – dans un gazoduc, une liaison ferrée Pékin-aérogare et des stations de retraitement des eaux. Mais les actionnaires Hongkongais, déjà échaudés par une chute des dividendes, font la moue – et risquent de ne pas suivre!


Pol : Contre le SIDA – un autre progrès

· C’est officiel : après 53 ans de silence radio, Taibei autorise la réouverture de vols entre les deux rives du détroit. Permis assorti d’une très imaginative liste de restrictions :

1. seulement pour les appareils taiwanais (mais la réciproque semble devoir être immédiate);

2. sans dire d’où ni vers où;

3. seulement lors du Chunjie (printemps lunaire, en février – deux autres fêtes sont pressenties pour la suite);

4. seulement en charters;

5. avec escale dans des territoires semi-autonome, et

6.  » pour hommes d’affaires taiwanais résidents, désireux de passer les fêtes en famille« ! A tout prendre, ce traitement est moins favorable que celui d’Air Macao qui fait Pékin-Taibei moyennant le changement de code de vol à l’escale de l’ex-enclave portugaise. Et pourtant, pour Pékin comme Taibei, c’est une grande nouvelle car pour la 1ère fois, la liaison sera assurée directement par les frères ennemis de la Chine. Toutes ces tracasseries, d’ailleurs, devraient être emportées comme fétus de paille au 1er souffle de réacteur – pour autant que le bon climat actuel et la main tendue chinoise, demeurent!

· Suzhou (Jiangsu) adopte une mesure très symbolique dans la lutte contre le SIDA:

dans la ville, désormais, les malades du fléau se voient garantir le droit aux soins, à l’éducation et à l’emploi et même à ester en justice en cas d’infraction, même de l’Etat. La nouvelle est importante, car jusqu’à présent, la Chine considère le SIDA sous l’angle du confinement et de la répression, poussant séropositifs et sidéens à cacher leur mal (et à contaminer de nombreux proches). Désormais, à Suzhou – pour peu que le texte soit appliqué- les malades peuvent sortir de l’ombre, pour appeler à l’aide! Cette mesure à Suzhou pourrait être un test voulu par Pékin, avant de l’appliquer au plan national.


Argent : Legend – que c’est dur, d’être adulte!

· Pékin compte ouvrir la gestion de 7,8 MM$ dans son fonds de sécu sociale, à des JV étrangères.

Effective d’ici "probablement" quelques mois, l’ouverture sera très encadrée : 50% du fonds au plus, ira aux banques ou en bons du trésor, 10% dans des entreprises, le reste ayant le feu vert pour se placer en bourse. Le fonds actuel, pension et maladies, pour citadins (27% des chinois) est très insuffisant. Estimés en 2002 à 24 MM$,les besoins passeront à 446MM$ d’ici 2010. Pour alimenter la caisse, Pékin rappelle sa stratégie:

1. affecter des parts d’Entreprises d’Etat ou par préférence, les dividendes,

2. les recettes des ventes de ces parts à l’étranger – l’Etat admet désormais, dans certains cas, le transfert d’une minorité de contrôle, et (en dernier recours)

3. des financements directs du Trésor public.

· Avec ses produits à la fois high tech et de masse, présents sur le marché des particuliers, des entreprises et de l’Etat, Legend, n°1 du PC chinois (28% du marché), est un baromètre de l’industrie chinoise.

Pour Legend, l’année 2002 aura été en dents de scie. Succédant à l’année 2001 difficile, le premier trimestre avait été médiocre (+4,8% de ventes). Les trimestres II et III virent une reprise, avec des ventes de PC frisant les 1,7M, et des profits de 63,3M$ (+20,5%). Legend gagne aussi sur le créneau difficile du téléphone portable, dont il a vendu 370.000 appareils, pour 2M$ de profits. Mais à côté de ces succès de "maturité", les tentatives de passage au virtuel, telle la JV avec AOL (pour un site de produits payants) a essuyé 4,2M$ de dettes dans la période.

