Le Vent de la Chine Numéro 15

du 15 au 21 avril 2001

Editorial : Crise de l’EP-3 – des regrets, pas d’excuses, et un avenir grevé

« Pour raisons humanitaires, l’équipage américain est autorisé à quitter la Chine »: l’annonce tomba (11 avril 2001) après 11 jours de crise, alors que s’arrêtaient les recherches du pilote disparu Wang Wei (devenu héros national) et qu’une conférence de presse tentait de rassurer une opinion choquée: l’entente sino-américaine retrouvée, ne s’était pas faite au détriment de l’honneur de la nation!

Pour obtenir l’élargissement de l’équipage, C. Powell a dû réitérer son profond chagrin.

Pékin exigeait des excuses au nom du droit, puisque l’avion américain espionnait la Chine – un média US croit savoir qu’il observait les préparatifs d’un test nucléaire. L’ultime concession de Powell (présenter ses regrets pour le fait que l’avion se soit posé sans permis à Hainan) a scellé le deal. Les 24 soldats ont quitté l’île la nuit-même à bord d’un charter, de Guam vers Hawaii -ils étaient parmi les leurs pour Pâques.

Sur le fond, George Bush a tenu bon : ni excuses-acceptation de responsabilité pour l’accident, ni accord pour renoncer à ce type d’observation aérienne. Une Commission mixte en place depuis 1998 se réunira le 18/04 et s’annonce houleuse puisque l’équipage relâché dénonce impéritie et manoeuvre dangereuse du pilote chinois. Au mieux, la rencontre s’efforcera de fixer des règles de modus vivendi en cas de crise future.

Pékin a traduit les regrets comme  shenbiaoqianyi (« excuses profondes »), et garde l’avion jusqu’à nouvel ordre. De toute manière, les camions visibles par satellite à ses côtés, ne laissent aucun doute que sous l’angle du secret défense, il n’y a plus rien à perdre.

Concernant les dégâts bilatéraux, C. Powell les estime minimes. Mais c’est à l’usage, que se verra si cet accord comporte des clauses secrètes. Reste à savoir enfin si les deux bords, après la tempête, pourront retourner au « business as usual ».

L’entrée à l’OMC, disent les experts, n’apparaît plus pour cette année. Une lourde incertitude dans les relations sino-us, repose sur les épaules de Bush : fin du mois, il doit décider de livrer ou non des croiseurs Aegis à Taiwan – le Congrès le réclame. S’il décidait de le faire, un équilibre diplomatique, à Pékin, basculerait!


A la loupe : Les oignons chinois montent au nez du PDL

Dans un dernier sursaut avant que le PDL (parti au pouvoir au Japon) ne désigne son successeur le 24 avril 2001, le premier Ministre Yoshiro Mori a imposé la semaine passée des taxes douanières formidables aux ciboule, champignons shiitake et joncs de Chine, matière premières des tatamis. C’était la 1ère fois, depuis son entrée au GATT en 1955, que Tokyo invoquait la clause de sauvegarde de l’OMC pour offrir un répit temporaire à un secteur « menacé par des imports à bas prix ». Effectives du 23/04 au 08/11, et appliquées au delà d’un plafond pré-établi, les taxes fuseront de 3 à 256% sur les ciboules, de 4,3 à 266% sur les shiitake, et à 106% sur les joncs.

Décidée après mure réflexion (cf VdlC n°6/VI), cette mesure montre l’incroyable compétitivité des produits agricoles chinois au Japon en récession. Premier partenaire commercial de la Chine en 2000, (83,1MM$), le Japon y prenait 98% de ses imports de légumes. En 5 ans, ses imports de ciboules ont deux fois décuplé, ceux de champignons et de joncs ont doublé, au détriment de la production locale.

L’aspect « préélectoral » de la mesure ne fait pas de doute (les lobbies fermiers sont un des fiefs du PDL) avant le scrutin législatif décisif de juillet. Mais 10 ans de stagnation ont fait basculer les habitudes des consommateurs qui n’acceptent plus de payer 3 fois le prix pour leurs champignons made in Japan. Et  le protectionnisme heurte une autre vieille tradition, de libéralisme japonais: les fermiers nippons n’ont plus d’autre choix que de suivre ou mourir!


