Politique : Le « blues » de la parade

Aucun doute, la parade militaire du 3 septembre sera fastueuse, 12.000 hommes et femmes en uniformes de l’APL, 17 contingents étrangers, pour fêter la fin de la seconde guerre mondiale

<p>Ce sera aussi l’occasion d’un déploiement inédit qui dévoilera 500 armements : missiles tels le DF41 (inter-continental multi-ogives), le DF21 « tueur de porte-avions » (15.000 km/h), 200 avions tels le chasseur J15, hélicoptères (Z19), tanks, drones (cf photo), radars, canons…

Pékin sera groggy pour l’occasion : grandes artères, aéroports, stations de métro fermées, fenêtres condamnées sur le parcours, trafic auto divisé par deux par circulation alternée pair/impair, livraisons seulement de minuit à six heures du matin…
Dans sept provinces voisines, 10.000 usines, 40.000 chantiers seront ralentis et/ou fermés pour économiser 40% de pollution. Les Pékinois voient leurs habitudes chamboulées et gouaillent, appelant cela le « blues de la parade ». 

Cette fête est dédiée à la paix. Cependant, elle célèbre aussi le souvenir de la « guerre de résistance, de l’agression japonaise et de la guerre mondiale antifasciste », ce qui lui donne une connotation négative, aux antipodes de la réconciliation entre Européens dès les années ‘50.
Comme les Etats-Unis, les pays d’Europe se trouvent également gênés par la formidable machine de guerre brandie le 3 septembre sans complexe par le régime socialiste. Pour cette raison, Europe, Japon, et USA ont renoncé à une présence au sommet – sauf le Président hongrois. 
Italie et France seront représentées par leur ministre des Affaires étrangères. Pour Laurent Fabius, il s’agit d’assurer le soutien chinois au plan climatique «  COP 21 », fin novembre à Paris, sous présidence française. Néanmoins, la Chine attend 39 chefs d’Etat, parmi lesquels Vladimir Poutine, les leaders d’Asie Centrale, d’Afrique, d’Amérique Latine – « les vrais amis », selon la presse locale. 

Sur le succès de la parade hors frontière, Pékin ne se fait pas d’illusion. Cette démonstration de force et ce rappel à une invasion nippone non pardonnée après 70 ans, ne peuvent plaire à l’Ouest. « Mais de toute façon, assure ce diplomate, la parade est à usage national ». Peut-être pour oublier la crise, et donner des gages à l’armée, afin d’obtenir son soutien face à une réforme qu’elle n’aime guère.

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