Argent : L’ivresse de pub d’un bouilleur de cru

• Moody (Service «investisseurs») publie une évaluation de plus, sur la banque chinoise, qui ne la fera pas sourire: «la Chine populaire a depuis longtemps, sous la plupart des critères, le système bancaire le plus faible des grands pays d’Asie», et les 17 agences étudiées, obtiennent un rating digne de l’Inde ou de la Russie.

Deux problèmes: un manque de supervision et de régulation par la Banque centrale (BPdC), un contrôle faible par les maisons mères, de leurs branches régionales – le véritable pouvoir, étant aux politiciens locaux.

D’où une «incohérence de stratégies pour résoudre le problème de la dette des banques publiques».

Le seul recours pour les désendetter, l’emprunt, serait inacceptable pour l’État, vu la masse monétaire impliquée. Il ne reste qu’une voie, prophétisée par Moody: la fermeture massive des agences les plus endettées à un coût financier très lourd pour le pays.

• Les 5 fonds mutuels (sélections d’actions et obligations) actuels, passeront à 10 avant fin 1998. Chaque fonds étant calibré à un volume de 2MMY.

Les groupes parents de ces fonds sont partiellement connus: Everbright-Securities, Haitong, Shenyin & Wanguo, J&A, Guangdong Guanfa, et un groupe financier régional.

• le VDLC (n°22) avait évoqué le projet, à Shanghai, de baisser le prix (par enchères) des plaques automobiles: il vient de passer de 120000Y à 20000Y -mais seulement pour les voitures made in Shanghai, autrement dit Volkswagen (cette taxe, unique à Shanghai, devrait encore baisser à 10000Y, mais les milieux spécialisés pékinois voient venir une taxe similaire, d’un même montant à Pékin dans les mois prochains).

Voici un cas précis de barrières protectionnistes régionales, très vivantes quoique peu publiées dans la presse.

• Haier, n°1 de l’électroménager, fait une belle saison.

Présent dans 9000 points de vente au monde, la firme de Qingdao vient, de janvier à mai, de quintupler ses exportations d’air conditionnés, surtout vers la France (BHV, Conforama, Tati), avec 1,5M d’appareils. En 1997, Haier avait exporté pour 1,3MMUSD.

• Comme Shanghai vient de le faire pour un Musée des Sciences et Techniques et un budget comparable (3MMY), Pékin s’offre un théâtre national digne d’elle: avec opéra (2700 places), music-hall (2000pl), Grand théâtre (1200pl.) et théâtre de poche (3 à 500 places).

Les candidats au design avaient jusqu’à dimanche. Une dizaine de pays ont remis des projets.

• Presse spécialisée et Banque centrale (BPdC) le suggèrent – jusqu’au tiers des 400 agences de courtage en bourse (compagnies d’investissement) risquent la fermeture: trop petites, et récession est mère de défiance.

• Mairie de Canton (90%) et CNPC (10%) s’étaient offert une usine d’éthylène toute neuve, pour 8MMY.

Ouverte en août 1997, elle a fermé en novembre, et n’a pas rouvert depuis. Raisons:

1. mini-capacité de 150000t/an, non rentable (le seuil de profit est de 300000t),

2. un endettement a priori de 90% des actifs (envers les fournisseurs d’équipements, de matières 1ères, et les impôts);

3. pour compléter ce chef d’oeuvre de planification déficiente, la presse relève aussi un «mirage» sur le prix de marché -l’éthylène, à 10000Y/t lors de la conception de l’usine (en période de pénurie), et de 5000Y/t lors de son ouverture (après l’ouverture d’une série de concurrents, mieux préparés).

• Sous la férule pékinoise qui a retenu ce secteur comme modèle de restructuration des Entreprises d’Etat, les «canuts» chinois ont perdu 400 000 emplois, au 1er semestre.

Malgré cela, et la destruction de 2,8 navettes, les pertes du secteur textile n’ont été réduites que de 4% (100MY, face à un objectif de 3MMY pour 1998).

La raison: avec la concurrence asiatique, de pays aux monnaies rabotées, les prix ont baissé de 10 à 20% -ycompris sur le marché intérieur chinois.

• La publicité TV, en Chine, n’est pas toujours la panacée: Qinchi, bouilleur d’alcool du Shandong, l’apprend aujourd’hui à ses dépends.

En 1995, elle avait payé 8MUSD aux enchères, pour le meilleur temps d’antenne -et avait ensuite quintuplé son chiffre de ventes. En 1997, rebelote: Qinchi paie 39MUSD pour le même service. Mais depuis, rien ne va plus: alors que la firme doit payer sa note, plus celle des chaînes de production dans lesquelles elle a investi, les ventes se brisent: attraction du vin, surtout rouge, et obéissance du public aux consignes de l’Etat, de boire des mixtures faibles en alcool et à bas coût en grain!

 

 

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