« Pour raisons humanitaires, l’équipage américain est autorisé à quitter la Chine »: l’annonce tomba (11 avril 2001) après 11 jours de crise, alors que s’arrêtaient les recherches du pilote disparu Wang Wei (devenu héros national) et qu’une conférence de presse tentait de rassurer une opinion choquée: l’entente sino-américaine retrouvée, ne s’était pas faite au détriment de l’honneur de la nation!
Pour obtenir l’élargissement de l’équipage, C. Powell a dû réitérer son profond chagrin.
Pékin exigeait des excuses au nom du droit, puisque l’avion américain espionnait la Chine – un média US croit savoir qu’il observait les préparatifs d’un test nucléaire. L’ultime concession de Powell (présenter ses regrets pour le fait que l’avion se soit posé sans permis à Hainan) a scellé le deal. Les 24 soldats ont quitté l’île la nuit-même à bord d’un charter, de Guam vers Hawaii -ils étaient parmi les leurs pour Pâques.
Sur le fond, George Bush a tenu bon : ni excuses-acceptation de responsabilité pour l’accident, ni accord pour renoncer à ce type d’observation aérienne. Une Commission mixte en place depuis 1998 se réunira le 18/04 et s’annonce houleuse puisque l’équipage relâché dénonce impéritie et manoeuvre dangereuse du pilote chinois. Au mieux, la rencontre s’efforcera de fixer des règles de modus vivendi en cas de crise future.
Pékin a traduit les regrets comme shenbiaoqianyi (« excuses profondes »), et garde l’avion jusqu’à nouvel ordre. De toute manière, les camions visibles par satellite à ses côtés, ne laissent aucun doute que sous l’angle du secret défense, il n’y a plus rien à perdre.
Concernant les dégâts bilatéraux, C. Powell les estime minimes. Mais c’est à l’usage, que se verra si cet accord comporte des clauses secrètes. Reste à savoir enfin si les deux bords, après la tempête, pourront retourner au « business as usual ».
L’entrée à l’OMC, disent les experts, n’apparaît plus pour cette année. Une lourde incertitude dans les relations sino-us, repose sur les épaules de Bush : fin du mois, il doit décider de livrer ou non des croiseurs Aegis à Taiwan – le Congrès le réclame. S’il décidait de le faire, un équilibre diplomatique, à Pékin, basculerait!
Sommaire N° 15