Le Vent de la Chine Numéro 19

du 20 au 26 mai 2001

Editorial : editorial_19_2001

La presse chinoise a accueilli avec jubilation l’évaluation olympique des cinq villes candidates aux J0 de 2008: le rapport a estimé que Pékin « méritait toute confiance », et que des Jeux à Pékin «feraient date dans l’histoire de la Chine et du sport». Il y avait bien une fausse note dans la rumeur d’un palmarès nommant Paris et Toronto avant Pékin. Mais Pékin affiche une sérénité adamantine. Ce sont des MM$ qu’elle déverse dans ses rues, ouvrant parcs,dallant trottoirs, démolissant quartiers insalubres pour créer, d’ici sept ans, une ville transfigurée. «Si la victoire dépend du soutien populaire», tranche l’homme de la rue, «c’est à nous qu’elle doit revenir». Fin politicien, le Dalai Lama se dit en faveur de Pékin, qui vient de sortir de sa manche un atout subtil et à double tranchant : si Taiwan reconnaît le principe d’une seule Chine, elle recevra sur son sol une partie des épreuves!

En même temps, la campagne  yanda coup de poing», depuis fin avril et pour 2 ans, jusqu’à l’issue du mandat de Jiang), a coûté la vie à 1000 criminels, et la liberté à 10.000 bandits-dont sept  intégristes au Xinjiang. Parmi les fusillés, 4 hommes d’affaires de Shantou, suite à la plus grande fraude fiscale nationale (3,8 MM$).Exécuté aussi, Jin Ruchao, auteur de l’attentat de Shijiazhuang (108 morts,16/3).Un homme est en train de sauver sa tête : l’ex-Secrétaire. du Parti de Zhanjiang, Chen Tongqing, condamné à mort en ’99 avec deux ans de sursis, redevenu vertueux sous le fil du rasoir et promettant, si on l’épargne, de servir «d’exemple à ne pas suivre»… Lui aussi en prison, son fils précise : « Le plus important dans la vie, est d’être affranchi de l’angoisse»! »

En 2000, un bilan officieux des exécutions atteint 4872 -souvent dus à la corruption. L’Etat refuse d’y voir un simple «problème social», et dénonce la dérive des cadres locaux. L’économiste Hu Angang avertit que la  jilüjiancha (Commission centrale de vérification de la discipline) fonctionne mal : seuls 10% des cas de corruption sont dévoilés, et seuls 1% réprimés. La corruption épongerait 13 à 16% du PNB – x2 la croissance annuelle! Hu Angangpropose un bureau anti-corruption calqué sur l’ICAC Hongkongais, placé directement sous le Conseil d’Etat-indépendant. Probablement sans aucune chance – Jiang Zemin a déjà refusé ce type d’instrument -il mettrait fin au monopole de pouvoir du Parti !

 


Editorial : Liesse préolympique et “coup de poing”!

La presse chinoise a accueilli avec jubilation l’évaluation olympique des cinq villes candidates aux J0 de 2008: le rapport a estimé que Pékin « méritait toute confiance », et que des Jeux à Pékin «feraient date dans l’histoire de la Chine et du sport». Il y avait bien une fausse note dans la rumeur d’un palmarès nommant Paris et Toronto avant Pékin. Mais Pékin affiche une sérénité adamantine. Ce sont des MM$ qu’elle déverse dans ses rues, ouvrant parcs,dallant trottoirs, démolissant quartiers insalubres pour créer, d’ici sept ans, une ville transfigurée. «Si la victoire dépend du soutien populaire», tranche l’homme de la rue, «c’est à nous qu’elle doit revenir». Fin politicien, le Dalai Lama se dit en faveur de Pékin, qui vient de sortir de sa manche un atout subtil et à double tranchant : si Taiwan reconnaît le principe d’une seule Chine, elle recevra sur son sol une partie des épreuves!

