Editorial : La diplomatie chinoise, tous azimuts

A travers l’Asie, la diplomatie chinoise ne s’endort jamais. Cette semaine, un regard sur quatre pays et quatre débats, parfois tendus ! 
Japon et Corée du Sud : A Séoul (21-23 mars), les ministres des Affaires étrangères des trois pays se retrouvaient en « trilatérale ». L’importance de ce meeting tenait à sa rareté : depuis 2011, les diplomates de ces plus influents pays d’Asie ne se voyaient plus, à trois. La Chine était la plus demandeuse, notamment pour discuter des différents projets de zones de libre échange, entre eux, avec l’ ASEAN, avec les pays riverains de l’Océan Pacifique… Un sujet urgent était l’ AIIB (cf p3), le projet dernier né chinois, de banque régionale d’investissement. Au nom du « bon voisinage commercial », la Corée du Sud était quasi-prête à y adhérer– se désolidarisant ainsi des Etats-Unis qui demandaient de boycotter. Restait pour Pékin à convaincre Tokyo – moyennant quelques gestes de confiance, tel par exemple une invitation du Japon à sa fête le 3 septembre, de commémoration de la Seconde guerre mondiale. Mais l’affaire est compliquée : le Japon est l’héritier du régime fasciste du Mikado d’avant-guerre, qui a lancé et perdu la guerre à travers l’Asie, jamais oubliée en Chine (ni en Corée). Pourtant cette parade, bien préparée, pourrait être une occasion de réconciliation…Dès le 19/03, des ministres chinois et japonais s’étaient rencontrés pour convenir ensemble de mesures préventives de conflits autour de l’archipel Diaoyu/Senkaku. Après plus d’un an de silence, le dialogue était rouvert ! 

Birmanie : le 13 mars, une bombe larguée par un bombardier birman tua 5 civils chinois au Yunnan.
Suite à cela, la Chine réagit par plusieurs protestations (Général Fan Changlong, vice-ministre des Affaires étrangères Liu Zhenmin), et dépêcha sur place ses patrouilles aériennes.
Mais Pékin chercha surtout à étouffer l’affaire. La bombe birmane, évidente erreur de pilotage, explosait au milieu d’une guerre civile où la junte birmane reprend le contrôle de son territoire, face à une minorité Kokang-chinoise, longtemps armée par l’APL, par solidarité ethnique.
Or, parmi les 14 généraux de l’APL actuellement accusés de corruption, l’un d’eux l’est, pour avoir armé les Kokang en 2009. 1er pays investisseur étranger en Birmanie, la Chine fait face à une désaffection face à la population et à la classe politique. Aussi, face à cet incident, elle doit « marcher sur des œufs ».

Sri Lanka : en février, le nouveau gouvernement de l’île a gelé les chantiers chinois du port et de l’aéroport de Colombo, visant des investissements lourds (1,4 milliard de $).
Ces derniers jours, un débat surgit au sein de l’opinion sri-lankaise autour d’une question sans doute absurde, mais dangereuse : après les travaux, du fait de la prise de participation de l’investisseur chinois, l’espace aérien demeurera-t-il sous contrôle national ? Le nouveau leader M. Sirisena promet de vérifier ce point.
A ce qui semble, par cette objection, le nouveau pouvoir pourrait bien tenter d’annuler la session temporaire ou définitive à la Chine, de 108ha de terrain de la capitale, à regagner sur la mer. D’autre part, la marine chinoise paie sans doute le fait d’avoir fait mouiller deux sous-marins en 2014 à Colombo, suscitant une tension inutile en Inde voisine, et la méfiance au sein du nouveau gouvernement…

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