Editorial : editorial_19_2001

La presse chinoise a accueilli avec jubilation l’évaluation olympique des cinq villes candidates aux J0 de 2008: le rapport a estimé que Pékin « méritait toute confiance », et que des Jeux à Pékin «feraient date dans l’histoire de la Chine et du sport». Il y avait bien une fausse note dans la rumeur d’un palmarès nommant Paris et Toronto avant Pékin. Mais Pékin affiche une sérénité adamantine. Ce sont des MM$ qu’elle déverse dans ses rues, ouvrant parcs,dallant trottoirs, démolissant quartiers insalubres pour créer, d’ici sept ans, une ville transfigurée. «Si la victoire dépend du soutien populaire», tranche l’homme de la rue, «c’est à nous qu’elle doit revenir». Fin politicien, le Dalai Lama se dit en faveur de Pékin, qui vient de sortir de sa manche un atout subtil et à double tranchant : si Taiwan reconnaît le principe d’une seule Chine, elle recevra sur son sol une partie des épreuves!

En même temps, la campagne  yanda coup de poing», depuis fin avril et pour 2 ans, jusqu’à l’issue du mandat de Jiang), a coûté la vie à 1000 criminels, et la liberté à 10.000 bandits-dont sept  intégristes au Xinjiang. Parmi les fusillés, 4 hommes d’affaires de Shantou, suite à la plus grande fraude fiscale nationale (3,8 MM$).Exécuté aussi, Jin Ruchao, auteur de l’attentat de Shijiazhuang (108 morts,16/3).Un homme est en train de sauver sa tête : l’ex-Secrétaire. du Parti de Zhanjiang, Chen Tongqing, condamné à mort en ’99 avec deux ans de sursis, redevenu vertueux sous le fil du rasoir et promettant, si on l’épargne, de servir «d’exemple à ne pas suivre»… Lui aussi en prison, son fils précise : « Le plus important dans la vie, est d’être affranchi de l’angoisse»! »

En 2000, un bilan officieux des exécutions atteint 4872 -souvent dus à la corruption. L’Etat refuse d’y voir un simple «problème social», et dénonce la dérive des cadres locaux. L’économiste Hu Angang avertit que la  jilüjiancha (Commission centrale de vérification de la discipline) fonctionne mal : seuls 10% des cas de corruption sont dévoilés, et seuls 1% réprimés. La corruption épongerait 13 à 16% du PNB – x2 la croissance annuelle! Hu Angangpropose un bureau anti-corruption calqué sur l’ICAC Hongkongais, placé directement sous le Conseil d’Etat-indépendant. Probablement sans aucune chance – Jiang Zemin a déjà refusé ce type d’instrument -il mettrait fin au monopole de pouvoir du Parti !

 

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