Par ailleurs, ces résultats de Legend n’ont pas impressionné la bourse de HK, où son titre a baissé de 3,5%. HK voit chez Legend l’érosion des profits, l’arrivée massive de l’étranger depuis l’entrée à l’OMC, et la saturation menaçant les métropoles de la côte, où le taux de pénétration en PC, entre 27 et 30%, est comparable à ceux des pays riches!

· Pékin, ville gâtée! En 2001, son PIB/habitant, à 3000$ /an, dépassait le triple de la moyenne nationale. Et ce n’est qu’un début : d’ici 2020, ce revenu bondira pour percer le plafond des 10.000$/hab. Depuis 1992, l’appart moyen a grandi de 45%, à 17,2 m2/habitant. Pour suivre (ou plutôt, susciter) la demande, les promoteurs ont investi 29,3MM$ depuis 4 ans. Le Pékinois désormais, dépense 40% de son salaire en santé, transport, éducation, logis et téléphone – l’alimentation est devenue minoritaire. De janv. à sept., 100.000 voitures se sont vendues dans la ville – +25%!

Promoteurs mis à part, un grand bénéficiaire de ce boom est Beijing Enterprises, le bras commercial de la mairie (lait, bière, autoroutes, JV McDo…), qui doit investir 242M$ en projets pour les JO de ’08 – dans un gazoduc, une liaison ferrée Pékin-aérogare et des stations de retraitement des eaux. Mais les actionnaires Hongkongais, déjà échaudés par une chute des dividendes, font la moue – et risquent de ne pas suivre!


Politique : politique_38_2002

· C’est officiel : après 53 ans de silence radio, Taibei autorise la réouverture de vols entre les deux rives du détroit. Permis assorti d’une très imaginative liste de restrictions :

? seulement pour les appareils taiwanais (mais la réciproque semble devoir être immédiate);

sans dire d’où ni vers où;

ƒ seulement lors du Chunjie (printemps lunaire, en février – deux autres fêtes sont pressenties pour la suite);

seulement en charters;

avec escale dans des territoires semi-autonome, et

" pour hommes d’affaires taiwanais résidents, désireux de passer les fêtes en famille"! A tout prendre, ce traitement est moins favorable que celui d’Air Macao qui fait Pékin-Taibei moyennant le changement de code de vol à l’escale de l’ex-enclave portugaise. Et pourtant, pour Pékin comme Taibei, c’est une grande nouvelle car pour la 1ère fois, la liaison sera assurée directement par les frères ennemis de la Chine. Toutes ces tracasseries, d’ailleurs, devraient être emportées comme fétus de paille au 1er souffle de réacteur – pour autant que le bon climat actuel et la main tendue chinoise, demeurent!

· Suzhou (Jiangsu) adopte une mesure très symbolique dans la lutte contre le SIDA: dans la vil-le, désormais, les malades du fléau se voient garantir le droit aux soins, à l’éducation et à l’emploi et même à ester en justice en cas d’infraction, même de l’Etat. La nouvelle est importante, car jusqu’à présent, la Chine considère le SIDA sous l’angle du confinement et de la répression, poussant séropositifs et sidéens à cacher leur mal (et à contaminer de nombreux proches). Désormais, à Suzhou – pour peu que le texte soit appliqué- les malades peuvent sortir de l’ombre, pour appeler à l’aide! Cette mesure à Suzhou pourrait être un test voulu par Pékin, avant de l’appliquer au plan national.


A la loupe : Secteurs privé, public: photo de famille!

Le XVI. Congrès a permis au PCC de sortir des mesures de promotion du secteur privé, qui aura accès au crédit "à égalité de droit avec le public", et pourra émettre -sous réserve de "solidité" et "succès commercial"- des obligations!

