Blog : Hong Kong Sevens, l’ovalie en ombre chinoise

Hong Kong Sevens, l’ovalie en ombre chinoise

Cette année, le Hong Kong Sevens, le rendez-vous mondial du rugby à sept fêtait ses 40 ans. Ce fut un feu d’artifice de ce sport, méconnu en Europe, qui ne jure que par l’ovalie à 15. Magie propre de ce sport, et carnaval ou bal costumé, les deux aspects furent également prisés, offrant une fête d’une très rare intensité. 

Dans le rugby à sept, l’équipe est bien sûr réduite de moitié. Mais l’intérêt du spectacle est double, car les mi-temps sont extrêmement courtes (deux fois sept minutes, séparées par deux minutes de récupération – temps porté à 10 minutes pour la finale). Ceci permet aux équipes de se donner à fond, pour un jeu bien plus brillant et rapide. La limitation du nombre des joueurs fait que les essais pleuvent, et les retournements de situation fréquents. On joue beaucoup à la main, peu d’essais sont marqués au pied, en drop goal. C’est le plus beau rugby. Et une heure, se déroulent trois matches, six équipes du monde entier, aux jeux entièrement différents. Quant au décorum… C’est le sacre du printemps, l’explosion de l’amusement et de la fête, et la moitié des spectateurs sont costumés. 

NonnesLe costume « must » absolu, le plus fréquent était évidemment la tenue de rugby de telle grande équipe, agrémentée du logo du tournoi et d’un numéro de position dans l’équipe – toujours le même. Les Nefertiti abondent, mais aussi les Gretchen à fausses tresses blondes en longues robes à fleurs et amples chemises blanches, avec leurs compagnons joyeux tyroliens en culottes de peau à bretelles. Les uniformes de fantaisie avoisinent les bonnes sœurs en cornettes avec leurs grands crucifix de plastique. D’autres être bizarres sont déguisés en cubes, ou en postes de TV. D’autres en squelettes, ou en écorchés, ou bien en commandant de bord obèse. La palme de l’étrange, et de la perfection dans le détail, revient assurément au groupe de quatre cosmonautes, avec leurs casques étanches. 

Les happenings abondèrent, comme l’intrusion de cet éphèbe en maillot de bain, entre deux matches, qui s’introduisit sur le terrain – chose rigoureusement interdite- et zigzagua une minute, ballon en main poursuivi par les gardes, avant de se faire maîtriser et expulser du terrain sous les ovations des quelques 40.000 spectateurs. La sonorisation du stade domine tout l’événement, et seul le rugissement du public, à tout moment lors d’un placage audacieux ou d’une traversée solitaire d’un ailier ayant réussi à éviter quelques tentatives de placage, parvient à dépasser en puissance le timbre du commentateur, des percussions et des guitares. 
Il faut bien l’admettre : année après année, au Hong Kong Sevens, l’ hémisphère Sud mène la danse. Angleterre, Ecosse, Galles et France finissent écrasés sous le choc des puissances ovaliennes du sud de la planète. Et parmi elles, les « grands » traditionnels que sont l’Afrique du Sud, et l’Australie finissent par s’incliner devant les petites nations que sont Samoa, Tonga, la Papouasie-nouvelle Guinée ou Fidji, vainqueur du tournoi cette année, devant la Nouvelle Zélande, la gagnante de l’édition 2014. A quoi est ce du ? Il faut dire que le gabarit de ces hommes du Sd est très impressionnant, chaque membre de l’équipe pesant allègrement ses 100 kg de muscles d’acier. Une fois lancés à travers le stade, il faut deux ou trois adversaires, et très courageux, pour les plaquer au sol, condition nécessaire pour leur faire lâcher la balle selon la règle…

Une découverte fort plaisante durant ce week-end mondial du ballon olive (comme l’appellent les Chinois) : nombre de nations peu connues dans le monde du Rugby avaient envoyé leurs équipes, qui jouèrent vaillamment. Parmi celles-ci l’Espagne, le Portugal, la Russie, la Belgique, la Corée du Sud et les Etats-Unis, qui parvinrent à tenir en échec l’Angleterre, l’inventrice du sport et qui lui donna son nom. Manquaient curieusement l’Italie (pourtant une grande nation de ce sport), et surtout la Chine, qui avait pourtant déjà participé par le passé. 

Match Equipe Fidji NzParmi les spectateurs sans billets, figuraient de petits oiseaux de proie qui planaient indéfiniment, surfant sur l’ascendante au dessus du stade, concentrée par les para-soleils géants au dessus des travées Est et Ouest. Les oiseaux parois tanguaient un peu sur leur trajectoire : c’est que ce courant d’air chaud, provenait de l’haleine concentrée et combinée de 40.000 spectateurs, lesquels se désalteraient en permanence avec de grands verres de bière ou de « pimm’s », boisson nationale d’Angleterre à base de rhum ou de gin, enivrant ainsi par rebond les petits éperviers ! 

Dernière remarque, le « Hong Kong Sevens » comptait son aristocratie, et ses classes sociales. La meilleure travée, celle Ouest, était celle la plus protégée du soleil l’après-midi, temps fort du tournoi. Au 4ème étage, se trouvait l’aile « Executive », celle des banques ou des grandes firmes d’industrie ou de services sponsors, qui y recevaient leurs invités et clients, dans un banquet permanent de hanaps de cervoise et de petits fours. La travée Est par contre, prenant tout le soleil, faisait nettement plus démocratique, petite bourgeoise. Et dans les virages, la classe prolétaire était représentée par les jeunes de 20 à 30 ans,et  hors du stade, sans billets, réfugiés dans une zone dite « Fun-area ». une foule de aficionados profitait du fond sonore du stade tout voisin, de l’image par un écran géant, et buvait également, et pas moins que les autres…

Match Fidji NzDes deux bords, la population était ethniquement fort diversifiée – mais nullement représentative de la sociologie réelle de Hong Kong. On voyait peut-être un asiatique pour un occidental, et la langue anglaise était ultra dominante, quoique d’autres nations telle la France, ait été très fortement représentée – jamais la dernière pour se retrouver dans les lieux où l’on s’amuse. 
Le final vaut la peine d’être rapporté et de rester dans les mémoires des participants. Après l’éblouissant match Fidji-Nouvelle Zélande, les joueurs se congratulaient sur le gazon, échangeaient les maillots, tandis que la sono entonnait l’hymne du tournoi, « we are the world », repris par la totalité des spectateurs sous le soleil au zénith : un événement à vivre à tout prix – à condition bien sûr d’obtenir des billets, ce qui semble toujours plus problématique  Depuis 3 ans apparemment, le quota de places en vente sur internet ne s’octroie plus que par loterie, tant l’événement est populaire et demandé, dépassant les disponibilités – Rendez-vous l’année prochaine, dernier week-end de mars 2016 ! 

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