Le Vent de la Chine Numéro 26

du 12 juillet au 29 août 1998

Editorial : Janvier – Juillet 1998 : la grande mutation

Janvier-Juillet: que de changements et d’événements -pas tous prévus au programme:

1. L’intronisation de Zhu Rongji, 1erMinistre (6 mois après celle de Jiang Zemin, Président);

2. L’effondrement de la Bourse, des monnaies, voire de régimes du Sud Est asiatique;

3. La visite de Bill Clinton (occasion de curieuses «semailles» d’une réforme politique, par hôte interposé);

4. Enfin, une crue du réseau fluvial-lacustre, comme on n’en avait pas vu en ce pays depuis 42 ans, laissant un sillage de ruines et de morts.

La crise asiatique n’a pas laissé la Chine indemne, loin de là.

Plusieurs chiffres révèlent l’ampleur de la récession – telle l’érosion des prix de détail, moins 3% sur 6 mois.

Aujourd’hui, la Chine a tardivement investi dans sa relance, puisant dans ses caisses (hausse programmée de 15% des investissements publics en grands travaux), et encourageant l’accès au logis privé, pour atteindre 8% de hausse du PNB (fin juin, on en est à 7,3%).

Les incidences politiques de ces choix, sont claires.

On ne crée pas impunément une classe de 50M de propriétaires – petits-bourgeois, tout en maintenant un style de pouvoir socialiste conçu pour des paysans aux pieds nus – la demande en réforme politique ira s’accélérant.

Dernier constat : en Chine de 1998, l’heure, (la rue) n’est plus à la dissidence, phénomène d’intellectuels, classe affaiblie. Si l’instabilité devait s’installer, elle le ferait sur fond de crise, et de l’explosion des 20M de chômeurs urbains que le pays comptera l’an prochain. D’où l’importance, pour Zhu Rongji, de réussir son second semestre à la barre.


A la loupe : Jeunesse studieuse : l’heure fatidique

Pour les  xiao huangdi (petits empereurs), c’était le grand RV, semaine dernière, rêvé et honni: le concours national d’entrée aux 1020 universités. 3,2M de candidats (dont 2/3 de garçons), pour 1,08M places.

Côté logistique, quelle histoire! Le set unique de sujets, fut convoyé parfois à dos de cheval, tandis que les candidats étaient acheminés par bateau, dans les régions inondées. A Shanghai, des papas offraient au rejeton deux nuits d’hôtel, investissement avisé. Dans les milliers de centres d’examen, la chaleur insoutenable de l’été n’a pas favorisé la concentration.

Pour la session 1999, du fait des nouvelles con signes pour l’emploi (garder la jeunesse aux études le plus longtemps possible), on attend 5M de candidats: ce sera l’explosion.

Mais au fait, par rapport à l’Europe, où les taux de réussite au bac au sont de l’ordre des ¾, et aux besoins insatisfaits de l’économie en cadres qualifiés, ce passage en fac d’1/3 seulement des candidats, fait un peu gâchis.

La seule solution pour l’Etat, consiste en une vaste réforme : vers des études privilégiant plus la réflexion sur la mémoire, donnant chance égale aux deux sexes, payant dignement les enseignants, multipliant les universités – investissant dans l’éducation.

Pour la première fois depuis Deng Xiaoping. Jiang Zemin en parle, allusivement -en attendant de trouver l’argent!


Joint-venture : 1er arrêt anti-dumping chinois

• Le Bureau Anti-Dumping de la Commission de l’Economie et du Commerce prépare le premier arrêt anti-dumping de son histoire, au titre de la loi adoptée en mars dernier.

Dans le collimateur: les importations de presses rotatives, surtout du Canada, de Corée et des USA: accusées d’avoir fait chuter, par des prix de 30% inférieurs à l’offre interne, la production nationale de 20% en 1997.

Spécialement visé: le Canada, dont les exports ont monté de 750% en 1996 (sur 12 mois), puis de 54% en 1997, tandis que ses prix baissaient de 15% en moyenne. Les accusés ont 37 jours pour répondre. L’ambassade du Canada a «l’impression» (sic) que la procédure chinoise a été correctement menée.