En même temps, la campagne  yanda coup de poing», depuis fin avril et pour 2 ans, jusqu’à l’issue du mandat de Jiang), a coûté la vie à 1000 criminels, et la liberté à 10.000 bandits-dont sept  intégristes au Xinjiang. Parmi les fusillés, 4 hommes d’affaires de Shantou, suite à la plus grande fraude fiscale nationale (3,8 MM$).Exécuté aussi, Jin Ruchao, auteur de l’attentat de Shijiazhuang (108 morts,16/3).Un homme est en train de sauver sa tête : l’ex-Secrétaire. du Parti de Zhanjiang, Chen Tongqing, condamné à mort en ’99 avec deux ans de sursis, redevenu vertueux sous le fil du rasoir et promettant, si on l’épargne, de servir «d’exemple à ne pas suivre»… Lui aussi en prison, son fils précise : « Le plus important dans la vie, est d’être affranchi de l’angoisse»! »

En 2000, un bilan officieux des exécutions atteint 4872 -souvent dus à la corruption. L’Etat refuse d’y voir un simple «problème social», et dénonce la dérive des cadres locaux. L’économiste Hu Angang avertit que la  jilüjiancha (Commission centrale de vérification de la discipline) fonctionne mal : seuls 10% des cas de corruption sont dévoilés, et seuls 1% réprimés. La corruption épongerait 13 à 16% du PNB – x2 la croissance annuelle! Hu Angangpropose un bureau anti-corruption calqué sur l’ICAC Hongkongais, placé directement sous le Conseil d’Etat-indépendant. Probablement sans aucune chance – Jiang Zemin a déjà refusé ce type d’instrument -il mettrait fin au monopole de pouvoir du Parti !

 


A la loupe : Sud rencontre Ouest

Le 20/5, un Bottin Mondain de 282 tycoons et politiciens de Hong Kong s’est embarqué pour 10 jours entre Xian (Shaanxi), Pékin, Chengdu (Sichuan) et Urumqi (Xinjiang). Sous la houlette du n°2 du gouvernement Hong Kongais Donald Tsang, la mission prospecte les possibilités d’investissements à l’Ouest. HK&China Gas cherche une part du futur gazoduc Xinjiang-Shanghai. Des groupes tels New World Development, qui ont déjà 36M$ dans la ré-gion, explorent les possibilités de JV biotech / hi-tech. Les firmes de génie civil lorgnent les 150. 000km de routes budgétisées d’ici 2010. Kowloon-Canton Railway s’intéresserait à la ligne Qinghai-Tibet programmée au X. Plan. Kerry et Sun Hung Kai  visent les projets immobiliers.

Mais depuis les années 1980, de lourdes ornières n’ont permis au grand Ouest d’attirer que 5% de l’IED national, l’Investissement étranger direct. Parmi celles-ci, le contrôle de l’économie par l’Etat (au Xinjiang, 80% des actifs sont publics), l’insuffisance des transports dans une région de la taille de l’Inde, l’éloignement (Urumqi est à 3-4000km de la plupart des métropoles), la pauvreté (25% de la population, 50% des pauvres), la paperasserie (au Qinghai, une licence requiert 119 tampons), les sentiments séparatistes…

Alors pourquoi aller à l’Ouest ? Pour les «gestes d’amitié», reçus cinq sur cinq à Pékin, qui ont permis à Otis, Coke, GM ou IBM de gagner des points, par leur invest à l’Ouest. Mais aussi pour le business légitime : dans les années ’80, les investisseurs hkgais furent les 1ers à détecter le potentiel des ZES du Guangdong. Aujourd’hui encore, ils cherchent à l’Ouest, et trouveront peut être, la gemme, cachée dans le désert!


Pol : Zhu Rongji – en mission autour de l’Inde

· Le 29/5,les avocats de Lai Changxing, cerveau du scandale financier de Xiamen, détenu à Vancouver,et ceux du gouvernement canadien, plaident devant le juge des réfugiés, qui doit statuer sur sa demande d’asile politique. Dans cette perspective, Pékin vient de prendre une décision inédite, pour s’assurer son extradition : par son ambassadeur au Canada, Mei Ping, elle s’est engagée par écrit à ne pas lui appliquer la peine de mort. Reniant la déclaration du même diplomate, 8 jours avant, selon laquelle tout criminel devait être exécuté pour l’exemple. Les avocats de Lai espèrent convaincre le juge que sur d’autres cas similaires, Pékin est passée outre et a exécuté.