Pol : nature blessée – la nuit de sable

· à cette époque de tempêtes de sable (dont l’une, le 8 avril 2001, a plongé Jinchang, Gansu dans une nuit de poussière avec vision à 0 mètre) et de candidature olympique de Pékin, les services de protection de la nature broient du noir, et montent en puissance. Le 02/04, les Parcs et Forêts avertissaient: 10% de la flore, 20% de la faune sont menacés. Le 05/04, le Bureau de l’Environnement admettait: 30% du territoire est balayé de pluies acides, 50% des rivières autour des villes sont gravement polluées, et la détérioration de l’écosystème n’est pas enrayée. Vert d’ordinaire, le Sichuan endure la plus grave sécheresse depuis 30 ans. Le niveau de son réservoir de Ertan, n’est que 8 mètres au-dessus de la limite de génération d’électricité: si la pluie n’arrive pas, les centrales à charbon de Chengdu, sa capitale, devront reprendre du collier -la propreté de l’air dût elle en souffrir. Voilà pourquoi Pékin, en prévision du rendez-vous (espéré) avec le monde sportif en 2008, veut dépenser 84MM$ sur des projets « verts » d’ici 2005 et pourquoi la Chine, productrice de 14% des émissions de CO² au monde (deuxième derrière les US) vient de réaffirmer son respect du Protocole de Kyoto, qui prévoit la réduction de telles émissions.

· chaque année voit en Chine son lot de globe trotteurs à pied, en jogging ou à vélo. L’aventure choisie par Christophe Peres, consultant en marketing à Shanghai, se distingue en ceci, qu’il la met au service d’une cause altruiste. Son projet Yangqi (des prénoms de ses deux fils): relier à vélo, à partir du 25 avril 2001, Kashgar (Xinjiang) à Pékin par une boucle de 12.200 kilomètres le long de l’Himalaya, du Sud et de la Côte. Sponsorisée par des groupes étrangers et chinois et des particuliers, suivi (probablement) à chaque étape par Orient TV (Shanghai), l’expédition financera (à 60.000Y par cas) «quelques dizaines» d’opérations sur des enfants souffrant de malformations cardiaques. Peres et sa logistique assument  par eux-mêmes tous leurs frais, ce qui leur permet de garantir un transfert à 100% des crédits des sponsors vers la cause soutenue, le Shanghai Children Medical Center, du projet caritatif chinois HOPE, seul en Chine capable d’assurer ce type d’intervention. L’exercice fera l’objet d’un audit.

NB: une firme française, Bongrain-Tianjin a déjà donné 150.000Y. Voir le site bilingue www.yangqichina.com.


Argent : Fondue chinoise: L’Empire contre-attaque

· la France se flatte d’avoir José Bové, son champion contre la « malbouffe » transatlantique. La Chine elle, présente sa « Reine de la fondue chinoise », He Yongzhi, Présidente de l’Association du Hotpot de Chongqing, née le 8 avril 2001 à l’initiative de huit restaurants locaux et 60 membres fondateurs. Son but ? Diffuser cette recette mongole universellement populaire, tailler des croupières à « Mac’Do » et partir à la conquête du monde. Patrie de la fondue sichuanaise, Chongqing compte plus de 10.000 restaurants de la spécialité -à peine assez pour accueillir les 7M (23% de sa population) qui en consomment « au moins une fois par semaine». Pour lancer son concept, la chaîne a déjà monté son site internet et prépare dès 2001 son Festival international de la Fondue. Au plan commercial, la fondue n’a perdu de temps: la chaîne de la « Reine de la Fondue » compte déjà 70 restaurants franchisés dans toute la Chine et quatre aux Etats-Unis – et ce n’est que le début.

