Y a-t-il eu un "effet Belgrade" au Plenum du Parti Communiste Chinois (PCC), tenu (9-11/10) dans un hôtel de la capitale? En tout cas, la réunion dans une ambiance secrète, débouche sur un communiqué sec et sans surprise. Les 350 membres et suppléants ont adopté tambour battant le 10ème Plan (2001-2005).
Le message est clair : le Parti fait confiance à la croissance de son "économie socialiste de marché", pour se donner les moyens de régler « tous les problèmes » : message très semblable à ceux proférés tous les cinq ans depuis 20 ans. Avec un petit "plus" conceptuel, qui consiste cette fois à garantir que le secteur privé, surtout high tech, sera "soutenu, encouragé et guidé".
Le Parti met la priorité (rien de neuf) sur l’accélération des politiques préparant l’entrée à l’OMC : soutien à la production rurale, mise en place de la sécurité sociale, assainissement des Entreprise d’Etat, déjà allégées de la moitié de leurs mauvaises dettes, qui seraient officiellement " profitables " dès fin 2000. La croissance, durant ce 10ème Plan, progresserait à 7,5%/an et réaliserait d’ici 2010, le doublement du PIB, à 2000MM$!
Comme le VDLC l’avait annoncé (cf n°28/V), le principe d’une réforme politique réapparaît, après 10 ans de blocage. Dans son document, le PCC affirme vouloir "faire du processus de décision une chose scientifique et démocratique, et élargir la participation dans l’ordre du citoyen à la politique ".
Mais le contenu concret de cette "démocratie socialiste" reste absent. Le pouvoir pense évidemment au renfort de la loi (à la formation, au recrutement de centaines de milliers de juristes et magistrats), aux élections de quartier dans les villes… L’objectif non dit, pourrait être de céder toujours plus de parts de l’économie d’Etat au secteur privé (lui-même fraîchement issu du même moule politique,et des franges les plus dynamiques de la société), pour laisser ce lobby imposer progressivement une véritable réforme politique – sans douleur, puisque les mêmes milieux auront conservé le pouvoir.
Le thème de la corruption aurait pu tenir un rôle majeur – vu le nombre et la force explosive des « affaires » et leur impact négatif sur la rue. Le pouvoir a fait l’impasse sur ce débat gênant. Seul un membre du Comité Central, Xu Penghang (60 ans), ex vice Ministre des Sciences et Technologies, est démis de ses mandats… pour deux ans.
Dans ces conditions confinées, on s’étonne d’avoir senti un air de fronde à travers ce Plenum, qui a osé rejeter, comme plein membre du Politbureau, la nomination de Zeng Qinghong, le nouveau bras droit du Président. Trois hommes hors de l’entourage de Jiang, ont eu droit à cette promotion : Yue Haiyan, Huang Zhiquan et Wang Zengfu.
Cet incident est intéressant à double titre. Il s’est trouvé, au Plenum, une minorité spontanée (venue de " différents milieux", des provinces, et du sommet), pour bloquer une proposition du Président – lequel a su, de bonne grâce, se plier à la règle du consensus.
D’autre part, Hu Jintao, vice-Président et dauphin historique, demeure chef de file des leaders de la nouvelle génération – non par la volonté de Jiang, mais par celle de la majorité!
Ce refus au Président n’est pas le premier : l’an dernier, le projet avait flotté, puis disparu, de désigner Jiang, à l’issue de son mandat de Premier Secrétaire en 2002, Président du Parti, position que seul Mao avait occupé. Indice que les 18 mois restants avant la succession de Jiang, ne seront pas si lisses!
Sommaire N° 33