· La coopé économique figurait au programme du voyage de Zhu Rongji dans cinq pays d’Asie du Sud (11-22/5), mais aussi les intérêts géopolitiques de la Chine. Arrivé au Pakistan (11/5) au lendemain des plus grandes manoeuvres en Inde en 10 ans (50.000 soldats, 130 avions, tanks), la présence de Zhu portait un lourd sens symbolique, alors que ces jeux devaient, selon les analystes,  «adresser un message à Islamabad comme à Pékin ». Faisant l’éloge du régime du Général Musharraf, Zhu promettait de poursuivre la coopé avec Islamabad.

NB : le Pakistan dénonce comme la Chine le projet US de parapluie spatial NMD. LInde, au contraire, l’approuve. Le paquet d’assistance financière tendu par Zhu, est massif : 1,08MM$ assorti d’un soutien à la construction d’un port stratégique en eaux profondes à Gwadar, entre frontière iranienne et de l’embouchure du Shot el Arab. Au Népal (14/5) Zhu a promis une 2e route trans-frontalière -projet qui ne peut plaire à New Delhi: la 1ère s’était ouverte malgré elle dans les années ’60, et 25 ans après (en ’89), l’Inde avait imposé un blocus au Népal après son achat d’armes à la Chine. En retour, le Népal (14/5) a promis de ne pas tolérer de menées antichinoises sur son territoire. Le 16/5 Zhu arrivait aux Maldives, qui avaient reçu le Chef d’Etat Major, Gal Fu Quanyou (1/4) et Li Ruihuan (déc. ’99). Toutes ces visites dénotent une analyse stratégique et un intérêt pour l’archipel dans l’Océan Indien, non loin de la base aérienne US de Diego Garcia. Le 17/5, Zhu a poursuivi son périple autour de l’Inde, par le Sri Lanka puis la Thaïlande.

NB : durant le week-end, le chef de l’aviation indienne rendait une visite pacifique à la Chine. Sujet très en vogue, ces temps ci !


Argent : la construction navale, à toute vapeur !

· La Banque de Chine, la BdC, affirme (14/5), que ses prêts non performants (PNP) atteignent 28,8% du total en 2000, soit 47,6MM$, en baisse de 10,6% par rapport à 1999. La CCB fait état d’une baisse de 0,5% de son taux de PNP au 1er trimestre. Ces chiffres sont à l’origine d’une controverse dans les milieux financiers, sur la solvabilité réelle des banques chinoises, qui semblent encore largement sous-estimer leurs mauvaises dettes. Le Financial Times rappelle que la BdC annonçait en ’98, un taux de PNP de 11%. Après transfert en 2000 aux structures de défaisance, par les 4 banques publiques, d’un total de 168MM$ de créances irrécupérables, Dai Xianglong, Gouverneur de la Banque Centrale, estimait en mars 2001 le taux à 25%! La majorité des milieux financiers étrangers n’hésitent plus à l’évaluer à 50%. Ce que les chiffres bons (mais peu plausibles!) des deux banques signifient : alors que la BdC va tenter l’entrée en bourse de HK, via sa branche locale, pour 4 à 5MM$, et que la PBdC autorise les « 4 soeurs » à émettre des bons à terme, le secteur veut se donner l’apparence de santé-méthode Coué qui, jusqu’alors, lui réussit.