· avec un pactole de primes évalué à 34MM$ dès 2005 (et de 19,2MM en 2000), la course au marché des assurances qui fleurira réellement une fois la Chine à l’OMC, attire toujours plus de candidats. Le dernier, la Banque des Communications a fait preuve de créativité pour contourner la loi. Forcée dès 1995 de se séparer de sa filiale China Pacific Insurance, la banque de Shanghai y retourne par le véhicule de sa (récente) filiale hongkongaise China Communication Insurance qui ouvrira « d’ici six mois, pour commencer » des bureaux de représentation à Canton et Shanghai. D’autres stratégies sont au banc d’essai: China Pacific et Ping‘ an (assurances) préparent leur introduction. en bourse nationale. ICBC (banque) signe (10/04) un accord avec AIG (assureur, présidé par le « vieil ami », Henry Kissinger). Quinze étrangers ont déjà une licence, et 100 autres, des bureaux -beaucoup d’appelés, peu d’élus.

· le 9 avril 2001, China Mobile (HK), n°1 du portable annonçait une hausse annuelle de ses profits de 276%, à 2,2MM$, pour 7,8MM$ de ventes. Une ascension vertigineuse attribuée à la croissance des abonnés (2,4M par mois, à 45M fin 2000), à une économie sur les investissements prévus (grâce à la chute de 30% du prix des équipements), et au rachat de sept réseaux provinciaux en novembre 2000. Ombres au tableau: le temps passé en ligne par l’abonné a baissé de 366 minutes en 1999 à 299 en 2000, et la part de marché de CM a reculé de 86% à 77% , au profit d’Unicom. Wang Xiaochu, Président de CM, espère introduire le groupe en bourse sur le marché « A ». « Peu probable à court terme » pense Anthony Neoh, gourou-conseiller de la CSRC, « il faudrait pour cela amender le règlement qui interdit la cotation chinoise aux « red chips » (filiales hongkongaises de groupes chinois cotés à Hong Kong).

NB: trop de groupes de télécommunication tentent l’aventure boursière dans le monde -émissions de titre pour 2001 = 110MM. Ce fait, et la performance médiocre d’Orange, filiale de France Telecom, ont incité CT à reporter sa tentative à septembre/octobre, et à tailler dans ses prétentions, de 8-10MM$ à 4-6MM$. Si d’ici là, son offre dépasse Unicom (5,6MM$ en 2000), elle crèvera le plafond d’Asie, hors Japon.


Politique : politique_15_2001

· à cette époque de tempêtes de sable (dont l’une, le 8 avril 2001, a plongé Jinchang, Gansu dans une nuit de poussière avec vision à 0 mètre) et de candidature olympique de Pékin, les services de protection de la nature broient du noir, et montent en puissance. Le 02/04, les Parcs et Forêts avertissaient: 10% de la flore, 20% de la faune sont menacés. Le 05/04, le Bureau de l’Environnement admettait: 30% du territoire est balayé de pluies acides, 50% des rivières autour des villes sont gravement polluées, et la détérioration de l’écosystème n’est pas enrayée. Vert d’ordinaire, le Sichuan endure la plus grave sécheresse depuis 30 ans. Le niveau de son réservoir de Ertan, n’est que 8 mètres au-dessus de la limite de génération d’électricité: si la pluie n’arrive pas, les centrales à charbon de Chengdu, sa capitale, devront reprendre du collier -la propreté de l’air dût elle en souffrir. Voilà pourquoi Pékin, en prévision du rendez-vous (espéré) avec le monde sportif en 2008, veut dépenser 84MM$ sur des projets « verts » d’ici 2005 et pourquoi la Chine, productrice de 14% des émissions de CO² au monde (deuxième derrière les US) vient de réaffirmer son respect du Protocole de Kyoto, qui prévoit la réduction de telles émissions.

· chaque année voit en Chine son lot de globe trotteurs à pied, en jogging ou à vélo. L’aventure choisie par Christophe Peres, consultant en marketing à Shanghai, se distingue en ceci, qu’il la met au service d’une cause altruiste. Son projet Yangqi (des prénoms de ses deux fils): relier à vélo, à partir du 25 avril 2001, Kashgar (Xinjiang) à Pékin par une boucle de 12.200 kilomètres le long de l’Himalaya, du Sud et de la Côte. Sponsorisée par des groupes étrangers et chinois et des particuliers, suivi (probablement) à chaque étape par Orient TV (Shanghai), l’expédition financera (à 60.000Y par cas) «quelques dizaines» d’opérations sur des enfants souffrant de malformations cardiaques. Peres et sa logistique assument  par eux-mêmes tous leurs frais, ce qui leur permet de garantir un transfert à 100% des crédits des sponsors vers la cause soutenue, le Shanghai Children Medical Center, du projet caritatif chinois HOPE, seul en Chine capable d’assurer ce type d’intervention. L’exercice fera l’objet d’un audit.