Selon la SETC,les entreprises privées sont passées de 90.000 en ’98 à 2,3M en ’01.Elles généraient alors 33% du PNB contre 37% au secteur public -le reste étant assuré par des groupes hybrides, y compris avec les JV étrangères.

Depuis 1989, le secteur étatique a intensément dégraissé, les EE étant passées de 102.300 à 42.900, mettant à pied 25M de travailleurs dont 17M sont passés au privé, voire à leur compte, suivant la formule chaplinesque des temps modernes :  xia hai, "sauter à la mer".

Cela dit, ce recul de l’Etat ne doit pas faire illusion : les 514 principales GEE (0,3% de toutes les entreprises chinoises) conservent 59,2% des actifs du pays et enregistrent 49,4% des profits industriels, avec des taux de croissance et d’investissement parmi les plus hauts du pays. D’autre part, les banques continuent à prêter d’abord aux fir-mes publiques – les vieux réflexes sont lents à mourir. Gouvernement et administration, à tous niveaux, ne sont pas prêts à lâcher la partie de l’économie la plus profitable, source irremplaçable de richesse et d’influence sociale.

N.B. : Le XVI. Congrès a sanctifié (cf édito) l’entrée des patrons au PCC, et de suite joint l’acte à la parole. Parmi les patrons invités au CC, figurent les PDG de TCL, de Hai’er,et Guo Fenglian, ex-héroïne de Dazhai, commune modèle, lieu saint de la production maoïste des années 1970 qui par la suite, s’avéra faussaire.

Vingt ans après, Guo est patronne de choc, à la tête d’un empire du tourisme, du textile, de l’agriculture, de l’alcool : vieux vin, nouvelle bouteille!


Joint-venture : une niche bien au chaud pour Nexans

· Kodak prépare le départ de 2% de son personnel -mais pas en Chine!

Entre la fermeture de l’unité "appareils jetables" de Rochester (NY) et celle de film d’art de Guadalajara (Mexique), 1300 à 1700 jobs partiront, notamment vers … la Chine, où les appareils jetables seront produits par le Hongkongais Concord, dans son usine en RP. Chine. Aujourd’hui, Kodak peut apprécier l’intérêt du choix opéré en 1998. A l’époque, Kodak mal placé en Chine face à Fuji, avait mis 1,2MM$ dans 3 Entreprises d’Etat, moyennant le feu vert pour son usine géante de Xiamen et 5 ans garantis sans nouvelle concurrence étrangère : à présent, Kodak tient 63% du marché chinois de la pellicule -son 2d marché mondial. Son avenir semble un tapis rouge: seu-les 20% des familles urbaines ont un appareil, et la Chine a une passion pour s’immortaliser!

· N°1 mondial du câble électrique (8% du marché), très présent en Chine (4 usines), Nexans veut passer n°1 chinois du chauffage au sol. L’ex filiale d’Alcatel annonce une JV, (partenaire non précisé), et veut y investir entre 30 et 40M$. Le chauffage au sol offre une hausse de rendement de 50% – dans la filière du tout électrique. Le marché national est estimé à 60M$, dont 35% aux mains de Nexans (autant à son rival, le danois Devi.). Jusqu’alors absents de ce créneau, faute de savoir-faire, les producteurs chinois trouvent ici une chance, tandis que Nexans gagnera des années de rattrapage d’un marché occupé par les filières de chauffage traditionnelles.

· pour la 2nde année consécutive, Motorola Electronics (Tianjin) est n°1 étranger en Chine, avec des ventes frisant des 5MM$ (+20% sur l’an 2000). Au 3ème trimestre, le géant yankee a vendu plus de 5 millions de portables, et tient 28,9% du marché, devant  Nokia (25,7%), n°4 étranger. Un autre palmarès enviable est celui de VW, qui détient respectivement les positions 2,3,5 et 6, pour ses JV de production et de vente auto entre Shanghai (Santana) et Changchun (Jetta).