· 2 ans avant l’inauguration de son futur chantier naval à Waigaoqiao (Shanghai), la CSSC signe (12/5) sa 1ère commande: deux vraquiers de 175.000t, type «Capesize», pour le compte de la COSCO – le plus grand gabarit au monde. En même temps, TCC, leader des armateurs hongkongais, annonce une commande de 36M$ pour un autre Capesize, plus un en option. Il y a 10 ans, la Chine était connue pour ses navires petits et de basse technologie. Avec l’outil de Waigaoqiao d’un investissement de 385M$ et (en 2003) d’une capacité de production de 1,05M TJB/an, la Chine confirme sa montée en puissance – d’autant qu’il s’agit, désormais, de cargos de grande capacité et haute technicité (à double coque).

Confirmées par le bilan du 1er trim. (+14,7% d’ exports, +17,3% d’imports dans le secteur), les perspectives sont radieuses. En vrac sec, le marché mondial est au bord de la saturation, sauf vers la Chine, qui devra s’équiper pour importer 70Mt de minerai de fer/an. Bien d’autres matières 1ères (y-compris pétrole et gaz) sont dans la même situation. Avec moins de 30% du fret chinois contre 55% à l’Ouest. Le trafic conteneurs, peut encore compter sur une marge de croissance. Enfin, le conflit qui oppose l’UE aux chantiers coréens accusés de dumping (14% en dessous des coûts) épaulés par des subventions pour sauver les chantiers navals de la faillite, pourraient porter le coup de grâce à un rival redoutable.

· Suite au retrait piteux de brasseurs étrangers (cf VdlC n°6/VI), un outsider s’est joint à Tsingtao et Yanjing, dans la course à la maîtrise du marché chinois de la bière – marché éclaté (500 brasseries), mais vaste (22Mt en 2000, 2e mondial après les US). Huarun, de China Resources, a fait un coup en reprenant 13 petites brasseries (2Mt/an), pour 362M$. Avec l’aide, en gestion, de South African Brew, Huarun a sa base dans le N/E (Shenyang, Dalian, Jilin, Harbin), mais s’étend à présent à Chengdu et Tianjin. Tsingtao et Yanjing ont répliqué en annonçant, sur le fief de Huarun (Liaoning, Heilongjiang), une guerre publicitaire et d’achats. Ensemble, les trois groupes tiennent 20% de la production nationale, %age qui augmentera, grâce à la rapide concentration du marché. Pour Huarun, c’est l’histoire du 3ème larron de La Fontaine:  yu bang xiang zheng, yu weng de li (« quand héron et huître se disputent, le pêcheur tire profit »).

 


Politique : politique_19_2001

· Le 29/5,les avocats de Lai Changxing, cerveau du scandale financier de Xiamen, détenu à Vancouver,et ceux du gouvernement canadien, plaident devant le juge des réfugiés, qui doit statuer sur sa demande d’asile politique. Dans cette perspective, Pékin vient de prendre une décision inédite, pour s’assurer son extradition : par son ambassadeur au Canada, Mei Ping, elle s’est engagée par écrit à ne pas lui appliquer la peine de mort. Reniant la déclaration du même diplomate, 8 jours avant, selon laquelle tout criminel devait être exécuté pour l’exemple. Les avocats de Lai espèrent convaincre le juge que sur d’autres cas similaires, Pékin est passée outre et a exécuté.

· La coopé économique figurait au programme du voyage de Zhu Rongji dans cinq pays d’Asie du Sud (11-22/5), mais aussi les intérêts géopolitiques de la Chine. Arrivé au Pakistan (11/5) au lendemain des plus grandes manoeuvres en Inde en 10 ans (50.000 soldats, 130 avions, tanks), la présence de Zhu portait un lourd sens symbolique, alors que ces jeux devaient, selon les analystes,  «adresser un message à Islamabad comme à Pékin ». Faisant l’éloge du régime du Général Musharraf, Zhu promettait de poursuivre la coopé avec Islamabad.

