A la loupe : Les oignons chinois montent au nez du PDL

Dans un dernier sursaut avant que le PDL (parti au pouvoir au Japon) ne désigne son successeur le 24 avril 2001, le premier Ministre Yoshiro Mori a imposé la semaine passée des taxes douanières formidables aux ciboule, champignons shiitake et joncs de Chine, matière premières des tatamis. C’était la 1ère fois, depuis son entrée au GATT en 1955, que Tokyo invoquait la clause de sauvegarde de l’OMC pour offrir un répit temporaire à un secteur « menacé par des imports à bas prix ». Effectives du 23/04 au 08/11, et appliquées au delà d’un plafond pré-établi, les taxes fuseront de 3 à 256% sur les ciboules, de 4,3 à 266% sur les shiitake, et à 106% sur les joncs.

Décidée après mure réflexion (cf VdlC n°6/VI), cette mesure montre l’incroyable compétitivité des produits agricoles chinois au Japon en récession. Premier partenaire commercial de la Chine en 2000, (83,1MM$), le Japon y prenait 98% de ses imports de légumes. En 5 ans, ses imports de ciboules ont deux fois décuplé, ceux de champignons et de joncs ont doublé, au détriment de la production locale.

L’aspect « préélectoral » de la mesure ne fait pas de doute (les lobbies fermiers sont un des fiefs du PDL) avant le scrutin législatif décisif de juillet. Mais 10 ans de stagnation ont fait basculer les habitudes des consommateurs qui n’acceptent plus de payer 3 fois le prix pour leurs champignons made in Japan. Et  le protectionnisme heurte une autre vieille tradition, de libéralisme japonais: les fermiers nippons n’ont plus d’autre choix que de suivre ou mourir!

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