• JV signée entre CIBA (le chimiste suisse) et un institut de Xiangtan (Hunan), pour une usine de pigments et teintures.

Coût: 7,5MUSD. 49% des parts pour CIBA, qui signe ainsi sa 2 ième JV chinoise (l’autre, de pesticide, à Qingdao).

• La croissance des exportations atteignait en 1997 les 20%, puis 12,8% le 1er trimestre, 8,6% de janvier à mai et 7,6% pour le 1er semestre.

Pour tenter d’inverser cette spirale descendante, le régime recourt à un nouveau «gadget» cette semaine: un site internet, pour l’export, intitulé: China Market, doté de «galeries virtuelles» (exposant de tout, de l’acier tréfilé au tapis de soie) et de «salons privés» discrétion assurée, affirme le site.

• AVIC, le consortium aérospatial chinois, s’énerve par voie de presse contre Airbus, son partenaire dans le projet «avion de 100 places».

Airbus n’a pas rendu le 30 juin, comme attendu, un rapport sur la viabilité du projet tel que négocié de 1996 à janvier 1998, rejeté alors par DASA et British Aerospace. Ce que l’on chercherait en ce moment: les conditions d’un enterrement du projet, honorable pour les deux parties. De ce contrat raté (pour cause de trop grand écart technologique entre les partenaires), pourrait émerger un nouveau projet plus réaliste: telle une coopération «ATR» (turbopropulseurs), avec le groupe A.I.R. (=Aérospatiale française + Aer-Italia).

• Générale des Eaux-Marubeni vient de remporter -sans surprise- le 1er contrat d’assainissement des eaux usées d’un quartier de Chengdu (Sichuan), en BOT. Construction d’une usine de 400000m3, d’une canalisation de 27 km, et d’une licence d’exploitation de 18 ans (construction comprise).

 


A la loupe : Inondations inouïes

Les crues, cette année, sont signées el Niño: suite au printemps trop doux, les neiges du toit du monde ont fondu en mars, et une mousson a suivi, 2 mois à l’avance.

Intérieur, Côte et Sud sont frappés par les eaux – Jiangxi, Fujian, Guangdong, Henan, Hunan, Anhui …

La situation la plus grave, est sur le bas-cours du Yangtzé, avec 350 M de riverains. A Jiujiang (Jiangxi), le fleuve dépassait samedi 44m de hauteur de digue, menaçant 4,4 M d’âmes, 82 usines, 110000 hectares de terre, des lignes de chemin de fer.

Trois millions de paires de bras sont depuis une semaine réquisitionnées dans la province, maniant pelles, canots et sacs de sable, renforçant digues et entrées d’immeubles. Même tableau à Chongqing (eau = 1m au-dessus de la cote d’alerte), et dans les villes sur les 2000 km de cours entre les deux.

L’APL n’est pas loin, 100000 hommes, plus les milices, distribuant vivres, couvertures, vêtements secs aux sinistrés, qu’elle évacue (1M dans le Jiangxi, 1/4M au Guangdong)…

Bilan provisoire: déjà 800 morts (plus qu’en 1997), des centaines de milliers de têtes de bétail noyées, autant de foyers détruits, des MMUSD de perte.

Et ce n’est qu’un début: les plus fortes pluies restent à venir, d’ici fin juillet. Le Nord à son tour risque d’être frappé. Des M d’hommes restent en alerte, pour défendre les métropoles.

Le problème de fond: comme chaque année, le manque de moyens de prévention, et le poids d’erreurs d’il y a 10 ans. Pour s’enrichir, comme à la ville, les villages ont coupé les arbres des digues, vendu le bois et cultivé les sommets -ce qui ne marche, que les bonnes années


Argent : L’ivresse de pub d’un bouilleur de cru

• Moody (Service «investisseurs») publie une évaluation de plus, sur la banque chinoise, qui ne la fera pas sourire: «la Chine populaire a depuis longtemps, sous la plupart des critères, le système bancaire le plus faible des grands pays d’Asie», et les 17 agences étudiées, obtiennent un rating digne de l’Inde ou de la Russie.