NB: une firme française, Bongrain-Tianjin a déjà donné 150.000Y. Voir le site bilingue www.yangqichina.com.


A la loupe : ‘la tempête de printemps’ veut balayer la drogue

Au Guangdong du 24 mars au 1er avril 2001, la campagne antidrogue,  chun lei (« tonnerre printanier ») a vu l’arrestation de 1072 suspects et la saisie de 300kg d’ice (métamphétamine), 10kg d’héroïne et des volumes d’ecstasy et de cannabis.

Les saisies d’ice et d’ecstasy au Guangdong auraient décuplé depuis 1998. Croissance qui  illustre les progrès de la police mais aussi ceux de la pénétration des stupéfiants en Chine.

681.000 toxicomanes furent identifiés en 1999, 31% de plus qu’en 1995, dont 85% ont moins de 35 ans. D’autres experts (DEA) évaluent la clientèle à 12M. Hier confiné au Yunnan et au Xinjiang -transit des narcotiques afghans et birmans, l’usage s’est propagé à tout le pays et prélève un lourd tribut: 72% des sidéens chinois auraient contracté le mal par le partage des seringues (jusqu’à 95% à Pingxiang, Guangxi). Les crimes liés à la drogue décrivent une courbe identique: 96.180 en 1999, +48,7%. Ils quittent les sphères de la mafia: dans une seule famille à Chongqing, en juin 2000, furent exécutés ou condamnés à de lourdes peines, la grand-mère, le père et l’oncle, laissant une fillette (née) toxicomane, à la garde d’une mère accro.

La Chine se bat face à la résurgence du phénomène. Les patrouilles sont doublées aux frontières. Des centaines de trafiquants sont publiquement exécutés chaque année (même pour 50g d’héroïne). Les campagnes se succèdent dans les écoles, les villes-pilotes, par le biais d’organisations telles les Jeunesses communistes. Mais le phénomène gagne avec la paupérisation des provinces sinistrées (Liaoning), enclavées (Qinghai) ou déshéritées (Guangxi). Il se greffe aux progrès de la mafia (1M de gangsters) et au recul du contrôle des masses: à Shanghai, les ados dans les boites branchées, ne peuvent  passer leurs nuits sans  yaotouwan, « pilule qui fait tourner la tête »- l’ecstasy!

 


Joint-venture : AstraZeneca place en banque… génétique

· n°1 mondial des industries biochimiques, AstraZeneca veut faire de la recherche sur le patrimoine génétique chinois. En Chine (Shanghai) depuis avril 1999 avec sa JV d’herbicide, le groupe anglo-suédois vient de s’allier avec l’Université Jiaotong (Shanghai) à la tête d’une des plus grosses banques au monde d’échantillons DNA de maladies mentales. Détenteur d’un traitement mondial de la schizophrénie (Seroquel en vente en Chine d’ici décembre 2001) AZ cherchera cette fois une solution génétique à la schizophrénie, qui touche 1% de la pop. mondiale (12,5M en Chine). Le Suisse Laroche a découvert en 2000 un gène lié à la schizophrénie, en travaillant sur l’héritage génétique du peuple islandais, resté très stable depuis 1000 ans. Or la Chine, elle aussi détentrice d’ethnies vivant depuis toujours en circuit fermé, émerge comme partenaire incontournable de la recherche génomique.

· bonne nouvelle pour le Parc Industriel de Suzhou, en mal d’investissements (cf. VdlC n°11/VI): après l’usine de composants d’électronique optique à Waigaoqiao (Shanghai), et le sponsoring de l’équipe nationale de foot, Philips poursuit sa pénétration du marché chinois en installant dans le PIS une usine et un centre de tests pour circuits intégrés, au coût d’1MM$. Le centre en 2 phases (2002, 2006), s’étendra sur 100.000m2 et produira 750M de puces par an, avec ses 3500 employés.