Temps fort : Les banques : talon d’Achille chinois

Le secteur financier vit un paradoxe: le ratage de l’entrée en Bourse de China Telecom (VdlC 37) induit une accélération des préparatifs de 3 des 4 banques publiques pour y aller d’ici 2005. La clé de l’énigme est simple: ICBC, BdC et CCB n’ont pas le choix, après l’injonction de la Banque populaire de Chine (leur tutelle) d’établir des réserves pour éponger 120 MM$ de mauvaises dettes, qui devraient baisser de 25 à 15% du capital. Trois ans seraient suffisants, croit Pékin, pour épurer les comptes.

La BPdC a donné cette consigne drastique, parce que le temps presse – les grandes banques, ne gagnent pas la bataille. Leurs dettes cumulées seraient à présent de 500MM$ (50% du PIB de 2000) selon les experts (200MM$ seulement, dit la BPdC). Or, en dépit de 33MM$ d’injection de capital public en 1998, et de la reprise de 169MM$ de ces mauvaises dettes par des structures de défaisance (SDD) créées à cet effet, la santé n’est pas revenue. Les SDD n’ont pas pu liquider les actifs faillis, ni poursuivre leur reprise des dettes des banques.

Celles-ci n’ont plus que 2 atouts :

1.  beaucoup de cash, 1000MM$ d’épargne privée drainée dans leur circuit en l’absence d’autre valeur refuge. Mais toute situation de panique entraînerait des retraits massifs – et en 2007, les banques étrangères offriront une alternative. En un mot, selon Nicholas Lardy, gourou de la finance chinoise, "les conditions sont mures pour une crise financière en Chine"!

2.  Selon Standar & Poor’s, la convalescence des banques ne mettra pas 3 ans, mais 20 ans : le plan de la BPdC, tel qu’aujourd’hui, ne suffira pas. D’où les fiévreux entretiens en cours avec la banque étrangère : "L’investissement étranger direct est une perspective inévitable", dit Zhang Enzhao, PDG de la ICBC. Le second atout est donc de négocier des prises de participation, en échange de leur réseau et de l’accès privilégié à marché chinois jusqu’à présent chasse gardée!


Petit Peuple : la vieille huître a conçu une perle

En 2001, Tianjin a vu naître 74600 enfants, un tiers de moins qu’en 1997. En 2000, elle a recensé 1,68M de jeunes en dessous de 14 ans :

230.000 de moins que 10 ans avant. En termes bruts, cela signifie qu’un couple sur dix a opté de ne pas concevoir, faisant sourde oreille au précepte de Mencius : "des trois manières d’insulter ses parents, rester sans héritier, est la plus grave"! En conséquence, les 4700 maternelles de Tianjin de 1995 ont régressé à 2600, et les écoles et lycées vont suivre. A cette mutation sociétale, il y a des raisons anciennes : on enfante tard, parce qu’on est soi même enfant unique (gâté), pour étudier, pour faire carrière, pour s’amuser ou parce que la Sécurité sociale existe désormais.

Mais des raisons nouvelles se dégagent. En tant que femme, on ne fait plus d’enfant, faute d’avoir trouvé le bon partenaire. Les couples soudainement, veulent apprendre à s’aimer -selon l’université de Fudan, c’est le prélude à l’arrivée de la famille monoparentale ou homosexuelle. C’est donc à une exigence de sens à la vie, que correspond la grève des berceaux.

Enfin, 2 tendances apparaissent, comparables à celles de l’Occident :

1. libérées de la pression d’investir dans l’école ou la santé, les villes consacrent plus à leur bien-être. Depuis 1990, la part du PIB de Tianjin investie dans les bébés, a baissé de 7/8, à 0,71%.

2. La mode arrive, des mères quadragénaires-au désespoir des médecins craignant pour leur santé. Une étude dans Tianjin en 2001, en détecte 4000 de plus de 35 ans. Elles ont d’ailleurs un surnom:  laobeng shengzhu – vieilles huîtres qui font une perle !