Deux problèmes: un manque de supervision et de régulation par la Banque centrale (BPdC), un contrôle faible par les maisons mères, de leurs branches régionales – le véritable pouvoir, étant aux politiciens locaux.

D’où une «incohérence de stratégies pour résoudre le problème de la dette des banques publiques».

Le seul recours pour les désendetter, l’emprunt, serait inacceptable pour l’État, vu la masse monétaire impliquée. Il ne reste qu’une voie, prophétisée par Moody: la fermeture massive des agences les plus endettées à un coût financier très lourd pour le pays.

• Les 5 fonds mutuels (sélections d’actions et obligations) actuels, passeront à 10 avant fin 1998. Chaque fonds étant calibré à un volume de 2MMY.

Les groupes parents de ces fonds sont partiellement connus: Everbright-Securities, Haitong, Shenyin & Wanguo, J&A, Guangdong Guanfa, et un groupe financier régional.

• le VDLC (n°22) avait évoqué le projet, à Shanghai, de baisser le prix (par enchères) des plaques automobiles: il vient de passer de 120000Y à 20000Y -mais seulement pour les voitures made in Shanghai, autrement dit Volkswagen (cette taxe, unique à Shanghai, devrait encore baisser à 10000Y, mais les milieux spécialisés pékinois voient venir une taxe similaire, d’un même montant à Pékin dans les mois prochains).

Voici un cas précis de barrières protectionnistes régionales, très vivantes quoique peu publiées dans la presse.

• Haier, n°1 de l’électroménager, fait une belle saison.

Présent dans 9000 points de vente au monde, la firme de Qingdao vient, de janvier à mai, de quintupler ses exportations d’air conditionnés, surtout vers la France (BHV, Conforama, Tati), avec 1,5M d’appareils. En 1997, Haier avait exporté pour 1,3MMUSD.

• Comme Shanghai vient de le faire pour un Musée des Sciences et Techniques et un budget comparable (3MMY), Pékin s’offre un théâtre national digne d’elle: avec opéra (2700 places), music-hall (2000pl), Grand théâtre (1200pl.) et théâtre de poche (3 à 500 places).

Les candidats au design avaient jusqu’à dimanche. Une dizaine de pays ont remis des projets.

• Presse spécialisée et Banque centrale (BPdC) le suggèrent – jusqu’au tiers des 400 agences de courtage en bourse (compagnies d’investissement) risquent la fermeture: trop petites, et récession est mère de défiance.

• Mairie de Canton (90%) et CNPC (10%) s’étaient offert une usine d’éthylène toute neuve, pour 8MMY.

Ouverte en août 1997, elle a fermé en novembre, et n’a pas rouvert depuis. Raisons:

1. mini-capacité de 150000t/an, non rentable (le seuil de profit est de 300000t),

2. un endettement a priori de 90% des actifs (envers les fournisseurs d’équipements, de matières 1ères, et les impôts);

3. pour compléter ce chef d’oeuvre de planification déficiente, la presse relève aussi un «mirage» sur le prix de marché -l’éthylène, à 10000Y/t lors de la conception de l’usine (en période de pénurie), et de 5000Y/t lors de son ouverture (après l’ouverture d’une série de concurrents, mieux préparés).

• Sous la férule pékinoise qui a retenu ce secteur comme modèle de restructuration des Entreprises d’Etat, les «canuts» chinois ont perdu 400 000 emplois, au 1er semestre.

Malgré cela, et la destruction de 2,8 navettes, les pertes du secteur textile n’ont été réduites que de 4% (100MY, face à un objectif de 3MMY pour 1998).

La raison: avec la concurrence asiatique, de pays aux monnaies rabotées, les prix ont baissé de 10 à 20% -ycompris sur le marché intérieur chinois.

• La publicité TV, en Chine, n’est pas toujours la panacée: Qinchi, bouilleur d’alcool du Shandong, l’apprend aujourd’hui à ses dépends.