 


Temps fort : A la conquête de L’ELDORADO

Du 5 au 17 avril 2001, Jiang Zemin était en Amérique Latine avec plusieurs ministres (Qian Qichen, Zeng Peiyan, Shi Guangsheng, Vice-premier, Plan, Affaires Etrangères). Visite stratégique: le 18/04 se tient à Genève un vote sur les Droits de l’Homme en Chine. Dès l’étape chilienne (06/04), Jiang annonçait son ambition d’« établir un nouvel ordre international » fondé sur la coopération Sud/Sud – entre Tiers Monde!

La mission a aussi un objectif commercial, attesté par la présence de 110 patrons. Pékin poursuit sa percée hors de ses marchés américains et européens: l’Amérique Latine est prometteuse, partant d’un volume d’échanges en 2000 modeste mais en hausse (12,6MM$, +50%) et en demande de rééquilibrage de ses exportations, hors US et UE: le Mercosur (Chili, Argentine, Uruguay et Brésil), ne parvient pas à boucler un traité commercial avec l’Union Européenne (problèmes agricoles), et la visite une semaine plus tôt de Lionel Jospin (Brésil/Argentine) n’a rien débloqué. En Uruguay (10/04), Jiang a discuté achats lainiers (dont la Chine est premier client), soja, viande, bois et riz, créations d’usines et investissements sur le port de Montevideo. Après l’étape Argentine, Jiang s’est rendu au Brésil – premier partenaire commercial de la Chine en Amérique du Sud et allié précieux: demandeur d’un siège permanent au Conseil de Sécurité (qu’il obtiendra entre autres, grâce à la Chine)  et base de résistance à l’attraction américaine. Jiang terminera son tour par les étapes les plus aisées –Cuba et Venezuela, alliés idéologiques. A Pékin en oct. 1999, le Président Chavez avait déclamé son aversion du « gendarme universel » américain. NB: la Chine a toujours tenté de créer des alliances en Amérique Latine, zone d’influence des Etats-Unis, où ils ne suscitent pas toujours la plus grande sympathie. A présent la saturation des échanges mondiaux rend possible un redéploiement commercial. La sensibilité anti-hégémonique commune favorise le rapprochement. La fermeté pékinoise dans l’affaire de l’EP3 aura renforcé le charisme de l’Empire du Milieu dans le Cône sud.


Petit Peuple : Histoire porcine sans queue ni tête

· le cheptel chinois est indemne du syndrome de la vache folle, mais voit se profiler d’autres maux insolites. Un matin de janvier à Ninghe (Tianjin), dans un tintamarre d’enfer de grognements, le fermier Liu dut se rendre à l’évidence: 48 de ses 120 porcins avaient perdu la queue. Depuis une semaine et demie, en effet, les verrats passaient le meilleur de leur temps à se regarder en chiens de faïence, profitant de la moindre inattention pour tenter l’ablation mutuelle de l’orifice caudal. Ayant eu vent par la presse des maladies bizarres affectant le bétail en Europe, Liu fit venir le vétérinaire, qui incrimina la farine alimentaire d’une JV de Tianjin, dont M. Liu avait fait venir 440kg dix jours avant. L’éleveur porta donc sa doléance auprès de la JV, qui ne voulut rien savoir. Il fallut rien moins que l’intervention de l’Association locale des Consommateurs, pour que la JV admette que son aliment  posait problème, et lui verse 6500Y de compensation. Pour se tirer de cette histoire sans queue ni tête, le fermier Liu prépare un boniment aux abattoirs, permettant d’éviter à ses bêtes équeutées le précédent mondial infamant de porcs fous. Quant aux animaux, qui redoutaient déjà d’engraisser, ils dépriment, et en sont à  wei shou wei wei – « craindre pour la tête, craindre pour la queue » : ils ne savent plus à quel arrhât (saint bouddhiste) se vouer, désormais !


Rendez-vous : World Economic Forum à Pékin

·16-19 avril, Pékin: Expo Moteur Electrique et Protection de l’Environnement

·17-19, Pékin: World Economic Forum "L’Economie Chinoise dans une nouvelle ère"

·19-21, Canton: Salon Tissus/Habillement

·21-23, Xiamen: Salon Electronique