NB : le Pakistan dénonce comme la Chine le projet US de parapluie spatial NMD. LInde, au contraire, l’approuve. Le paquet d’assistance financière tendu par Zhu, est massif : 1,08MM$ assorti d’un soutien à la construction d’un port stratégique en eaux profondes à Gwadar, entre frontière iranienne et de l’embouchure du Shot el Arab. Au Népal (14/5) Zhu a promis une 2e route trans-frontalière -projet qui ne peut plaire à New Delhi: la 1ère s’était ouverte malgré elle dans les années ’60, et 25 ans après (en ’89), l’Inde avait imposé un blocus au Népal après son achat d’armes à la Chine. En retour, le Népal (14/5) a promis de ne pas tolérer de menées antichinoises sur son territoire. Le 16/5 Zhu arrivait aux Maldives, qui avaient reçu le Chef d’Etat Major, Gal Fu Quanyou (1/4) et Li Ruihuan (déc. ’99). Toutes ces visites dénotent une analyse stratégique et un intérêt pour l’archipel dans l’Océan Indien, non loin de la base aérienne US de Diego Garcia. Le 17/5, Zhu a poursuivi son périple autour de l’Inde, par le Sri Lanka puis la Thaïlande.

NB : durant le week-end, le chef de l’aviation indienne rendait une visite pacifique à la Chine. Sujet très en vogue, ces temps ci !


A la loupe : UNICOM et la Chine, sur les rails CDMA

Le 15/5, Unicom, n°2 du téléphone mobile, a distribué 1,46MM$ de contrats aux filiales (JV) de groupes mondiaux de téléphonie, pour bâtir la 1ère phase de son nouveau réseau CDMA (15M de lignes): Lucent remporte 400 M$, Hangzhou – Motorola 407M$, Nortel 275 M$, Ericsson 200 M$, Bell (filiale Alcatel à 32%),157M.Cinq groupes nationaux se répartissent 146M,plus une part non précisée du contrat Motorola(qui leur assure des fournitures). Restent hors du contrat, Nokia, Siemens et Samsung, qui avait signé une JV de CDMA de 120 M$ en avril, et espérait 1/3 des commandes.

Unicom, qui détenait en mars (source MII) 24M des 100M d’abonnés mobiles, assigne 2,4MM$ à cette 1ère phase, qui doit fonctionner dès décembre. D’ici 2003, il investira 8,45MM$ dans ce réseau: les usagers chinois du mobile seront 200M. En 2005, Unicom espère 100M d’abonnés (40M en CDMA).But ambitieux mais à sa portée, qui bénéficiera à Qualcomm, détenteur des brevets.

Pour Unicom, comme pour la filière CDMA en Chine, la route a été rude. Jusqu’en 1999, le MII misait sur CT et sur le GSM, pour créer un pôle fort (en vue de l’OMC).En février 2000, Qualcomm signait avec Unicom un accord pour un réseau, à ouvrir «fin de l’année»:suspendu 7 jours après et suspendu indéfiniment en mai. Refaisant surface en déc., la cérémonie de signature en avril 2001 était annulée, suite aux tensions sino-US.

L’ouverture aux US Lucent, Motorola et Qualcomm suggère que, démentant les craintes US, (Asian Wall Street J. annonçait semaine passée le gel d’une commande de 30 Boeing 737), Pékin a décidé de «jouer le marché». Voire même un peu plus : le rejet de Samsung serait dû à des contre-rétorsions, après les mesures «antidumping» de Séoul aux exports agricoles chinois…

NB: les USA suivent le même décalage pragmatique entre ton politique vif et affaires: en pleine crise

«EP-3», Washington a réassuré la Chine du maintien de la clause de la Nation la Plus Favorisée!


Joint-venture : bière – Huarun, outsider !

· La semaine passée, l’ADB, l’Asian Developùent Bank, a promis de prêter à la Chine 3,75MM$ d’ici 2003 et de fournir 47,7 M$ en contrats d’experts. Conformément à la politique de soutien au développement de cet organe basé à Manille, 1/3 des fonds ira à des projets de routes et communications dans les régions pauvres de l’Ouest, dont 300M$ à des routes dans le Sichuan. Au chapitre énergie, 300M$ à une centrale thermique de Fuyang (Anhui). Cette année, l’ADB est moins présente au chapitre lutte contre la pauvreté -pourtant dans son mandat depuis ’99. Peut-être, les administrateurs de l’ADB l’admettent en privé, du fait de la difficulté à identifier les projet spécifiquement utiles à ce but (cf VDLC 18/ VI).