En 1995, elle avait payé 8MUSD aux enchères, pour le meilleur temps d’antenne -et avait ensuite quintuplé son chiffre de ventes. En 1997, rebelote: Qinchi paie 39MUSD pour le même service. Mais depuis, rien ne va plus: alors que la firme doit payer sa note, plus celle des chaînes de production dans lesquelles elle a investi, les ventes se brisent: attraction du vin, surtout rouge, et obéissance du public aux consignes de l’Etat, de boire des mixtures faibles en alcool et à bas coût en grain!

 

 


Pol : quis custodiat ipsos custodes?

• Le conclave politique annuel de Beidaihe se prépare, pour la mi-août, comme de coutume – rencontre hors des yeux du monde des 50 à 60 premiers personnages du pays, où se prennent les décisions politiques des 12 mois qui suivent. Un conclave, cette fois, à tonalité économique:

Zhu Rongjiveut forcer ministères et provinces à boire sa potion amère – qu’ils refusent jusqu’à présent: à se séparer de leur personnel, jusqu’à concurrence de 50%. Pas de problèmes de nominations cette fois-ci -tous les opposants à Jiang Zemin sont déjà hors-course.

• Deux épines apparaissent, à la rose des bons rapports sino-américains scellés les deux Présidents à Pékin: le Congrès veut corriger, par une résolution, les «sérieuses fautes» de Bill Clinton à propos de Taiwan (son alignement sur la position chinoise). Et un dissident prétend être associé aux débats sur les droits de l’homme entre ONG sino-US: estimant son organisation, plus représentative que les officielles.

• Vient d’être frappé, à Macao, de toute la rigueur du bras de la justice-et-du-droit-poursuivant-le-crime, le gangster Wan Kuok-koi, (alias «Koi-dent cassée»), patron de la triade «K 14», qui terrorisait l’enclave depuis des mois, assassinant les fonctionnaires qui faisaient ombre à ses louches affaires, faisant chanter les autorités, brûlant voitures et magasins à la nuit tombée: il en a pris pour 9 mois de prison, pas un de moins, avec sursis pour 3 ans.

Châtiment très lourd, par rapport à l’unique chef d’accusation retenu: avoir bravé l’interdit (fruit d’une condamnation antérieure) d’entrer dans les salons de jeux macanais. Et comme si cette punition ne suffisait pas, il a aussi reçu une amende assassine, de celles dont personne ne se relève: de 50000 patacas (environ 30000FF)!

NB: Koi est donc de nouveau en liberté, fêté par ses centaines de mauvais garçons. La justice macanaise ne se souciant apparemment guère, de risquer sa vie pour faire régner l’ordre sur un territoire qui revient à la Chine dans 18 mois.

• 3700 bureaux de procureurs et anti-corruption à travers le pays, vont être passés au peigne fin d’une «police des polices», qui inspecteront leurs 20 000 chefs de service: 1ère enquête d’une telle ampleur, dit Li Tieying, le vice-ministre responsable, et qui montre le sérieux de l’Etat, à extirper les brebis galeuses. Mais vu le délai très court dont disposera cette force (jusqu’à fin septembre) pour étoffer ses dossiers, et surtout la masse des pouvoirs concentrés au niveau régional/local, peu d’experts parient sur la réussite de cette mission honnête, mais peu réaliste.

• Un des sites que ces limiers pourraient utilement épingler, est la Cour d’arbitrage international de Heihe (Heilongjiang): instance à 100% illégale, qui a déjà émis une trentaine de verdicts «fantaisistes» et «aux plus offrants», dénonce le Quotidien du Droit -organe peu suspect d’accusations à la légère-, qui précise que cette Cour continue à exister, par prétextes dilatoires, en dépit d’injonctions répétées de la justice centrale. Originalité de cette instance locale: ses juges sont les titulaires du Tribunal public de Heihe, ayant trouvé ainsi un job à mi-temps pour suppléer à leur maigres prébendes. Ce qui est, à tout prendre, une jurisprudence tirée par la perruque du concept de travail au noir.

