Samedi 20 à Taiwan, sera le jour du serment de Chen Shui-bian, élu Président en mars, ex-Président du parti autonomiste Democratic Progressive Party (DPP). Depuis, Chen a agi avec doigté, désignant un gouvernement de cohabitation entre le pouvoir sortant, Kuo Min Tang (KMT) et le sang neuf du DPP. Cocktail destiné à accélérer une nécessaire convalescence, sur les deux rivages, après ce résultat que nul n’attendait.
Ainsi le 1er Ministre n’est autre que l’ex-patron de la Défense. Ainsi le Secrétaire Général de la Straight Exchange Foundation, structure de dialogue avec la Chine, reste le KMT Shi Hwei-yow, assez sûr de lui pour réitérer l’invitation à son alter ego Wang Daohan : choses qui rassurent. Aucune décision brutale ne sera prise – pour le moment – par « A-bian » (l’affectueux sobriquet du jeune Président).
En face, le pouvoir apparaît encore sonné. Slogans et séminaires anti-indépendance (tel celui de Xiamen, 8/5), avec leurs arguments inchangés depuis le scrutin, semblent être là pour gagner du temps dans l’attente d’une meilleure intelligence des événements. Ainsi pour Pékin, 39,3% des voix à Chen Shui-bian, signifieraient 60,7% hostiles au séparatisme… Par contre, on parle de remettre bientôt la vapeur sur l’île, par des exercices militaires (25 mai?), dans l’espoir d’assécher les investissements étrangers à Taiwan et de contraindre l’île au retour à la mère patrie.
Enfin, Jiang croit que le dossier taiwanais doit rester aux mains des « vétérans »: pour rassurer la vieille garde (Liu Huaqing, Zhang Zhen), et pour justifier son propre maintien aux affaires, après l’issue de son mandat présidentiel en 2003. Jiang pourrait alors conserver (jusqu’en 2007) ses casquettes de patron de l’Armée Populaire de Libération et du Parti Communiste Chinois. En tout état de cause, il garderait le « vrai » pouvoir, par la fidélité des jeunes loups par lui nommés (Hu Jintao, Li Changchun, Wen Jia bao), et par sa chasse gardée sur le crucial dossier taiwanais – sa légitimité!
Sommaire N° 16