Bilan: l’ADB estime satisfaisante la tenue de son portefeuille chinois, mais regrette des retards excessifs d’exécution des projets en Chine, et une expérience lacunaire des administrateurs locaux


Temps fort : Le tabac en Chine -écran de fumée

Le Parlement Européen vient de durcir la législation des 15 sur le tabac. Bangkok prépare un ban total à sa publicité. La Chine, malgré (ou à cause de) ses 320M de fumeurs (1/3 du monde) et, en2000, 1M de morts, a du mal à suivre. La nouvelle en ce domaine, est la descente d’un «comité de citoyens» dans cette arène. 10 avocats annoncent une plainte contre les producteurs locaux et étrangers, au nom de la protection des mineurs (10% des 15-19ans fument).

Bénévole, l’initiative s’inspire des US (en 1998, 46 Etats US ont obtenu hors tribunal 206MM$ de dommages), et vise moins l’argent, qu’une sensibilisation de la population aux risques du tabac, en attaquant ces géants financiers. C’est David (privé) contre Goliath (public): en 2000, le tabac a fourni en impôts 12MM$, et 10% de la recette nationale. Hongtashan  («Pagode Rouge», 10% du marché) assure en 1999 près de 2% de l’assiette d’impôts… A l’heure des politiques sociales, très lourdes pour l’Etat (invests à l’Ouest, Sec. sociale, dégraissage des emplois d’Entreprises d’Etat aux frais de l’Etat), pas question de toucher à cette manne: en hausse de 8,7% au 1er trim. ( à 180M de cartouches) la production de cigarettes a assuré au trésor 23% de taxes en plus. Pékin en est réduit à composer, bannissant (1996) le bout rouge des lieux publics, la publicité, mais maintenant le sponsoring et décourageant la couverture médiatique dissuasive. L’addition médicale s’alourdit: 7,8MM$ dès 1993, et 2M de morts dès 2025 (+4,5%/an).

Tout comme l’apparition d’associations vertes (écolo) de base, ce procès salue la naissance d’une force nouvelle, tirée des nouveaux citoyens aisés et éduqués, agissant en soutien au pouvoir, dans des domaines sensibles ou en re-tard. Il pourrait imposer un plafond à la croissance du secteur. Dès janvier, Hongtashan parlait de diversification, et visait 60% de son revenu de produits hors-tabac dès 2010 -tout comme Philip Morris, son mentor. En attendant les avertissement/santé, sur le paquet!


Petit Peuple : le convoyeur contrefait

· Ce 9 mai à 18h40, presque comme chaque soir, le fourgon blindé de la «Brink’s» locale s’arrêta devant cette agence de la Banque de Chine à Wenzhou (Zhejiang), pour récupérer les dépôts du jour. Il pleuvait. L’employé derrière sa vitre ne crut pas bon de sortir se mouiller, pour contrôler le transfert des sacs scellés remplis de liasses. Le planton à l’entrée flaira bien l’anomalie -il n’avait jamais vus ces convoyeurs-là, et  puis ils avaient un peu d’avance -mais enfin… 15 minutes plus tard par contre, comme il baissait le rideau de fer, il crut à une hallucination: le «même» engin faisait crisser ses freins devant l’entrée, des gardes aux mêmes matraques, armes et uniformes en sortaient, réclamant le magot -sauf que ceux-là, il les connaissait … La plaisanterie coûta 1,4MY ! Une récompense de 50.000Y est offerte à quiconque mettra sur la piste -sans illusion: Wenzhou n’en est pas à son premier coup. En 1998, une autre agence de la BDC y avait souffert la substitution de quatre sacs contenant 7,5MY, contre d’autres emplis de fausse monnaie. Au fait: les banquiers locaux tireraient profit d’apprendre que Wenzhou est capitale nationale…de la contrefaçon !