• Zhu Shengwen, ex-vice-maire de Harbin, de 1992 à 1996, a été condamné à la prison à vie, et vient d’être exclu du Parti pour «fautes économiques graves». Il se plaint de tortures auprès d’Amnesty International. L’Etat, lui, lui reproche d’avoir empoché 1MY.

En 1995, la presse périodique de Hong Kong produisait une autre histoire: à Harbin, aurait sévi alors une branche locale de la  (zhu lian bang, «Union du bambou»), puissante triade taiwanaise prospérant dans toutes sortes d’activités interlopes.

Un responsable national du PCC, de passage à Harbin, avait pris ombrage de s’être vu recevoir moins bien, à l’aéroport, que le chef de clan. Ayant voulu le faire appréhender, ce mafieux l’avait su, et avait tenté, de nuit, de rayer de la surface du monde, (à la roquette) la résidence du dignitaire, sauvé in extremis par les forces de sécurité. Suite à quoi le chef de gang avait été appréhendé (après une bataille rangée entre Police Armée et malandrins), et exécuté à Pékin, après un an d’atermoiements (d’interventions en sa faveur de personnalités diverses).

Ce feuilleton rocambolesque, s’il est conforme aux faits, devrait être en rapport avec les ennuis de m. Zhu Shengwen – dans le sillage de qui 300 autres personnes ont été déférées devant la justice, dont 21 condamnées.

 

 

 


Temps fort : Un chancre social : le harcèlement sexuel

Janvier-Juillet: que de changements et d’événements -pas tous prévus au programme:

1. L’intronisation de Zhu Rongji, 1erMinistre (6 mois après celle de Jiang Zemin, Président);

2. L’effondrement de la Bourse, des monnaies, voire de régimes du Sud Est asiatique;

3. La visite de Bill Clinton (occasion de curieuses «semailles» d’une réforme politique, par hôte interposé);

4. Enfin, une crue du réseau fluvial-lacustre, comme on n’en avait pas vu en ce pays depuis 42 ans, laissant un sillage de ruines et de morts.

La crise asiatique n’a pas laissé la Chine indemne, loin de là.

Plusieurs chiffres révèlent l’ampleur de la récession – telle l’érosion des prix de détail, moins 3% sur 6 mois.

Aujourd’hui, la Chine a tardivement investi dans sa relance, puisant dans ses caisses (hausse programmée de 15% des investissements publics en grands travaux), et encourageant l’accès au logis privé, pour atteindre 8% de hausse du PNB (fin juin, on en est à 7,3%).

Les incidences politiques de ces choix, sont claires.

On ne crée pas impunément une classe de 50M de propriétaires – petits-bourgeois, tout en maintenant un style de pouvoir socialiste conçu pour des paysans aux pieds nus – la demande en réforme politique ira s’accélérant.

Dernier constat : en Chine de 1998, l’heure, (la rue) n’est plus à la dissidence, phénomène d’intellectuels, classe affaiblie. Si l’instabilité devait s’installer, elle le ferait sur fond de crise, et de l’explosion des 20M de chômeurs urbains que le pays comptera l’an prochain. D’où l’importance, pour Zhu Rongji, de réussir son second semestre à la barre.


Petit Peuple : Un naufrage compensatoire

• Les enfants, comme les jeunes femmes, se kidnappent et se vendent toujours bien: une opération policière sur 5 provinces de la côte, a permis de retrouver 23 chiens perdus sans colliers,( tous des garçons, dont on avait tiré 7 à 13000Y par tête), et 13 ravisseurs. Les enquêteurs auraient droit à un plus grand bravo encore, s’ils avaient abouti plus vite -certains gosses avaient été enlevés à 3 ou 4 ans, 10 ans plus tôt.

• les paysans de Taiwan ressemblent plus à ceux de Bretagne, qu’à ceux de Chine : 1500 d’entre eux viennent de déverser par sacs de 50 kg des noix de bétel, devant l’entrée du tout puissant groupe Formosa Plastics.

Raison: son Président, Wang Yun-ching, subventionne la campagne anti-bétel du ministère de la Santé.

Macérée et enveloppée dans une feuille avec un rien de chaux vive (excellent pour déchausser les gencives), cette noix mâchée, des heures durant, est populaire dans l’île -où elle fait vivre, selon le lobby des bételiers, 30 000 familles.

• Vu son prix, elle ne sera pas pour le petit peuple, cette série de représentations de l’opéra «Turandot» de Puccini à la Cité Interdite, du 8 au 13 septembre. Tout ce que le monde des arts, de plus célèbre au monde a été recruté:

des cantatrices comme Barbara Hendricks, Zubin Mehta au pupitre de l’orchestre de l’Opéra de Florence, le cinéaste Zhang Yimou à la mise en scène, un ingénieur du son de l’opéra de Vienne avec ses merveilleuses machines, 1000 danseurs et choristes… Le prix des places sera de 200 à 1000 yuans pour Chinois impécunieux (2 représentations spéciales), de 150 à 1200USD pour étranger – ce dernier prix, donnant droit à un dîner en tenue de soirée, où l’on pourra côtoyer, voire parler à l’une ou l’autre de ces braises du feu du grand monde.

• Largement relatée dans la presse chinoise des mois derniers, l’odyssée du Jiangya, paquebot disparu en décembre ’48 au large de Shanghai, est plus intéressante pour sa valeur symbolique que pour les faits historiques décrits. Par la manière dont elle est contée par nos collègues chinois, elle apparaît comme un remake, peaufiné jusque dans les plus menus détails, du naufrage du Titanic. Non point de la «vraie» tragédie de la nuit d’hiver 1912, mais du film de Hollywood, qui continue à connaître, ici, un succès considérable -même Jiang Zemin s’est acquitté d’un hommage public à son endroit.

On y retrouve les mêmes personnages (l’apprenti ayant attendu jusqu’au dernier coup de sirène pour pouvoir acheter son billet de 4ème pont, l’héroïne sauvée au dernier moment par un autre bateau, le héros se sacrifiant pour sauver sa bien aimée), les mêmes scènes (le repas somptueux avec les officiers, que l’on oppose à l’humble souper des prolétaires, bol de riz et radis fermenté; la mer constellée de bagages et de moribonds geignants).

On pourrait reprocher à ses auteurs, d’avoir un rien forcé cette assimilation entre deux drames aux différences évidentes: il ne s’agissait pas d’une «croisière», mais d’une fuite de gens tentant de quitter Shanghai devant l’avancée de l’APL. Et le «paquebot de luxe» était un caboteur à vocation fluviale -non dessiné pour la haute mer. Mais qu’importe: la valeur onirique du rapprochement est importante, permettant de démontrer que la Chine, comme l’Occident, a eu son «Titanic». La presse démontre même comment le naufrage chinois a battu son modèle, sous deux chapitres: le nombre de morts (2400, soit quelques centaines de plus que le «steamer» britannique), et le fait pour la Chine d’avoir renfloué, réparé son «Jiangya» en 1956, et de l’avoir fait remonter jusqu’à Wuhan, où il poursuit une vaillante carrière de club des marins d’eau douce – chose que même l’Occident, avec son titan marin, n’avait pas su faire.


Rendez-vous : Conférence internationale des Joint-Ventures

• 13 juillet, Pékin : visite Yasser Arafat

• 16-17 juillet, Pékin : 10. Conf. sino-étrangère sur les projets de JV (200 firmes chinoises présentes).

• 15-21 juillet : Foire de Dalian (Liaoning)

• 21-27 août : Foire de Changchun (Jilin)

•8 août, Pudong : inauguration du Shanghai World Financial Center, 88 étages, 420,5 mètres, le plus haut édifice de Chine.

• 3-19 août, Chine : «les foulées de la soie»: 200 km de marche et course sur route, de la route du Karakorum au pont de Marco Polo à Pékin, 600 coureurs dont 130 européens.